« Une histoire du monde en six verres » de Tom Standage
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« Une histoire du monde en 6 verres » de Tom Standage retrace l’émergence de six boissons différentes – la bière, le vin, les spiritueux, le café, le thé et le Coca-Cola – et leur rôle dans l’histoire et la culture humaines. Ce faisant, Standage offre un panorama complet de l’histoire humaine, de la civilisation antique de la Mésopotamie à l’Amérique contemporaine, soulignant les continuités de notre approche des boissons et de la consommation d’alcool, ainsi que les changements et les découvertes qui y sont associés.
Partant de la découverte de la bière et de ses usages en Mésopotamie et en Égypte antique, Standage aborde les multiples usages de cette boisson dans ces cultures : outre son rôle désaltérant, elle servait de monnaie d’échange et d’offrande aux dieux lors de rituels religieux. La bière a toujours été une boisson sociale, et Standage souligne que lever son verre à la santé s’inscrit dans la continuité d’une des plus anciennes traditions associées à la bière. Il souligne également le rôle de la bière dans le passage d’un mode de vie de chasseurs-cueilleurs à un mode de vie agricole, ainsi que dans le développement des premiers systèmes d’écriture et de comptabilité. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Standage s’intéresse au vin dans les cultures de la Grèce et de la Rome antiques. Il explique que, tout comme la bière, il était utilisé de diverses manières : comme boisson quotidienne, comme offrande religieuse, comme outil de différenciation sociale et comme médicament. Son analyse des différences d’attitudes envers le vin entre les Grecs et les Romains, notamment sur la bonne façon de le boire, contribue à éclairer les différences entre ces deux sociétés. De même, dans une courte section consacrée à l’interdiction islamique de l’alcool, il suggère que des attitudes particulières envers les boissons peuvent être un moyen de distinguer une culture d’une autre. La section 3 traite de l’histoire des spiritueux, ou alcools forts, et nous apprend que le procédé de distillation qui a rendu ces boissons possibles a été découvert pendant l’Âge d’or islamique, mais qu’il s’est répandu en Europe dès le XVe siècle. Initialement, les spiritueux étaient utilisés à des fins médicinales. Mais une fois leurs propriétés hautement enivrantes découvertes, ils sont devenus populaires auprès du peuple qui les buvait pour le plaisir. La popularité des spiritueux en Europe a coïncidé avec l’ère des Grandes Découvertes, qui a étendu leur connaissance bien au-delà de l’Europe, jusqu’aux colonies d’Afrique et des Amériques. En réalité, le rhum était un sous-produit du colonialisme et de l’esclavage et a joué un rôle clé dans le maintien de ces systèmes d’oppression et d’exploitation. Le rhum a également joué un rôle dans la lutte pour l’indépendance américaine vis-à-vis de la Grande-Bretagne, prouvant à quel point les boissons peuvent être influentes.
Après avoir examiné l’importance des boissons alcoolisées dans l’histoire de l’humanité dans la première moitié de l’ouvrage, Standage consacre la seconde à l’étude des effets de trois boissons caféinées. Pour commencer, dans la section 4, il aborde le rôle du café au siècle des Lumières au XVIIe siècle. Contrairement aux boissons alcoolisées, le café, introduit en Europe depuis l’Arabie comme les spiritueux, rendait les gens plus alertes et énergiques et, de ce fait, devint populaire auprès des hommes d’affaires, des scientifiques et des intellectuels. Cela conduisit à l’émergence des cafés : des établissements réservés aux hommes où l’on discutait et échangeait des nouvelles et des idées. Ces cafés devinrent si populaires qu’ils inquiétèrent les dirigeants politiques de l’époque ; Standage note d’ailleurs que la Révolution française naquit dans un café parisien. Après le café, Standage aborde le thé, et plus particulièrement sa relation avec l’Empire britannique. Si le thé était à l’origine consommé en Chine, au Japon et dans d’autres régions d’Asie, il est devenu au XVIIIe siècle une boisson typiquement britannique, à tel point que les anciennes colonies britanniques conservent aujourd’hui des niveaux de consommation de thé parmi les plus élevés au monde. Parallèlement à son analyse de la place du thé dans la révolution industrielle, Standage décrit comment la demande britannique en thé a façonné ses relations avec la Chine et entraîné le déclin de ce qui était autrefois un grand empire. Ainsi, malgré le rôle joué par le thé dans la perte des colonies américaines britanniques – sous la forme de la Boston Tea Party – , la volonté de contrôler le commerce du thé a permis à la Grande-Bretagne de devenir, pour un temps, la nation la plus puissante du monde. La dernière partie de « Une histoire du monde en six verres » traite du développement et de la diffusion mondiale de Coca-Cola et du lien étroit entre cette marque et les valeurs américaines. Il est intéressant de noter que c’est la seule section qui traite d’une marque spécifique – Coca-Cola – plutôt que d’une boisson générique. Tout comme la section sur le thé, l’intérêt de Standage pour Coca-Cola est lié à son intérêt pour l’essor de l’Amérique comme superpuissance mondiale et pour la transformation de Coca-Cola, d’un médicament breveté du XIXe siècle à un symbole de liberté individuelle au XXe siècle. Dans l’épilogue du livre, Standage choisit de considérer l’avenir plutôt que le passé et se demande quelle boisson définira la prochaine étape du développement humain. Son analyse ultérieure de l’eau et du manque d’accès à l’eau potable dans les pays en développement montre comment ce que nous buvons, et comment nous le buvons, continue de refléter les distinctions sociales.
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