L’iconographie dans l’art byzantin
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L’iconographie byzantine est un phénomène artistique unique qui a marqué la vie religieuse et culturelle de la Méditerranée orientale pendant plus de mille ans. Se développant du IVe au XVe siècle, cette forme d’art a associé traditions anciennes et théologie chrétienne, créant un système spécifique de symboles et de techniques. Dans la tradition byzantine, l’icône était non seulement une œuvre d’art, mais aussi un objet sacré par lequel les croyants pouvaient communiquer directement avec le monde divin.
Les techniques de création d’icônes, de l’encaustique archaïque à la tempera sophistiquée, reflétaient non seulement les préférences artistiques de l’époque, mais aussi de profonds principes théologiques. Le symbolisme des couleurs, la gestuelle et les solutions de composition créaient un langage visuel complexe, compréhensible par tout Byzantin cultivé.
2 Techniques et matériaux de peinture d’icônes
3 Le système symbolique de l’iconographie byzantine
4 Signification théologique des icônes
5 La période iconoclaste et ses conséquences
6 Maîtrise technique et caractéristiques régionales
7 Géométrie symbolique et fractalité
8 Influence sur l’art mondial
Racines historiques et développement de la tradition
La tradition iconographique byzantine débuta sous le règne de l’empereur Constantin, lorsque la capitale de l’empire fut transférée de Rome à Constantinople en 330. Le christianisme remplaça progressivement les dieux gréco-romains, ce qui transforma radicalement la nature de l’art dans tout l’empire. Les premières icônes chrétiennes héritèrent des techniques du monde antique, notamment de la culture hellénistique.
Les premières icônes religieuses conservées remontent au VIe siècle ou plus tard. Ces œuvres étaient souvent appelées icônes de prière, car elles étaient destinées à la prière individuelle, ou pyadnichnye, en raison de leur taille typique d’un empan – la distance entre l’extrémité du pouce et l’extrémité de l’auriculaire. Les premières icônes étaient réalisées selon la technique de l’encaustique, où la peinture était mélangée à de la cire chauffée.
Les icônes à l’encaustique se distinguaient par une interprétation réaliste de l’image, recherchant une correspondance maximale avec la réalité. Outre leur caractère sacré, les premières icônes chrétiennes étaient des portraits, témoins vivants de l’existence réelle du Christ, de la Mère de Dieu, des saints et des anges. Les Saints Pères considéraient l’incarnation du Christ comme le fondement et la signification de l’icône.
Justification théologique de la vénération des icônes
Le Dieu invisible ne peut être représenté par une image. Mais puisque le Christ était véritablement incarné et que sa chair était réelle, il pouvait être représenté. Saint Jean Damascène a écrit : «Autrefois, le Dieu incorporel était informe et n’était jamais représenté. Mais maintenant que Dieu s’est manifesté dans la chair et a vécu parmi les hommes, nous présentons l’image de Dieu, qui est visible.»
L’icône ne transmettait pas seulement et pas tant l’apparence physique de l’objet. Selon saint Jean, toute image est une révélation manifeste du caché. Le mot « icône » lui-même – εἰκών – signifie « image, tableau ou portrait ». Cependant, l’icône cherchait à montrer non pas l’apparence, mais l’essence spirituelle de l’objet représenté.
Techniques et matériaux de peinture d’icônes
Technique de l’encaustique
L’encaustique était la technique picturale la plus répandue dans l’Antiquité. Elle est arrivée au christianisme grâce à la culture hellénistique. Dans cette technique, des pigments de couleur étaient ajoutés à de la cire mélangée à de l’huile, puis brûlés sur la surface à l’aide d’outils chauffants, ou le liquide chaud était appliqué sur la surface à l’aide de pinceaux et modelé en refroidissant.
Contrairement à la technique de la tempera, beaucoup plus simple à utiliser, l’utilisation de la technique de l’encaustique exigeait un haut degré de savoir-faire. Pinceaux, spatules et objets pointus laissaient leurs traces lors du modelage des visages, rendant leur production traçable jusqu’à nos jours. Les premières icônes du VIIIe siècle étaient principalement réalisées à l’encaustique.
Transition vers la peinture à la détrempe
La tempera est une peinture à séchage rapide composée de pigments mélangés à un liant hydrosoluble, généralement un matériau collant comme le jaune d’œuf. Son nom vient de l’italien « dipingere a tempera » (peindre à la tempera), et du latin tardif « distemperare » (mélanger soigneusement).
