De mystérieux artefacts anciens :
vérité ou faux ?
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Le monde de l’archéologie regorge de découvertes étonnantes qui suscitent de vifs débats au sein de la communauté scientifique. Des étranges dispositifs mécaniques aux écrits mystérieux, certains artefacts sont si inhabituels qu’ils remettent en question notre compréhension des capacités technologiques des civilisations anciennes. Certains chercheurs les considèrent comme d’authentiques preuves de cultures anciennes très avancées, tandis que d’autres les voient comme des contrefaçons astucieuses ou le résultat d’interprétations erronées. Les méthodes de recherche modernes contribuent à révéler la vérité, mais de nombreux artefacts restent au cœur du débat scientifique.
Artefacts technologiques
mécanisme d’Anticythère
Le mécanisme d’Anticythère est l’un des dispositifs technologiques les plus étonnants du monde antique. Découvert en 1901 dans l’épave d’un navire coulé au large de l’île grecque d’Anticythère, ce mécanisme date d’environ 150-100 av. J.-C. et constitue le plus ancien dispositif informatique analogique connu.
L’objet est constitué d’engrenages en bronze placés dans un coffret en bois mesurant environ 34 cm × 18 cm × 9 cm. Le mécanisme, initialement découvert en une seule pièce, a ensuite été divisé en trois fragments principaux, eux-mêmes divisés en 82 fragments individuels après restauration. Le plus grand engrenage mesure environ 13 cm de diamètre et comptait à l’origine 223 dents.
Des recherches ont montré que l’appareil pouvait prédire la position des corps célestes, les éclipses et suivre un cycle de quatre ans d’événements sportifs comme les Jeux olympiques. Les experts soulignent que certaines mesures du mécanisme étaient inexactes ; par exemple, l’indicateur de Mars pouvait être décalé jusqu’à 38 degrés en certains points de son orbite. Ces inexactitudes ne sont pas dues à des défauts de conception, mais aux limites de la théorie astronomique de la Grèce antique.
Le professeur Michael Edmunds, de l’Université de Cardiff, qui a dirigé les recherches sur le mécanisme, a déclaré : «C’est un appareil extraordinaire, unique en son genre. Sa conception est superbe, les calculs astronomiques sont précis. La conception mécanique est tout simplement stupéfiante. Son concepteur l’a réalisé avec le plus grand soin.»
Le mécanisme d’Anticythère démontre un niveau de maîtrise technologique qui n’est apparu en Europe qu’au 14e siècle après J.-C., ce qui en fait un témoignage unique des réalisations scientifiques de la civilisation grecque antique.
Batterie de Bagdad
La Batterie de Bagdad est le nom donné à un ensemble d’artefacts découverts en 1936 près de la ville de Ctésiphon, dans l’actuel Irak. Cet ensemble se compose d’un récipient en argile d’environ 14 cm de haut, d’un cylindre en cuivre et d’une tige de fer. L’artefact date de la période parthe (150 av. J.-C. – 223 apr. J.-C.) ou sassanide (224 – 650 apr. J.-C.).
Wilhelm Koenig, ancien directeur du Musée national d’Irak, suggérait que ces objets auraient pu fonctionner comme une cellule galvanique primitive. Selon son hypothèse, si le récipient était rempli d’un liquide acide, comme du jus de raisin ou du vinaigre, on obtenait un dispositif capable de produire un faible courant électrique. Koenig pensait que de telles batteries auraient pu être utilisées pour déposer électrochimiquement de fines couches de métal ou à des fins médicales.
Cependant, la plupart des archéologues sont sceptiques quant à cette interprétation. Les critiques soulignent l’absence de fils conducteurs ou d’autres composants nécessaires à la captation de l’électricité, ainsi que l’absence d’objets électrodéposés datant de la période concernée. Une autre théorie, plus répandue, est que les récipients auraient pu servir à conserver des parchemins sacrés.
