L’art de raconter des histoires : le viol des femmes sabines Automatique traduire
Selon la croyance populaire, il n’existe que sept types d’intrigues dans la narration. Il n’est donc pas surprenant que les artistes s’inspirent du même récit. Cela s’applique certainement au récit «L’Enlèvement des Sabines», peint par Nicolas Poussin et Pierre Paul Rubens en 1635.
Nicolas Poussin (1594-1665) était un représentant du baroque français classique, un style beaucoup plus classique et sobre, basé sur des proportions rationnelles et influencé par l’art de la Renaissance. En revanche, l’art baroque du reste de l’Europe transmettait des émotions, utilisait des formes voluptueuses, de forts contrastes de lumière et d’obscurité et une composition dynamique. Le peintre flamand Pierre Paul Rubens (1577-1640) était certainement un maître dans ce style.
L’histoire de l’enlèvement forcé des femmes sabines par le roi romain Romulus fascine les artistes depuis des siècles. À travers ces deux œuvres, nous pouvons voir comment se transmet la passion du XVIIe siècle pour le conte. Les deux artistes racontent l’histoire à partir du moment où Romulus donne l’ordre d’enlever les femmes rassemblées à Rome pour la fête. Cependant, malgré la similitude du moment représenté, nous remarquons immédiatement de nettes différences entre eux.
Premièrement, dans l’œuvre de Poussin, il utilise le premier plan pour montrer l’enlèvement lui-même. La scène peut paraître chaotique, avec des corps dans des poses variées, mais en y regardant de plus près, elle est en réalité bien organisée. Chaque personnage joue son rôle, les poses sont «majestueuses», avec la proportion «idéale» du soldat à moitié nu au premier plan de la toile. Cette évocation de figures classiques romaines nous relie directement au fond, qui représente des bâtiments et des colonnes de style roman.
Bien que la composition puisse donner au tableau un aspect statique, comme en témoigne l’absence de coups de pinceau de Poussin créant une surface lisse et contrôlée, une impression de mouvement est créée par la disposition des personnages. Nous voyons le roi Romulus debout en haut à gauche, vêtu de la robe rouge d’un chef, comme s’il dirigeait la scène. Plusieurs personnages ont les mains levées, toutes dirigées vers le centre de la composition. De cette façon, nous devenons plus conscients de leur lutte à mesure que notre regard est attiré vers le centre de la toile.
Ce style linéaire diffère du style de Rubens dans la mesure où il utilise les plans différemment pour montrer davantage l’histoire que Poussin. Rubens joue avec l’idée d’une scène dans la scène, utilisant l’arrière-plan pour montrer les conséquences de l’enlèvement alors que les deux tribus s’affrontent. La composition se caractérise par la symétrie, malgré le chaos. Les quatre figures centrales attirent notre attention et lorsque nous regardons dehors, nous remarquons que les colonnes divisent le tableau de manière égale. Le cadre architectural n’a pas de caractère nettement roman et les costumes et tenues des femmes sont plus flamands que classiques, rappelant le XVIIe siècle.
On peut se demander si Rubens ne cherchait pas à utiliser ce sujet à des fins symboliques. Ici Romulus est caché dans l’ombre, tandis que Poussin l’a placé sur une estrade surélevée. Par la suite, Rubens crée une scène plus sinistre, surtout si l’on fait attention à l’état de déshabillage dans lequel il représente ses Sabines. De plus, sa palette est plus sourde que celle de Poussin.
Malgré toutes les différences dans le style de peinture, il est clair que les deux artistes cherchaient des moyens de raconter une histoire dans leur propre style, en brisant les conventions et en se créant une réputation.