La peinture à la détrempe fut la principale méthode de production de peintures sur panneau jusqu’en 1500, date à laquelle elle fut remplacée par la peinture à l’huile. Cette technique était déjà connue dans le monde classique, où elle remplaça apparemment la peinture à l’encaustique et devint le principal support de la peinture sur panneau et des manuscrits enluminés dans le monde byzantin, ainsi que dans l’Europe médiévale et du début de la Renaissance.
La plupart des icônes peintes traditionnellement utilisent la tempera à l’œuf, qui nécessite un support rigide. Les panneaux d’icônes sont fabriqués en bois massif, généralement du peuplier ou de l’acajou, des essences choisies pour leur stabilité et leur résistance à la déformation. De lourdes entretoises en chêne s’insèrent dans des rainures pratiquées au dos de chaque panneau, dans le sens contraire du fil, pour éviter toute déformation.
Préparation du panneau d’icônes
La peinture ne peut pas être appliquée directement sur le bois. Une préparation complexe du panneau est nécessaire pour assurer une adhérence parfaite et uniforme de la peinture. Le panneau est imprégné de deux couches de colle à bois chaude, qui pénètre les fibres du bois. Chaque couche doit sécher complètement.
Un morceau de lin, coupé légèrement plus grand que le panneau lui-même, est trempé dans de la colle chaude et appliqué soigneusement sur le panneau, puis laissé à sécher. Cette étape peut prendre plusieurs jours selon les conditions météorologiques. Le panneau recouvert de lin séché est ensuite collé avec deux couches supplémentaires de colle à bois chaude, à laquelle on ajoute une petite quantité de poudre de marbre pour lui donner plus de rugosité et de consistance.
Après une nuit de séchage, le panneau est prêt à être peint avec plusieurs couches de gesso, une préparation blanche semblable à du plâtre, composée de poussière de marbre, d’eau et de colle à bois. Chauffé doucement, le gesso a la consistance d’une crème épaisse et, appliqué en fines couches au pinceau, il sèche en une surface dure et permanente.
Les premières couches sont appliquées et frottées à la main pour obtenir la texture rugueuse du lin. De fines couches de gesso suivent, l’une après l’autre, et une fois l’œuvre terminée, 15 à 20 fines couches de gesso créent une surface extrêmement résistante. Une fois le panneau de gesso complètement sec, la surface est soigneusement poncée et polie jusqu’à obtenir une surface lisse et marbrée, et c’est seulement alors que la peinture peut commencer.
Le système symbolique de l’iconographie byzantine
Symbolisme des couleurs
La palette de couleurs de l’iconographie byzantine a été délibérément choisie pour sa valeur symbolique. L’or symbolisait la lumière divine, la sainteté et le royaume céleste. Le bleu représentait le ciel, l’éternité et la divinité. Le rouge symbolisait la vie divine et le sacrifice, souvent associé au sang du Christ.
Le rouge est l’une des couleurs les plus fréquemment utilisées sur les icônes. Couleur de la chaleur, de la passion, de l’amour, de la vie et de l’énergie vitale, il est devenu un symbole de résurrection, de victoire de la vie sur la mort. Mais c’est aussi la couleur du sang et de la souffrance, et la couleur du sacrifice du Christ. Les martyrs sont représentés vêtus de rouge sur les icônes.
Le vert représentait le renouveau, la fertilité et la présence du Saint-Esprit. Le blanc symbolisait la pureté, la lumière divine et la résurrection. Le violet était associé à la royauté, à la majesté et au repentir. Le noir symbolisait le mystère, la profondeur et l’inconnu.
Gestes et poses symboliques
Le geste de bénédiction est fréquent dans l’iconographie orthodoxe. Il s’agit d’un pliage particulier des doigts utilisé par les prêtres pendant la liturgie. Le geste « ІС ХС » doit son nom à une raison : chaque doigt est associé à une lettre de l’alphabet grec. L’index représente la lettre I, le majeur la lettre C, l’annulaire et le pouce la lettre X, et l’auriculaire la lettre C.
En plus de former les initiales de Jésus-Christ, le geste de bénédiction transmet les doctrines chrétiennes. Les trois doigts symbolisent la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit. Le pouce et l’annulaire évoquent la double nature de Jésus-Christ : l’union des mondes terrestre et céleste.
La tradition de représenter les gestes des mains sur les icônes orthodoxes trouverait son origine à Rome et en Grèce antique. L’art oratoire utilisant divers gestes des mains était très développé dans ces pays. Certains critiques affirment que les peintres d’icônes orthodoxes ont adopté cette tradition et l’ont transposée en symboles iconographiques.
