L’évolution des instruments à cordes dans la musique classique
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Les instruments à cordes représentent l’une des plus anciennes traditions de la créativité musicale humaine. Des archets les plus simples des chasseurs aux violons les plus complexes des grands maîtres de Crémone, leur développement reflète l’évolution de la musique classique dans son ensemble. La section des cordes est devenue la base de l’orchestre symphonique moderne, et les ensembles à cordes de chambre ont incarné les plus hautes réalisations de l’art de la composition.
Racines anciennes et prédécesseurs médiévaux
Les premiers instruments à cordes ont évolué à partir de l’arc de chasse, lorsque l’homme a découvert qu’une corde tendue pouvait produire des sons musicaux de hauteurs variables. Les premières représentations d’instruments ressemblant à des harpes ont été retrouvées dans des tombes égyptiennes antiques datant de 2800 à 2300 av. J.-C.

Dans l’Antiquité, la cithare et la lyre, ancêtres des instruments à cordes pincées modernes, se sont répandues. La cithare est issue directement de l’arc de chasse : une corde a été progressivement complétée par d’autres, d’épaisseur et de tension variables, permettant de produire des sons de hauteurs variées.
L’Europe médiévale connaissait de nombreux instruments à cordes. La harpe devint l’instrument favori des troubadours et des minnesingers. C’est à cette époque qu’apparut le luth, emprunté à l’Orient arabe, où il était appelé « al’ud » (« bois »). Au XVe siècle, le luth avait acquis la même place dans la vie musicale italienne et espagnole que le piano aujourd’hui.
Les violes, une famille d’instruments à archet qui se sont répandus aux XVe et XVIIe siècles, occupaient une place particulière. Leur timbre était doux et mat, mais leur puissance sonore était faible. Par leur taille, on les distinguait en violes aiguës, altos, ténors, basses et contrebasses.
La naissance d’une famille de violonistes
Une véritable révolution dans l’histoire des instruments à cordes s’est produite à la fin du XVe et au début du XVIe siècle avec l’apparition du violon. On pense que son prédécesseur immédiat était la « lira da braccio », un instrument qui, comme le violon, se tenait à l’épaule.
La formation des principales caractéristiques de la famille du violon est associée à l’activité des maîtres d’Italie du Nord. Deux écoles se sont particulièrement distinguées : celle de Brescia (Gasparo da Salò, Magini) et celle de Crémone (Amati, Guarneri, Stradivari).
Andrea Amati (vers 1505-1577) est considéré comme le fondateur de l’école de violon de Crémone. Son petit-fils Nicolo Amati (1596-1684) perfectionna le violon en créant des instruments de plus grand format (« Grand Amati ») au son amplifié tout en conservant la douceur et la délicatesse du timbre.
L’apprenti de Nicolo Amati était Andrea Guarneri (1626-1698), fondateur de sa propre dynastie d’artisans. Guarneri fut le premier à distinguer les instruments qu’il fabriquait de ceux de ses apprentis, en ajoutant la mention « Sotto la disciplina ».
L’apogée de la lutherie fut l’œuvre d’Antonio Stradivari (1644-1737). Il créa plus de 1 100 instruments, dont environ 720 ont survécu. Les violons de Stradivari se distinguaient par un équilibre idéal entre puissance et beauté sonore, qui en fit une référence encore aujourd’hui.
L’époque baroque et la formation de l’orchestre
À l’époque baroque (1600-1750), la musique se caractérisait par l’affectation et la composition contrapuntique. Les instruments à cordes étaient alors utilisés assez librement ; la musique était transposée à toutes les compositions et à tous les instruments.
Une caractéristique essentielle de l’orchestre baroque était la présence de la basse continue, interprétée par le clavecin ou l’orgue, en collaboration avec le violoncelle ou la contrebasse. Les violons occupaient déjà une place prépondérante dans la hiérarchie orchestrale.