Malheureusement, l’artefact original a été perdu lors de l’invasion de l’Irak en 2003, rendant toute recherche plus difficile. Si les reconstructions modernes montrent qu’un tel dispositif pouvait théoriquement générer un faible courant électrique, l’absence de contexte archéologique attestant de l’utilisation pratique de l’électricité dans le monde antique laisse ouverte la question de la fonction de la batterie de Bagdad.
Lampe de Dendérah
Le temple de la déesse Hathor à Dendérah, en Égypte, abrite de mystérieux reliefs connus sous le nom de « lampe de Dendérah ». Ces images, situées dans les cryptes du temple, ont suscité de nombreux débats quant à leur interprétation.
Les reliefs représentent un serpent émergeant d’un lotus, enfermé dans un ovale soutenu par un pilier djed. D’après les textes hiéroglyphiques qui les entourent, ils représentent des statues associées au mythe égyptien de la création. Ils représentent notamment Harsomtus, parfois identifié au dieu Râ, sous la forme d’un serpent émergeant d’une fleur de lotus.
Dans les années 1980, une interprétation alternative de ces reliefs a émergé, proposée par des partisans de théories sur les technologies de pointe de l’Antiquité. Ils affirmaient que la forme ovale ressemblait à une ampoule à incandescence, que le serpent pourrait représenter un fil et que la colonne djed pourrait représenter une poignée isolée. Cette hypothèse suggère que les anciens Égyptiens connaissaient peut-être l’électricité.
Cependant, les égyptologues soulignent qu’une telle interprétation ignore le contexte culturel et religieux des images. Le texte cryptographique accompagnant les reliefs les décrit clairement comme faisant partie du symbolisme religieux. Le temple cryptographique était considéré comme un analogue de la Douat des Enfers, et les reliefs représentaient des statues de culte conservées sous terre comme les «corps» des dieux jusqu’à leur renaissance au contact de la lumière sur le toit du temple.
L’explication égyptologique traditionnelle des reliefs est fermement soutenue par la connaissance du symbolisme religieux et du langage égyptien, tandis que l’interprétation «technologique» est basée sur des similitudes visuelles superficielles sans tenir compte du contexte culturel.
Manuscrits mystérieux et documents cartographiques
Le manuscrit de Voynich
Le manuscrit Voynich, nommé d’après Wilfried Voynich, qui l’acquit au début du XXe siècle, est un manuscrit mystérieux écrit dans un alphabet et une langue inconnus. Le codex comprend environ 240 pages de parchemin ornées de nombreuses illustrations de plantes, d’objets astronomiques et de figures féminines nues.
La datation au radiocarbone réalisée par des chercheurs de l’Université d’Arizona en 2009 a déterminé que le parchemin avait été réalisé entre 1404 et 1438. L’analyse stylistique indique une possible origine de la Renaissance italienne pour le manuscrit.
Le texte manuscrit présente des caractéristiques inhabituelles : il ne présente ni erreurs ni corrections visibles, ce qui est inhabituel pour les manuscrits naturels de l’époque. La répartition des mots et des symboles présente des schémas statistiques similaires à ceux des langues naturelles, mais ne correspond à aucune langue ni à aucun chiffrement historique connu.
Le contenu du manuscrit est généralement divisé en six sections principales : herboristerie, astronomie, biologie, cosmologie, pharmacie et recettes. La section herboristerie occupe la majeure partie du livre et contient des images de plantes non identifiées accompagnées de textes. La section astronomie comprend des diagrammes circulaires avec les symboles des constellations et des signes du zodiaque. La section biologique représente des figures féminines nues se baignant dans d’étranges liquides reliés par des tuyaux.
Au fil des siècles d’existence du manuscrit, de nombreuses théories ont été avancées quant à son origine et à sa finalité, allant d’un authentique texte scientifique ou médical à un faux élaboré ou à un traité hérétique codé. Certains chercheurs suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un exemple de langage artificiel ou du résultat d’une glossolalie (écriture automatique).
Malgré de nombreuses tentatives pour le déchiffrer en utilisant à la fois des méthodes linguistiques traditionnelles et des algorithmes informatiques modernes, le texte du manuscrit de Voynich reste indéchiffré, continuant d’intriguer les scientifiques et les passionnés par son mystère.