Canons de composition
Les icônes n’étaient ni « inventées » ni « créées » par des artistes, mais exécutées selon un canon pictural strict, dont chaque artiste se devait de suivre les prescriptions. Par exemple, une icône du Christ était désignée soit par une auréole en forme de croix, soit par un geste de la main unique. Les doigts qui se touchaient symbolisaient les deux natures que Jésus unissait en sa personne ou hypostase : la divine et l’humaine.
Signification théologique des icônes
Dans la théologie byzantine, la contemplation des icônes permettait au spectateur de communiquer directement avec la figure sacrée représentée. Par l’intermédiaire des icônes, des prières individuelles étaient adressées directement au saint ou à la sainte figure concernée. Guérison miraculeuse et bonne fortune figuraient parmi les demandes adressées aux icônes.
Les icônes (du grec eikones) sont des images sacrées représentant des saints, le Christ et la Vierge Marie, ainsi que des scènes narratives telles que le Baptême du Christ et la Crucifixion. Bien qu’aujourd’hui le terme soit plus étroitement associé à la peinture sur panneaux de bois, à Byzance, les icônes pouvaient être réalisées dans tous les supports : marbre, ivoire, céramique, pierres précieuses, métaux précieux, émail, textiles, fresques et mosaïques.
Acheiropoietos - images non faites à la main
Les icônes créées par la puissance divine étaient appelées acheiropoïètes, ce qui signifie « non faites de main d’homme ». Cette catégorie d’images miraculeusement créées était particulièrement vénérée tout au long de l’histoire byzantine. Un nombre important d’acheiropoïètes apparurent au début de la période byzantine, avant l’avènement de l’iconoclasme au début du VIIIe siècle.
Les acheiropoïètes les plus célèbres comprenaient le Mandylion, un tissu blanc imprimé du visage du Christ, et le Keramion, un carreau de céramique sur lequel le Mandylion avait imprimé le visage du Christ. Leur capacité de reproduction miraculeuse était une caractéristique commune des acheiropoïètes.
La période iconoclaste et ses conséquences
L’iconoclasme byzantin a représenté deux périodes de l’histoire de l’Empire byzantin, où l’utilisation d’images religieuses, ou icônes, était contestée par les autorités religieuses et impériales. Le premier iconoclasme, comme on l’appelle parfois, s’est produit entre 726 et 787, tandis que le second iconoclasme s’est produit entre 814 et 842.
Selon la théorie traditionnelle, l’iconoclasme byzantin a débuté avec l’interdiction des images religieuses proclamée par l’empereur byzantin Léon III l’Isaurien et poursuivie sous ses successeurs. Elle s’est accompagnée de destructions massives d’images religieuses et de persécutions contre ceux qui les vénéraient.
La papauté resta inébranlable dans son soutien à l’utilisation d’images religieuses tout au long de cette période, et cet épisode accentua la divergence croissante entre les traditions byzantine et carolingienne au sein d’une Église européenne encore unifiée. L’iconoclasme contribua également à la réduction, voire à l’élimination, du contrôle politique byzantin sur certaines parties de la péninsule italienne.
Les personnes qui vénèrent ou adorent des images religieuses sont appelées péjorativement « iconolâtres ». On les appelle communément « iconodoloi » ou « iconophiles ». Ces termes, cependant, ne faisaient pas partie des débats byzantins sur les images. Ils ont été introduits dans le langage courant par les historiens modernes et leur utilisation a commencé au XVIIe siècle.
Maîtrise technique et caractéristiques régionales
Particularités de l’école sicilienne
Le patrimoine iconographique est l’un des trésors de l’art byzantin, qui a enrichi le sud de l’Italie, et la Sicile en particulier, depuis le début du XVIe siècle. Les études sur l’icône sicilienne d’origine gréco-byzantine, la Madonna dell’Elemosina, révèlent les particularités de la tradition régionale.
Les icônes siciliennes témoignent d’une synthèse des canons byzantins et des traditions artistiques locales. L’utilisation de méthodes d’imagerie non invasives et de spectroscopie optique a permis d’établir les caractéristiques techniques de la création de ces œuvres sans endommager leur structure.
Dorure et éléments décoratifs
L’application de feuilles d’or sur les icônes est une technique artistique utilisée depuis de nombreuses années. Les premières œuvres remontent à l’Empire byzantin, où la dorure était utilisée sur divers supports pour souligner la sainteté ou les attributs particuliers de personnages ou d’êtres importants.
