L’art du vitrail gothique :
lumière et couleur dans les cathédrales
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L’art du vitrail gothique est une réalisation exceptionnelle de la culture médiévale, qui a atteint son apogée entre le XIIe et le XVIe siècle. Les cathédrales de cette époque sont devenues de véritables temples de lumière, où les vitraux multicolores créaient une atmosphère mystique de prière et de contemplation.
La technique du vitrail, décrite par le moine Théophile au début du XIIe siècle, est restée pratiquement inchangée au fil des siècles. Les maîtres français ont atteint des sommets dans cet art, créant des ensembles célèbres comme la cathédrale de Chartres, Notre-Dame de Paris et la basilique Saint-Denis.

Le symbolisme de la lumière jouait un rôle central dans la théologie gothique, les rayons colorés pénétrant les panneaux de verre étant perçus comme l’incarnation de la présence divine. Les innovations techniques de l’époque, notamment les arcs-boutants et les arcs brisés, permirent d’agrandir considérablement les ouvertures des fenêtres, transformant les murs des cathédrales en surfaces lumineuses continues.
2 Techniques et matériaux de fabrication
3 Symbolisme de la lumière et de la couleur dans la théologie gothique
4 Innovations architecturales et leur impact sur l’art du vitrail
5 La cathédrale de Chartres, summum du vitrail gothique
6 Caractéristiques régionales des vitraux gothiques
7 Renaissance gothique et modernité
Développement historique du vitrail gothique
Les origines du vitrail gothique remontent au milieu du XIIe siècle, lorsque l’abbé Suger entreprit la reconstruction de la basilique Saint-Denis. Sa vision de l’église comme « image du ciel » transforma radicalement l’éclairage de l’espace ecclésiastique. Suger chercha à créer un « véritable temple de lumière », où les nombreuses chapelles de l’abside étaient ornées d’immenses vitraux.
La transition du style roman au style gothique fut marquée par des changements radicaux dans les principes architecturaux. Les murs épais et les petites fenêtres des églises romanes cédèrent la place à de hauts murs percés d’immenses baies vitrées. Les bâtisseurs gothiques cherchèrent à matérialiser la correspondance entre le divin et la lumière par des murs creux et des fenêtres colorées.
Les premiers vitraux gothiques de la basilique Saint-Denis, installés avant 1144, illustraient les liens entre les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament à travers la figure du Christ. Ces vitraux narratifs mettaient en lumière la vie de Moïse, des allégories des Épîtres de saint Paul et représentaient l’Arbre de Jessé. Ces vitraux utilisaient une série de médaillons pour raconter des histoires, une innovation majeure dans l’art du vitrail.
La diffusion de la tradition gothique
L’école française du vitrail s’est rapidement répandue dans toute l’Europe. En Angleterre, le style gothique apparaît dans le vitrail à la fin du XIIe siècle, un peu plus tard qu’en France. Les vitraux gothiques anglais se développent parallèlement aux styles architecturaux : du gothique anglais primitif au gothique perpendiculaire en passant par le style décoré.
Les premiers vitraux anglais se caractérisaient par des couleurs riches et profondes, notamment des bleus profonds et des rouges rubis. Le verre était souvent rayé et de couleur inégale, ce qui ajoutait à son attrait. Les compositions, composées de nombreux petits morceaux de verre, avaient un aspect de mosaïque.
Le développement du vitrail gothique s’inscrit dans un contexte de profondes transformations culturelles et religieuses dans l’Europe médiévale. L’église en était l’institution centrale, et la création d’espaces sacrés reflétait la profonde dévotion religieuse de l’époque et le désir de transmettre la gloire de Dieu à travers l’architecture.
Techniques et matériaux de fabrication
La production de vitraux médiévaux exigeait un savoir-faire élevé et la maîtrise de procédés technologiques complexes. Les principes fondamentaux de la production furent décrits en détail par le moine Théophile dans son traité « De diversis artibus » du début du XIIe siècle. Sa description de la fabrication du verre au Moyen Âge devint une source d’information largement reconnue sur la technologie de l’époque.
Les principaux ingrédients de la fabrication du verre étaient le sable (silice) et la cendre (alcali). Chauffés, ces composants formaient une masse visqueuse plus ou moins homogène, qui se transformait en verre en refroidissant. À partir de l’an 1000, les verriers utilisaient principalement la cendre de bois, ce qui produisait un verre durable, mais pas toujours résistant aux intempéries.