Carte de Piri Reis
La carte de Piri Reis est un fragment d’une carte du monde dressée en 1513 par l’amiral et cartographe ottoman Piri Reis. Seul un tiers environ de la carte originale subsiste aujourd’hui et se trouve au palais de Topkapi à Istanbul. Après la conquête de l’Égypte en 1517, Piri Reis offrit la carte au sultan ottoman Sélim Ier, après quoi elle disparut des archives historiques jusqu’à sa redécouverte en 1929.
La carte est particulièrement précieuse car elle contient une copie partielle d’une carte aujourd’hui perdue de Christophe Colomb. Contrairement aux cartes européennes de l’époque, elle est réalisée dans le style d’un portulan avec des roses des vents et une grille de points de navigation au lieu de lignes de latitude et de longitude. Elle contient de nombreuses notes en turc ottoman.
La représentation de l’Amérique du Sud sur la carte est très précise pour l’époque. Cependant, la côte nord-ouest est un mélange d’éléments centraméricains et cubains, réunis en une seule masse continentale. Les scientifiques attribuent ce phénomène à la croyance erronée de Colomb selon laquelle il avait atteint l’Asie. La côte atlantique sud représente vraisemblablement l’hypothétique Terra Australis.
Cette carte a suscité de nombreuses interprétations controversées. Certains passionnés affirment qu’elle représente l’Antarctique sans couverture de glace, bien que le continent n’ait été officiellement découvert qu’en 1820. Ils suggèrent que la carte pourrait avoir été copiée à partir de sources plus anciennes, créées par une civilisation avancée inconnue. Cependant, les cartographes et historiens professionnels expliquent ces caractéristiques par les hypothèses de l’époque sur l’existence d’un continent austral et par une interprétation créative des données disponibles.
La carte de Piri Reis se distingue visuellement des portulans européens et est influencée par la tradition islamique des miniatures. Elle se distingue par l’inclusion de nombreuses sources non musulmanes dans la tradition cartographique islamique, témoignant ainsi des échanges culturels entre les mondes islamique et chrétien à l’époque des Grandes Découvertes.
Disque de Phaistos
Le disque de Phaistos est un objet archéologique unique découvert en 1908 par l’archéologue italien Luigi Pernier lors des fouilles du palais minoen de Phaistos, en Crète. Il s’agit d’une tablette d’argile ronde d’environ 16 cm de diamètre et de près de 2 cm d’épaisseur, recouverte sur ses deux faces d’une rangée de symboles en spirale.
Ce disque est unique en ce sens que ses 241 caractères, organisés en 61 groupes, ont été imprimés sur de l’argile tendre par pressage de tampons individuels avant cuisson. Il s’agit du plus ancien exemple connu d’utilisation d’une technologie d’impression unique à caractères mobiles, des milliers d’années avant l’invention de l’imprimerie par Gutenberg.
La datation du disque reste sujette à débat. Différents chercheurs l’attribuent à la période comprise entre 1850 et 1600 av. J.-C. (période minoenne moyenne) ou à une époque plus tardive (1400-1300 av. J.-C., période minoenne récente). Ces divergences s’expliquent par l’ambiguïté du contexte archéologique de la découverte.
La fonction et le contenu du disque demeurent également un mystère. Diverses hypothèses ont été avancées : texte religieux, prière, sort, document administratif, calendrier, voire plateau de jeu. Certains chercheurs doutaient de l’authenticité du disque, mais l’analyse moderne du matériau et de la technologie de fabrication confirme son origine ancienne.
Les nombreuses tentatives de déchiffrement des symboles du Disque de Phaistos n’ont pas abouti à des résultats généralement acceptés. La plupart des chercheurs pensent que les signes représentent une écriture syllabique, bien que des hypothèses aient été émises quant à la nature alphabétique ou logographique de l’écriture. La difficulté de déchiffrement est aggravée par le faible volume du texte (seulement environ 241 signes) et l’absence de parallèles fiables dans d’autres systèmes d’écriture connus de l’âge du Bronze.