Aujourd’hui, les icônes sont souvent peintes sur des surfaces lisses comme la toile ou d’autres matériaux. La feuille d’or utilisée représente généralement une influence ou un rôle important que le personnage symbolise, et c’est pourquoi l’or est utilisé en iconographie. Parmi les icônes populaires qui sont dorées à la feuille d’or, on trouve Jésus-Christ, Pierre et Paul, ainsi que des saints.
Le processus de collage de toute œuvre d’art dépend généralement du matériau choisi et du lieu de stockage de l’œuvre finie. En général, on utilise un encollage à l’huile ou à l’eau pour la dorure à l’huile ou à l’eau. Avant d’appliquer une nouvelle feuille d’or sur la surface, il est nécessaire d’évaluer si un ponçage est nécessaire.
Géométrie symbolique et fractalité
L’iconographie orthodoxe de style byzantin démontre l’existence de comportements complexes et de motifs fractals. Il a été démontré que la fractalité dans les icônes se manifeste sous deux formes : descendante et ascendante, la première correspondant à une information explicite, la seconde à la structure cachée de la composition.
L’analyse de la symétrie des ornements du pavement de la basilique Saint-Marc de Venise révèle un système géométrique complexe, caractéristique de l’art byzantin. Selon la classification, les ornements du pavement de la basilique Saint-Marc sont considérés comme byzantins. L’école classique utilise les éléments décoratifs, les motifs et l’harmonie des couleurs et des formes comme éléments clés de classification.
La basilique Saint-Marc fut fondée à partir du transfert des ossements du prétendu évangéliste saint Marc d’Alexandrie à Venise au IXe siècle. Elle devint jusqu’à aujourd’hui l’attraction principale de Venise en tant qu’église byzantine. Ses magnifiques intérieurs et extérieurs furent embellis parallèlement et simultanément à l’expansion de la puissance navale vénitienne en Méditerranée orientale.
Influence sur l’art mondial
Icône de Notre-Dame d’Hodegetria
Au XIIe siècle, l’icône en bois de Notre-Dame d’Hodiguitria était attribuée à la création miraculeuse de l’évangéliste saint Luc. Dans cette composition, la Vierge Marie tient l’Enfant Jésus dans son bras gauche et le désigne de la main droite. L’une des icônes byzantines les plus célèbres de tous les temps, l’image de Notre-Dame d’Hodiguitria fut largement copiée à Byzance, dans tous les matériaux.
L’icône originale sur panneau de bois attribuée à saint Luc se trouvait au monastère d’Hodegon à Constantinople, une institution célèbre pour sa source sacrée dont les eaux guérissaient les aveugles. L’image d’Hodegetria était non seulement extrêmement populaire en Orient, mais a également profondément influencé les représentations de la Vierge à l’Enfant en Europe occidentale au Moyen Âge et à la Renaissance.
Propagation des traditions
La tradition iconographique byzantine s’étendait bien au-delà de l’empire lui-même. Son art comprenait des œuvres créées du IVe au XVe siècle, couvrant une partie de la péninsule italienne, la frontière orientale du monde slave, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. L’art byzantin est généralement divisé en trois périodes distinctes : le byzantin primitif (330-843), le byzantin moyen (843-1204) et le byzantin tardif (1261-1453).
L’empereur Constantin se convertit au christianisme et transféra sa capitale de Rome à Constantinople, à la frontière orientale de l’Empire romain, en 330. Le christianisme prospéra et remplaça progressivement les dieux gréco-romains qui avaient autrefois défini la religion et la culture romaines. Ce changement religieux influença profondément la production artistique de tout l’empire.
Les premières églises chrétiennes furent construites à cette époque, notamment la célèbre Sainte-Sophie, construite au VIe siècle sous l’empereur Justinien. Des décorations intérieures, notamment des icônes et des mosaïques, furent également créées à cette époque. Les icônes servaient d’outils permettant aux croyants d’accéder au monde spirituel : elles constituaient des portes d’entrée spirituelles.
Mosaïques byzantines : lumière et couleur dans l’espace sacré
La technique de la mosaïque est devenue l’une des plus importantes réalisations de l’art byzantin, atteignant son apogée aux VIe et VIIe siècles. Le matériau principal était le smalt, un verre coloré auquel on a ajouté des oxydes métalliques, lui conférant de riches nuances. Les maîtres byzantins ont développé une méthode consistant à poser des cubes de smalt sur une feuille d’or, créant un effet scintillant même dans la pénombre des églises. Cette technique, appelée « goldophone », transformait les murs et les voûtes en symboles de lumière céleste, visualisant l’image biblique de la Nouvelle Jérusalem.