Méthodes de formation du verre en feuille
Les verriers médiévaux utilisaient deux méthodes principales pour produire du verre en feuille. Dans la méthode de la feuille large, ou manchon, le verrier prenait une bulle de verre encore souple sur un chalumeau et la formait en cylindre. Le cylindre était ensuite coupé dans le sens de la longueur, chauffé à nouveau et aplati pour former une feuille.
Une autre méthode de fabrication du verre en feuille était la méthode de la couronne. Un souffleur de verre formait un disque de verre, qui était ensuite aplati et étiré pour former une feuille plate. Les deux méthodes exigeaient une grande habileté et un contrôle précis de la température.
Au Moyen Âge, le verre était taillé en appliquant du fer chauffé sur la surface d’une feuille. L’outil chauffé créait une fissure qui pouvait ensuite être dirigée dans la direction souhaitée, permettant au verrier de détacher de la feuille un morceau de forme et de taille approximatives.
Peinture et teinture sur verre
Cinq couleurs de base étaient utilisées pour colorer le verre : un rouge rubis profond (oxyde de cuivre), un bleu saphir (oxyde de cobalt), un vert (oxyde de fer), un jaune (soufre ou suie) et un violet (oxyde de manganèse). Ces matériaux étaient ajoutés au verre lors du chauffage, mais le résultat étant trop opaque pour laisser passer suffisamment de lumière, une fine couche de verre coloré était souvent appliquée sur une plaque plus épaisse de verre transparent ou blanc.
Les détails de la scène étaient peints à l’intérieur du verre à l’aide d’un mélange d’éclats de verre, d’oxydes métalliques et de vinaigre ou d’urine. La peinture était ensuite fixée définitivement au verre en plaçant les pièces au four. Ce procédé nécessitait un contrôle précis de la température et du temps de cuisson.
Assemblage de panneaux de vitraux
Le processus d’assemblage du vitrail a commencé par la création d’un carton grandeur nature : un dessin linéaire du vitrail, peint directement sur le plateau blanchi à la chaux. Le carton représentait la division des différentes zones de couleur en morceaux de verre individuels.
Ensuite, des plaques de verre de couleurs appropriées ont été sélectionnées et des pièces de la forme souhaitée ont été découpées. Après avoir ajusté tous les éléments avec précision, en tenant compte des ponts de plomb qui les relieraient, les détails du tableau ont été appliqués sur le verre là où cela était nécessaire.
Les pièces de verre finies étaient assemblées à l’aide de bandes de plomb rainurées qui, en coupe transversale, ressemblaient à la lettre H. Le verrier commençait par joindre deux longues bandes de plomb bout à bout pour former l’angle du panneau. Il plaçait ensuite la pièce de verre d’angle entre les deux bandes de plomb et découpait une autre bande de plomb suffisamment longue pour enfermer le reste de la pièce.
Symbolisme de la lumière et de la couleur dans la théologie gothique
La lumière était au cœur de la théologie et de l’esthétique gothiques. L’abbé Suger s’inspirait de la sublime théologie de Denys, qui décrivait Dieu comme la lumière absolue et la lumière comme la force créatrice de l’univers. Ce concept transforma radicalement l’approche de l’architecture religieuse et la conception des espaces sacrés.
Les cathédrales gothiques cherchaient à incarner la description de la Jérusalem céleste de l’Apocalypse de saint Jean. Le texte sacré décrivait une ville à l’«éclat d’une pierre précieuse, comme le cristal de jaspe», où les murs étaient construits en jaspe et la ville, d’or pur, comme le cristal. La ville n’avait besoin ni du soleil ni de la lune pour l’illuminer, car la gloire de Dieu l’illuminait.
Signification anagogique du mot vitrail
Les vitraux ne servaient pas seulement à des fins décoratives, mais remplissaient également une importante fonction anagogique : l’élévation de l’âme du matériel au spirituel. Suger a écrit comment la beauté des pierres multicolores le détournait des préoccupations extérieures, et comment une méditation digne encourageait la réflexion, transférant le matériel à l’immatériel.
Les premiers vitraux de la basilique Saint-Denis illustraient les liens entre les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, le Christ servant de trait d’union. Ils encourageaient la réflexion et la méditation des moines érudits de l’abbaye. Cette tradition de correspondances symboliques entre les épisodes bibliques est devenue un trait caractéristique de l’art du vitrail gothique.