Le disque de Phaistos reste l’un des artefacts les plus mystérieux de l’Antiquité, continuant d’attirer l’attention des scientifiques professionnels et des amateurs de mystères anciens avec sa technologie de fabrication inhabituelle et son message non déchiffré.
Rocher de Bath Creek
La pierre de Bath Creek est une petite tablette de pierre portant une inscription cryptique, découverte par John W. Emmert le 14 février 1889, lors des fouilles du tertre de Tipton, dans le comté de Loudoun, au Tennessee. Cette découverte s’inscrivait dans le cadre d’une vaste campagne archéologique menée par Cyrus Thomas pour déterminer l’auteur des nombreux tertres de l’est des États-Unis.
La pierre mesure 11,4 centimètres de long et 5,1 centimètres de large. Elle est gravée de huit symboles, dont sept sont alignés sur une seule ligne, le huitième étant sous l’inscription principale. La profondeur de gravure des symboles est d’environ 2 à 3 millimètres.
À la fin du XIXe siècle, lorsque la pierre fut découverte, Cyrus Thomas interpréta l’inscription comme des lettres de l’alphabet cherokee. Cette version fut longtemps considérée comme la plus acceptée jusqu’à ce que, environ un siècle plus tard, le chercheur Cyrus H. Gordon propose une théorie alternative. Il suggéra que les symboles représentent du paléo-hébreu du Ier ou du IIe siècle de notre ère, ce qui pourrait indiquer des contacts entre le Proche-Orient ancien et les Amériques avant Colomb.
L’hypothèse de Gordon a suscité un vif débat au sein de la communauté scientifique. Les archéologues Robert Mainforth et Mary Kwas ont mené une étude détaillée de la pierre et ont conclu qu’il s’agissait probablement d’un faux du XIXe siècle. Ils ont découvert que les symboles figurant sur la pierre pourraient avoir été copiés à partir de publications populaires de l’époque contenant des exemples d’alphabets anciens.
Selon leur analyse, le faux aurait été créé pour étayer une théorie populaire à l’époque selon laquelle les bâtisseurs du tumulus descendaient des «tribus perdues d’Israël». Cette théorie s’inscrivait dans les tendances religieuses et culturelles du XIXe siècle, époque à laquelle de nombreux Américains s’intéressaient à l’archéologie biblique et cherchaient des liens entre les Amérindiens et les anciens Israélites.
Bien que les véritables origines de la pierre de Bath Creek restent sujettes à débat, la plupart des archéologues modernes s’accordent à dire qu’elle n’est pas fiable en tant qu’artefact historique. Elle constitue néanmoins un exemple intéressant de la manière dont les découvertes archéologiques peuvent être interprétées à la lumière des croyances culturelles et religieuses de leur époque.
Artefacts 3D inhabituels
Crânes de cristal
Les crânes de cristal sont des sculptures en cristal de roche en forme de crânes humains, longtemps considérées comme des artefacts mésoaméricains précolombiens. Les exemples les plus connus sont conservés au British Museum de Londres, au musée de l’Orsay à Paris et dans des collections privées. Le plus célèbre est le « crâne de Mitchell-Hedges », prétendument découvert en 1924 dans l’ancienne cité maya de Lubaantun, au Honduras britannique (aujourd’hui Belize).
Le crâne de Mitchell-Hedges est constitué d’un seul morceau de quartz transparent, de la taille d’un petit crâne humain : environ 13 cm de haut, 18 cm de long et 13 cm de large. La mâchoire inférieure est séparée de la partie principale. De nombreuses légendes ont émergé autour de cet artefact : on lui attribue des propriétés paranormales, il serait vieux de plus de 12 000 ans et aurait été créé grâce à des technologies inaccessibles aux civilisations anciennes.
Au début des années 1970, le crâne fut examiné par le restaurateur Frank Dorland, qui affirma que l’artefact avait été sculpté sans tenir compte de l’axe cristallin naturel du quartz, ce qui est impossible avec des outils en métal. Le crâne fut ensuite étudié aux laboratoires Hewlett-Packard, où il fut déterminé qu’il était constitué d’un seul cristal de quartz, incluant une mâchoire inférieure séparée.