À Sainte-Sophie de Constantinople, les mosaïques couvraient plus de 10 000 m² de surface, formant un ensemble unique avec l’architecture. Les figures du Christ, de la Vierge Marie et des saints, réalisées selon la technique de la pose directe, se distinguaient par leur statique et leur frontalité, qui renforçaient leur caractère intemporel. Les contours des objets représentés étaient soulignés par des rangées de cubes sombres, séparant les images sacrées du fond doré. Une particularité des mosaïques byzantines résidait dans l’utilisation d’effets d’optique : les cubes étaient disposés selon différents angles, créant une dynamique lumineuse au gré des mouvements du spectateur.
L’iconoclasme et son influence sur la technologie
La période iconoclaste (726-843) marque un tournant. La destruction des images s’accompagne de l’unification de l’espace liturgique : les croix et les ornements dominent les compositions figuratives dans les églises. C’est cependant à cette époque que se développent les techniques non figuratives : sculpture sur ivoire et émail cloisonné. Coffrets, diptyques et couvertures d’Évangiles sont ornés de motifs géométriques qui, selon les iconoclastes, ne contreviennent pas à l’interdit biblique des images.
Après la restauration de la vénération des icônes, les maîtres revinrent à l’image figurative, mais avec de nouveaux accents. À la place de l’encaustique, qui exigeait un travail rapide à chaud, la tempera devint dominante, permettant une élaboration détaillée des visages. Ce changement reflétait un tournant théologique : si les premières icônes mettaient l’accent sur la réalité physique des saints, après l’iconoclasme, l’accent se porta sur leur essence spirituelle.
Principes géométriques et perspective inversée
L’iconographie byzantine utilisait activement la géométrie comme outil d’expression théologique. Le cercle inscrit dans la composition de la « Trinité » d’André Roublev symbolisait l’éternité et l’unité des hypostases divines. Dans les icônes de la « Transfiguration », les figures des apôtres étaient souvent disposées en arc de cercle, soulignant le moment de la révélation divine sur le mont Thabor.
La perspective inversée, où les lignes convergent non pas dans la profondeur de l’image mais devant le spectateur, détruisait l’illusion de tridimensionnalité. Cette technique, décrite dans les traités de Pavel Florensky et Boris Rauschenbach, transformait l’icône en une « fenêtre » sur le monde céleste, où les lois terrestres de l’espace perdaient leur force. Par exemple, sur l’icône du Christ Pantocrator du monastère du Sinaï, les plis des vêtements et les traits du visage étaient modelés en tenant compte de multiples points de vue, créant un effet de présence extra-spatiale.
Les écoles régionales : une synthèse des traditions
L’école sicilienne des XIIe et XIIIe siècles affichait une fusion des canons byzantins avec les influences arabes et normandes. Dans la chapelle palatine de Palerme, des mosaïques dorées ornées de figures de saints coexistaient avec des plafonds en bois sculpté de style mudéjar, et l’utilisation du lapis-lazuli en arrière-plan symbolisait la pureté céleste.
En Russie, les traditions byzantines furent adaptées grâce à la technique de l’opus sectile : des mosaïques en pierre sculptée et en céramique. Dans l’église de la Dîme de Kiev (Xe siècle), les sols étaient décorés d’incrustations de porphyre rouge et de serpentine verte, reprenant les motifs des églises de Constantinople. Au XIIe siècle, les artisans russes avaient créé des compositions uniques avec des scènes figuratives, comme les représentations d’animaux de la cathédrale Saint-Georges de Iouriev-Polski.
Émaux et sculptures : le luxe des petites formes
Les émaux cloisonnés, créés à Constantinople à partir du VIe siècle, sont devenus un symbole du pouvoir impérial. Cette technique exigeait une précision joaillière : de fines cloisons métalliques étaient soudées sur une plaque d’or, formant des alvéoles remplies de poudre de verre. Après cuisson, des images brillantes et résistantes au temps apparaissaient. La couronne de saint Étienne, cadeau de l’empereur byzantin, est ornée de médaillons en émail représentant les apôtres, dont les auréoles sont en perles.
Les icônes en ivoire sculpté, comme le Triptyque d’Arbaville (Xe siècle), allient miniature et détails. L’image du Christ entouré d’archanges était sculptée au couteau à pissar, et le fond était recouvert d’incrustations d’or. Souvent offertes comme cadeaux diplomatiques, ces œuvres ont propagé les standards esthétiques byzantins de Venise à Kiev.