La transcendance était atteinte par la pénétration de la lumière dans l’espace sacré, symbolisant la grâce divine accordée à l’humanité. Les rayons colorés traversant les vitraux créaient une atmosphère mystique propice à la prière et à la contemplation spirituelle.
Le rôle éducatif du vitrail
Les vitraux jouaient un rôle éducatif essentiel à une époque où la majorité de la population était analphabète. Ils faisaient office de «Bible du pauvre», racontant des histoires bibliques et la vie des saints à travers des images saisissantes.
Ces sermons visuels enluminés d’histoires bibliques pouvaient avoir un impact encore plus grand que la parole du prêtre. Les vitraux transformaient les espaces religieux en immenses livres illustrés, chaque fenêtre racontant une histoire spécifique ou transmettant un message théologique précis.
Les programmes de vitraux furent soigneusement planifiés par les autorités ecclésiastiques et d’éminents théologiens. Ils comprenaient non seulement des scènes bibliques, mais aussi des vies de saints, des scènes de la vie des corporations de l’époque, des événements historiques et des images allégoriques.
Innovations architecturales et leur impact sur l’art du vitrail
Le développement de l’architecture gothique est étroitement lié à l’évolution de l’art du vitrail. Les innovations techniques des bâtisseurs gothiques ont permis un changement radical dans l’approche de l’éclairage des espaces religieux et ont créé les conditions propices au développement de l’art du vitrail monumental.
La transition du style roman au style gothique se caractérise par le remplacement des murs épais voûtés en berceau par des murs élancés de hauteur croissante. Les principales innovations architecturales sont les arcs-boutants, les arcs brisés et les voûtes d’ogives, qui redistribuent les charges et permettent la création de murs plus hauts et plus fins.
Développement de conceptions de fenêtres
Les arcs-boutants permettaient d’élever les murs et d’agrandir les fenêtres, laissant pénétrer davantage de lumière naturelle dans la nef. Ces éléments structurels ont joué un rôle clé dans le développement du vitrail gothique, car ils libéraient les murs de leur fonction porteuse et les transformaient en surfaces lumineuses.
Les arcs brisés constituaient une autre innovation importante, offrant une plus grande stabilité structurelle avec un poids moindre. Ils permettaient des ouvertures de fenêtres plus hautes et plus larges, ouvrant la voie au développement de compositions de vitraux monumentaux.
À l’époque rayonnante, les fenêtres devinrent encore plus grandes, plus nombreuses et plus décoratives. Les niveaux intermédiaires des murs, comme le triforium, furent également percés. Le niveau supérieur de la claire-voie présentait des rangées de fenêtres en lancette, souvent surmontées de fenêtres à trois ou quatre pans et de rosaces miniatures appelées oculi.
Évolution des fixations
Des changements fondamentaux ont été apportés aux meneaux, ces structures ornementales à l’intérieur des fenêtres. Les premières fenêtres gothiques utilisaient souvent des meneaux à dalles, où les ouvertures semblaient avoir été percées dans une dalle de pierre plate. Ces meneaux ont été remplacés par des meneaux à tiges plus élégants, dont les nervures de pierre séparant les panneaux de verre étaient constituées de profils sculptés étroits aux surfaces intérieures et extérieures arrondies.
Le style Reyonnan doit son nom au dessin complexe des rayons des rosaces, rayonnant vers l’extérieur. Ce meneau en forme de tige est probablement apparu pour la première fois sur les fenêtres à claire-voie de la cathédrale de Reims et s’est rapidement répandu dans toute l’Europe.
L’utilisation de meneaux de pierre pour séparer les pièces de verre et les soutenir par des nervures en plomb a permis de renforcer et d’agrandir les fenêtres, capables de résister aux vents violents. Les rosaces de Rayonnan atteignaient un diamètre de dix mètres.
La cathédrale de Chartres, summum du vitrail gothique
Les vitraux de la cathédrale de Chartres sont considérés comme l’un des ensembles les mieux conservés et les plus complets de l’art du vitrail médiéval. Ils couvrent une superficie totale de 2 600 mètres carrés et se composent de 167 vitraux illustrant des scènes bibliques, la vie des saints et des scènes de la vie des corporations marchandes de l’époque.
La cathédrale abrite des vitraux de différentes époques. Certains ont survécu à l’ancienne cathédrale de Chartres, comme les trois lancettes de la façade ouest (1145-1155), contemporaines de celles réalisées pour l’abbé Suger dans la basilique Saint-Denis. La célèbre lancette au sud du chœur, dite « Notre-Dame de la Belle Verrière », est célèbre pour son bleu de Chartres (1180).