Cependant, la recherche scientifique moderne a réfuté les affirmations d’origine ancienne des crânes de cristal. En 2007-2008, Jane Maclaurin Walsh, de la Smithsonian Institution, a mené une analyse détaillée du crâne de Mitchell-Hedges à l’aide de rayons ultraviolets, d’un microscope optique à haute puissance et d’un scanner. Le microscope électronique à balayage a révélé la présence d’outils rotatifs à grande vitesse utilisant des abrasifs durs comme le diamant, une technologie inaccessible aux civilisations précolombiennes.
Des études portant sur tous les crânes de cristal connus, conservés au British Museum et ailleurs, ont montré qu’ils avaient été fabriqués en Europe, très probablement dans les ateliers d’Idar-Oberstein, ville allemande réputée au XIXe siècle pour son traitement du quartz brésilien. Le crâne de Mitchell-Hedges a probablement été réalisé dans les années 1930, d’après le modèle du crâne du British Museum.
Contrairement à la croyance populaire, les mythes et textes religieux mésoaméricains authentiques ne contiennent aucune référence à des crânes de cristal aux propriétés mystiques. Ces légendes sont apparues bien plus tard, dans le contexte des mouvements ésotériques et New Age du XXe siècle, et ont été popularisées dans la fiction et le cinéma.
Oiseau de Saqqarah
L’oiseau de Saqqarah est une maquette en bois de sycomore montée sur un bâton, découverte lors des fouilles de la tombe de Pa-di-Imena à Saqqarah, en Égypte, en 1898. L’objet date d’environ 200 av. J.-C. et est actuellement conservé au Musée égyptien du Caire. La maquette mesure 18 cm d’envergure et pèse environ 39 grammes.
La fonction de cet artefact fait encore l’objet de débats parmi les archéologues. L’hypothèse la plus probable est que l’oiseau de Saqqarah avait une signification religieuse ou cérémonielle. Le modèle a la forme d’un faucon, un oiseau souvent utilisé pour représenter d’importantes divinités égyptiennes telles qu’Horus et Rê Horakhty. Il est suggéré qu’il ait pu être placé sur le mât de bateaux sacrés utilisés lors de la fête religieuse d’Opet. Des reliefs représentant de tels bateaux ont été découverts dans le temple de Khonsou à Karnak et datent de la fin du Nouvel Empire.
D’autres explications possibles incluent l’utilisation comme jouet pour enfants pour l’élite ou comme simple girouette.
À la fin du XXe siècle, une interprétation alternative, beaucoup plus controversée, de l’oiseau de Saqqarah a émergé. Certains chercheurs, dont le médecin égyptien Khalil Messiha, ont suggéré que l’artefact pourrait être la maquette d’une ancienne machine volante. Les partisans de cette théorie invoquent la forme aérodynamique du modèle et ont expérimenté des copies, affirmant qu’avec l’ajout d’un stabilisateur de queue, il est capable de planer.
Cependant, les archéologues professionnels et les historiens de l’aviation rejettent cette interprétation. Richard P. Hallion note que le modèle original est « trop lourd et instable pour voler seul ». Les critiques soulignent également que les propriétés de vol plané des répliques modifiées, fabriquées à partir de matériaux modernes légers et dotées de stabilisateurs, ne prouvent pas que l’artefact original était conçu pour voler.
L’absence de toute référence à des machines volantes ou à des images de personnages volants dans les textes hiéroglyphiques égyptiens, malgré des témoignages détaillés sur la vie quotidienne et la technologie, plaide également contre l’hypothèse de l’«aviation». L’interprétation traditionnelle de l’oiseau de Saqqarah comme objet religieux reste la plus plausible au regard du contexte historique et culturel de l’Égypte ancienne.
