#19373 Marsden Hartley (1877-1943)

Lanalyse de cette œuvre révèle un paysage nocturne dominé par une atmosphère sombre et inquiétante. Le regard est dabord attiré par un amas imposant de bois de coupe, disposés en pyramide au centre du tableau. Ces troncs, aux teintes orangées et rougeâtres, contrastent violemment avec le noir profond qui les enveloppe.
Larrière-plan est constitué dune forêt dense, dont les arbres élancés se dressent comme des spectres menaçants. Leur silhouette est à peine décelable, noyée dans lobscurité, suggérant une présence indéfinissable et potentiellement hostile. Une lumière blafarde, filtrant à travers les branches, éclaire le ciel, mais napporte quun palliatif à limpression générale de désolation.
Le traitement pictural est brut et expressif. Les coups de pinceau sont énergiques et visibles, créant une texture épaisse et granuleuse. Le contraste marqué entre la lumière et lombre accentue la dramaturgie de la scène, renforçant le sentiment de malaise et doppression.
Au-delà de la simple représentation dune scène de bûcheronnage, l’œuvre semble évoquer une réflexion sur la destruction, la perte et limpact de lactivité humaine sur la nature. Labondance des bois de coupe, leur accumulation chaotique, peut symboliser la surexploitation des ressources naturelles et les conséquences néfastes de cette dernière. Lobscurité ambiante, quant à elle, pourrait suggérer un avenir incertain, voire funeste, pour lenvironnement. On perçoit une sorte de lamentation silencieuse, un témoignage poignant d’une nature blessée et menacée. La composition, avec la pyramide des bois qui semble s’écrouler, ajoute à cette impression de fragilité et de précarité.