L’âge d’or du vitrail de Chartres
La plupart des vitraux ont été réalisés entre 1205 et 1240 pour l’église actuelle. Cette période comprend la quatrième croisade, qui rapporta de nombreuses reliques importantes à Chartres, les guerres des Albigeois, ainsi que les règnes de Philippe II Auguste (1180-1223) et de Louis VIII (1223-1226).
La cathédrale fut finalement consacrée en 1260 sous Louis IX (1226-1270). Certains vitraux furent réalisés ultérieurement, comme ceux de la chapelle Vendôme (1400-1425) et ceux des transepts (XXe siècle), tandis que des vitraux endommagés du XIIIe siècle ont été restaurés depuis le XVe siècle.
Les vitraux de Chartres sont particulièrement célèbres pour leurs couleurs, notamment le bleu cobalt. Cette teinte, appelée « bleu de Chartres », est devenue la référence de l’art du vitrail médiéval et fascine toujours les érudits et les visiteurs de la cathédrale.
Préservation et protection
La destruction de la cathédrale de Reims et de ses vitraux en 1914 provoqua une onde de choc dans toute la France et conduisit à la suppression et à la préservation de tous les vitraux de Chartres pendant les deux guerres mondiales. Des travaux de conservation et de décontamination sont en cours depuis 1972.
La France possède encore la plus grande superficie de vitraux médiévaux d’Europe. Une grande partie des vitraux d’origine a été détruite au cours des siècles qui ont suivi le Moyen Âge, et une grande partie des vitraux actuels sont des verres de récupération ou des remplacements plus modernes.
Des études préliminaires ont été menées par le Laboratoire d’étude des monuments historiques. Les méthodes modernes de conservation incluent le nettoyage chimique et laser des dépôts de corrosion sur les vitraux historiques. Des études comparatives démontrent l’efficacité de différentes approches pour nettoyer les produits de dissolution superficielle des échantillons de verre silico-potassique.
Caractéristiques régionales des vitraux gothiques
Le vitrail gothique s’est développé différemment selon les régions d’Europe, reflétant les traditions artistiques, les savoir-faire techniques et les préférences culturelles locales. L’école française est devenue la principale source d’innovation et un modèle à suivre dans toute l’Europe.
Les vitraux gothiques français étaient un élément particulièrement important de l’architecture gothique française, qui s’est développée entre le XIIe et le XVIe siècle. Bien que le vitrail fût utilisé dans les églises françaises depuis l’époque romane, les fenêtres gothiques étaient nettement plus grandes, jusqu’à occuper des murs entiers.
Particularités de l’école française
La fonction des vitraux gothiques français était d’illuminer l’intérieur d’une lumière colorée et mystique représentant le Saint-Esprit, et d’illustrer des récits bibliques pour la majorité des paroissiens illettrés. La rosace devint un élément particulièrement important des grandes cathédrales françaises, à commencer par Notre-Dame de Paris.
Tout au long de la période gothique, les fenêtres sont devenues de plus en plus grandes, laissant entrer davantage de lumière à travers les verres en grisaille, et les détails des peintures sont devenus plus délicats, ressemblant peu à peu à des tableaux. Les premières fenêtres gothiques étaient souvent constituées de très petits morceaux de verre, souvent d’épaisseur variable, visibles seulement de loin.
Les ombres et la morosité des cathédrales gothiques primitives, avec leurs petites fenêtres et leurs couleurs profondes et saturées comme le bleu de Chartres, ont été remplacées par des espaces lumineux baignés d’un spectre complet de lumière colorée. Les niveaux intermédiaires des murs ont été percés de fenêtres, et le niveau supérieur de la claire-voie a été doté de rangées de fenêtres en lancette.
Tradition gothique anglaise
Les vitraux gothiques anglais ont suivi à peu près la même évolution stylistique que l’architecture anglaise, remplaçant les vitraux normands ou romans à partir de la fin du XIIe siècle, un peu plus tard qu’en France.
Au XIIIe siècle apparaît le style décoré, divisé en deux périodes : la seconde, plus ornée et curviligne, et la dernière, le gothique perpendiculaire, qui perdure jusqu’au XVIe siècle, plus longtemps qu’en Europe continentale.
Les principaux traits caractéristiques des premiers vitraux anglais étaient des couleurs riches et profondes, notamment des bleus profonds et des rouges rubis, souvent striées et irrégulières. Leur aspect mosaïque se manifestait par l’assemblage de petites pièces, l’importance de la ferronnerie, intégrée au design, et le style simple et audacieux des peintures faciales.