Dodécaèdre romain
Les dodécaèdres romains sont des objets métalliques inhabituels, de forme régulière à douze côtés, découverts sur le territoire de l’ancien Empire romain. Au total, plus d’une centaine de ces objets ont été découverts, principalement sur les territoires de la France et de l’Allemagne actuelles, bien que des exemplaires isolés aient également été découverts en Hongrie et au Royaume-Uni.
Ces artefacts, en bronze ou en pierre, datent des IIe et IIIe siècles après J.-C. La taille des dodécaèdres varie de 4 à 11 centimètres. Chaque dodécaèdre possède 12 faces pentagonales plates percées de trous de diamètres différents au centre de chaque face. Les sommets sont souvent ornés de protubérances sphériques.
Ce qui rend ces objets particulièrement mystérieux est l’absence totale de toute mention dans les textes romains ou de représentations sur les fresques et mosaïques de l’époque. Aucun des artefacts découverts ne porte d’inscriptions permettant d’éclairer leur fonction.
Au fil des ans, de nombreuses hypothèses ont été émises quant aux utilisations possibles des dodécaèdres romains. Parmi les versions les plus populaires, on trouve leur utilisation comme chandeliers (de la cire a été retrouvée à l’intérieur d’un spécimen), comme dés, comme instruments de mesure des distances ou comme jauges pour vérifier la taille des pièces de monnaie ou des canalisations.
Certains chercheurs suggèrent que les dodécaèdres auraient pu servir d’instruments astronomiques pour déterminer les dates optimales des travaux agricoles, comme les semis des cultures d’hiver. D’autres pensent qu’ils auraient pu servir de base à des normes militaires ou être utilisés dans des rituels religieux. Cette dernière version est corroborée par le fait que la plupart des découvertes ont été faites dans des régions gallo-romaines, où les cultes celtiques locaux étaient préservés.
Malgré les hypothèses avancées, la fonction exacte des dodécaèdres romains demeure inconnue, ce qui en fait l’un des mystères archéologiques les plus fascinants de l’époque romaine. L’absence de traces écrites est particulièrement surprenante pour une civilisation qui a laissé des descriptions détaillées de la plupart des aspects de sa culture et de sa technologie.
Canulars et contrefaçons célèbres
L’homme de Piltdown
L’Homme de Piltdown est l’un des canulars scientifiques les plus célèbres du XXe siècle, déconcertant anthropologues et historiens de l’évolution humaine pendant des décennies. L’histoire débute en 1912, lorsque l’archéologue amateur Charles Dawson affirme avoir découvert des fragments de crâne et de mâchoire d’un ancêtre humain jusque-là inconnu dans une gravière près du village de Piltdown, dans l’East Sussex, en Angleterre.
Dawson présenta ses découvertes à Arthur Smith Woodward, conservateur de la géologie au British Museum of Natural History. Ensemble, ils poursuivirent les fouilles sur le site et découvrirent d’autres fragments de crâne, des dents et des outils primitifs. À partir de ces découvertes, un modèle du crâne de la créature fut reconstitué, baptisé Eoanthropus dawsoni (l’Homme de l’aube de Dawson).
L’Homme de Piltdown se distinguait par l’association d’une grande boîte crânienne de forme moderne et d’une mâchoire primitive, semblable à celle d’un singe. Cela correspondait à l’idée répandue à l’époque selon laquelle, au cours de l’évolution humaine, le cerveau avait grandi avant les mâchoires et les dents. Cette découverte flattait également la fierté nationale britannique, car elle suggérait que l’un des premiers ancêtres de l’homme avait vécu sur les îles britanniques.
Bien que certains scientifiques aient initialement mis en doute l’authenticité de la découverte, l’Homme de Piltdown a été largement accepté par la communauté scientifique. Ce n’est qu’en 1953, plus de 40 ans plus tard, qu’un groupe de chercheurs a finalement prouvé que le crâne était un faux. L’analyse a révélé que l’« artefact » était constitué de fragments d’un crâne humain moderne vieux de quelques centaines d’années à peine et d’une mâchoire d’orang-outan modifiée. Les dents avaient été limées artificiellement pour simuler l’usure humaine, et tous les fragments avaient été peints pour leur donner un aspect ancien.
Une importante enquête scientifique menée en 2016 a établi que le principal, voire l’unique, créateur de la contrefaçon était Charles Dawson lui-même. L’analyse a montré que tous les objets associés à l’Homme de Piltdown avaient été contrefaits à partir des mêmes matériaux que ceux qui auraient pu être trouvés en sa possession.
Le canular de Piltdown a eu un impact négatif considérable sur la paléoanthropologie, retardant de plusieurs décennies la reconnaissance d’ancêtres humains authentiques en Afrique. Parallèlement, sa révélation a conduit à un renforcement significatif des normes d’analyse et d’authentification des découvertes paléontologiques, favorisant ainsi le développement de méthodes scientifiques plus rigoureuses.
Géant de Cardiff
Le Géant de Cardiff est l’un des canulars archéologiques les plus célèbres de l’histoire américaine, qui a fait sensation en 1869. L’histoire a commencé lorsque des ouvriers creusant un puits dans la ferme de William «Stub» Newell près de Cardiff, dans l’État de New York, ont déterré ce qui semblait être un corps humain pétrifié de plus de trois mètres de haut.
La nouvelle de la découverte se répandit rapidement et des milliers de personnes affluèrent pour admirer le « géant de pierre ». Newell, ne laissant pas passer l’occasion de faire fortune, dressa une tente sur le site de fouilles et commença à demander 50 cents (une somme importante à l’époque) pour l’observer. Les visiteurs purent apercevoir l’imposante silhouette d’un homme allongé sur le dos, les genoux repliés sur la poitrine, l’air agonisant.
Beaucoup ont pris cette découverte pour les restes fossilisés d’un ancien géant, ce qui correspondrait à certaines croyances religieuses sur l’existence de géants dans le passé, mentionnées dans la Bible. Certains scientifiques, cependant, ont immédiatement exprimé leur scepticisme. Le paléontologue Othniel Charles Marsh, de l’Université Yale, après avoir examiné la découverte, a déclaré : «C’est une contrefaçon très grossière.»
La vérité éclata bientôt. Le Géant de Cardiff fut créé par le marchand de tabac new-yorkais George Hull, qui conçut ce canular après une dispute avec un pasteur méthodiste au sujet de l’interprétation littérale du verset biblique de la Genèse (6:4) mentionnant les géants. Hull, athée et sceptique, était déterminé à prouver combien il était facile de tromper ceux qui croyaient aveuglément à l’autorité des Écritures.
En 1868, Hull fit expédier à Chicago un bloc de gypse d’une tonne provenant d’une carrière de Fort Dodge, dans l’Iowa. Là, il engagea un sculpteur pour créer une figure du géant. La statue fut ensuite vieillie artificiellement à l’acide et à l’aide de divers outils de patine avant d’être secrètement enterrée dans la ferme de Newell, son cousin et complice du canular.
Malgré cette exposition, l’intérêt du public pour le géant ne faiblit pas. Le célèbre forain PT Barnum offrit 60 000 dollars pour l’acquérir, mais essuya un refus. Barnum créa alors sa propre réplique et l’exposa, affirmant que son géant était authentique et que l’original était un faux. C’est ainsi qu’est née la célèbre phrase « un nouveau pigeon naît chaque minute » (initialement attribuée à Barnum comme « un nouveau spectateur naît chaque minute »).
Le Géant de Cardiff est devenu le symbole du penchant américain pour le sensationnalisme et la mystification à une époque d’industrialisation rapide et de découvertes scientifiques. Il a également illustré la relation complexe entre science, religion et commerce dans la société américaine de l’époque.
Pierres d’Ica
Les pierres d’Ica sont un ensemble de pierres gravées qui auraient été découvertes au Pérou. Ces andésites ont suscité un vif intérêt pour leurs représentations de dinosaures et de procédures médicales complexes. Si elles étaient authentiques, elles contrediraient les croyances scientifiques modernes selon lesquelles les humains et les dinosaures auraient vécu à des époques différentes, séparées par des millions d’années.