Une grande partie des vitraux d’origine fut détruite pendant la Réforme anglaise et remplacée par des œuvres modernes. On en trouve néanmoins des exemples dans les cathédrales de Canterbury, de Wells, de York Minster et de l’abbaye de Westminster.
Renaissance gothique et modernité
Au début du XIXe siècle, le vitrail était un art pratiquement disparu, tombé en désuétude depuis plus de deux siècles. Cependant, son destin était sur le point de changer. De nombreux créateurs victoriens, préoccupés par les «effets vulgaires» de la production de masse, se sont tournés vers l’histoire pour trouver de nouvelles façons de créer.
Le vitrail médiéval convenait parfaitement à ce projet nostalgique. Ses techniques furent réexaminées et promues par les néogothistes (admirateurs de l’architecture gothique médiévale) et d’autres, dont le célèbre designer Arts and Crafts William Morris.
Le renouveau gothique en Angleterre
L’Angleterre victorienne était une société dominée par l’industrialisation. Le pays a connu deux bouleversements majeurs durant cette période : le remplacement rapide de la production artisanale par la production de masse et le dépeuplement des campagnes, les populations affluant vers les villes pour travailler dans les nouvelles usines.
De nombreux réformateurs, écrivains, artistes et designers ont commencé à remettre publiquement en question l’impact de cette forme de «progrès» et à chercher des alternatives. Cet intérêt pour le développement d’un modèle social et esthétique différent trouve ses racines au XVIIIe siècle.
Le renouveau gothique s’appliquait principalement à l’architecture, à la décoration intérieure et à la peinture, et s’inspirait largement des formes et motifs utilisés à la fin du Moyen Âge (vers 1250-1500). Les artistes combinaient une étude approfondie des exemples historiques avec une vision plus fantastique de la chevalerie et du romantisme médiévaux.
Le développement du vitrail moderne
Au XXe siècle, cette nouvelle interprétation de la tradition a évolué vers des œuvres plus abstraites, beaucoup plus résolument modernes et bien moins proches des vitraux qui avaient inspiré l’époque victorienne. Les artistes verriers modernes continuent d’utiliser les techniques traditionnelles, mais les appliquent pour créer des expressions artistiques entièrement nouvelles.
La conservation moderne des vitraux historiques fait appel à des méthodes scientifiques avancées. Le nettoyage chimique et laser permet d’éliminer la corrosion superficielle des échantillons de verre historique. La spectroscopie Raman et la microscopie électronique à balayage permettent de caractériser les modifications qui se produisent à la surface des échantillons pendant le processus de nettoyage.
Des études comparatives de nettoyage sont menées sur des échantillons de vitraux fournis par l’atelier de restauration de verre Maison Laurens à Chartres. Les résultats montrent que les deux méthodes de nettoyage permettent d’éliminer la couche externe sombre de la surface associée aux composés carbonés, ainsi que la partie externe de la couche blanche formée par la cristallisation des sels.
L’art contemporain du vitrail continue d’évoluer, alliant respect des traditions historiques et approches innovantes en matière de design et de technologie. Les maîtres du XXIe siècle créent des œuvres qui perpétuent la tradition du vitrail gothique, tout en exprimant des concepts artistiques et des possibilités techniques modernes.
Le vitrail gothique est une fusion unique de savoir-faire technique, de vision artistique et d’aspirations spirituelles de l’Europe médiévale. Depuis ses humbles débuts dans la basilique Saint-Denis, sous la direction de l’abbé Suger, jusqu’aux ensembles grandioses de la cathédrale de Chartres, le vitrail est passé du statut d’élément décoratif à celui d’élément central de l’architecture et de la théologie gothiques.
L’évolution technique du vitrail, telle que décrite par Théophile et perfectionnée par des générations de maîtres, a jeté les bases de réalisations artistiques qui continuent de fasciner les spectateurs modernes. L’utilisation symbolique de la lumière et de la couleur dans les cathédrales gothiques a transformé les espaces religieux en représentations terrestres de la Jérusalem céleste.
La fonction éducative du vitrail en faisait un outil indispensable à l’instruction religieuse à une époque d’analphabétisme de masse. Ces «livres de pierre» transmettaient des concepts théologiques complexes au moyen d’images visuelles accessibles, alliant art et besoins pratiques de la société médiévale.
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