Le vulgarisateur de ces artefacts fut le médecin péruvien Javier Cabrera Darquea, qui commença à collectionner ces pierres dans les années 1960. Selon lui, la collection comptait plus de 15 000 pièces. Cabrera affirmait que les pierres avaient été créées par une civilisation ancienne dotée de connaissances avancées en médecine, en astronomie et en paléontologie.
Afin d’établir l’authenticité de sa collection, Cabrera commanda une série d’études. En 1967, le géologue Eric Wolff examina plusieurs pierres et affirma que leur patine et leurs marques d’usure indiquaient leur ancienneté. Cependant, les résultats de ces études ne furent pas publiés dans des revues scientifiques reconnues et ne furent pas largement acceptés par la communauté scientifique.
La preuve décisive contre l’authenticité des pierres d’Ica fut la confession d’un agriculteur local, Basilio Uchuya, qui affirma en 1973 que lui et sa femme avaient créé ces pierres en copiant des images de magazines, de livres et d’objets exposés dans des musées, puis en les vieillissant artificiellement en les enterrant dans du fumier de poulet additionné de sable. Uchuya vendit les pierres à des touristes et à des collectionneurs, dont Cabrera.
Malgré cet aveu, Cabrera et ses partisans continuèrent d’insister sur l’authenticité de la collection, arguant qu’Uchuya avait menti sous la pression des autorités préoccupées par le commerce illégal d’artefacts. Ils soulignèrent la précision des détails anatomiques de certains dinosaures présents sur les rochers, qu’ils estimaient impossibles à reproduire par un agriculteur inculte.
Cependant, la communauté scientifique reste sceptique. L’absence de fouilles archéologiques contrôlées pour confirmer l’origine des pierres et les anachronismes présents dans les images (comme des caractéristiques de dinosaures révélées seulement au XXe siècle par des découvertes paléontologiques) plaident en faveur de leur authenticité. De plus, nombre de ces images de créatures et de scènes fantastiques reflètent des conceptions modernes des civilisations anciennes plutôt qu’une véritable connaissance historique.
Actuellement, la plupart des archéologues et des historiens considèrent les pierres d’Ica comme des faux modernes créés pour le marché touristique et les collectionneurs intéressés par le paranormal et les théories alternatives de l’histoire.
Pierres tombantes
L’histoire des pierres Dropa est l’un des canulars les plus célèbres de l’ufologie et de l’archéologie alternative. Elle raconte l’arrivée d’une race extraterrestre humanoïde sur Terre il y a environ 12 000 ans, dans la région des monts Bayan-Khara-Ula, à la frontière entre la Chine et le Tibet. Selon la légende, en 1938, une expédition chinoise dirigée par l’archéologue Chi Pu Tei aurait découvert dans des grottes 716 tombes contenant les restes de petites créatures (environ 1,38 m) à la tête imposante et au corps mince, ainsi que 716 disques de pierre d’environ 30 cm de diamètre, percés d’un trou central et de rainures en spirale contenant des hiéroglyphes microscopiques. Ces disques auraient raconté le crash du vaisseau spatial de la race Dropa, ses tentatives de survie et ses interactions avec les habitants locaux.
Cependant, l’histoire est considérée comme une fiction car :
- Il n’existe aucune preuve physique de l’existence des disques, des squelettes ou de l’expédition.
- Les noms de savants tels que Chi Pu Tei et Tsum Um Nui (qui auraient déchiffré les hiéroglyphes) ne correspondent pas à l’onomastique chinoise et ne sont pas mentionnés dans des sources fiables.
- Les photographies des disques prises par l’ingénieur autrichien Ernst Wegerer en 1974 n’ont pas été confirmées et les artefacts eux-mêmes auraient disparu.
- Des disques de jade Bi similaires de la culture Liangzhu (3400 – 2250 av. J.-C.) sont connus en Chine, mais ne sont pas associés à des théories extraterrestres.
L’histoire a gagné en popularité dans les années 1960 après des publications dans le magazine soviétique Sputnik et dans des publications occidentales, acquérant des détails, mais la communauté scientifique la considère comme un canular pseudo-archéologique.