En France, le Chœur des 24 Violons du Roi, créé à la cour de Louis XIV, acquit une importance particulière. Il fut l’un des premiers ensembles à cordes permanents, établissant ainsi les normes de la sonorité orchestrale.
L’art du violon italien a atteint un sommet sans précédent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Giuseppe Tartini (1692-1770) est devenu l’un des plus grands compositeurs de violon. Sa sonate « Le Trille du Diable » représente l’apogée de la musique pour violon du XVIIIe siècle. Tartini a également fondé l’école de violon de Padoue et rédigé des ouvrages méthodologiques sur la technique de jeu.
Les classiques viennois et la révolution de la musique de chambre
L’école classique viennoise (seconde moitié du XVIIIe siècle – premier quart du XIXe siècle) a radicalement transformé le rôle des instruments à cordes. Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven ont créé une musique instrumentale de haut niveau, dotée d’une forme artistique parfaite.
La principale réussite fut la formation du quatuor à cordes en tant que genre musical à part entière. Haydn codifia le quatuor comme une œuvre à quatre voix, établissant une séquence compositionnelle similaire à la structure d’une symphonie. Selon la légende, le quatuor à cordes naquit par hasard, Haydn écrivant de la musique pour les instruments dont il disposait : deux violons, un alto et un violoncelle.
À cette époque, la composition de l’orchestre symphonique avec une section de cordes dominante fut définitivement formée. Les instruments à cordes étaient répartis selon le principe des quatre voix : les premiers violons assuraient la partie de soprano, les seconds violons celle d’alto, les altos celle de ténor, et les violoncelles et contrebasses celle de basse.
Une innovation importante fut l’abandon de la partie de basse continue ; les instruments à cordes et à vent formaient alors la base des accords. Cela contribua à une orchestration plus subtile et plus variée.
Virtuosité romantique
L’époque romantique (XIXe siècle) a apporté une nouvelle compréhension des possibilités expressives des instruments à cordes. Si au XVIIIe siècle le violon était considéré comme la « reine de la scène », il a été supplanté au XIXe siècle par le piano.
Le symbole de l’époque romantique était Niccolo Paganini (1782-1840), un violoniste virtuose qui révolutionna le jeu du violon. Il élargit la tessiture de l’instrument et introduisit de nouvelles techniques de jeu : l’étirement des doigts, les flageolets, le pizzicato de la main gauche et le jeu sur une seule corde. Paganini utilisait également un accordage spécial de l’instrument, élevant la hauteur d’un demi-ton, ce qui produisait un son plus brillant.
La virtuosité de Paganini était si remarquable que nombre de ses œuvres furent longtemps considérées comme ininterprétables. La scène de concert du XIXe siècle a élevé la technique d’interprétation à un niveau sans précédent et a repoussé les limites de l’expressivité des instruments.
Le romantisme a apporté des changements significatifs à l’écriture orchestrale. La composition de l’orchestre symphonique s’est considérablement développée, et de nouveaux instruments à vent sont apparus, exigeant un équilibre plus complexe avec l’ensemble des cordes. Les compositeurs romantiques recherchaient une sonorité programmatique et pittoresque.
La tradition des cordes russes
En Russie, la tradition du quatuor fut établie par A.P. Borodine et P.I. Tchaïkovski, et perpétuée par S.I. Taneyev et A.K. Glazounov. La contribution de Borodine fut particulièrement significative, avec la création de deux quatuors exceptionnels, dont le deuxième comporte le célèbre « Nocturne » en troisième partie.
Le développement de la tradition russe des instruments à cordes est lié aux activités du mécène MP Belyaev, qui organisa les « Soirées de quatuors russes » et instaura un concours annuel récompensant le meilleur quatuor, doté d’une récompense de 500 roubles. Ces événements durèrent jusqu’en 1917 et contribuèrent significativement au développement de la musique de chambre en Russie.
Modernisme et avant-garde du XXe siècle
Le XXe siècle a apporté des changements radicaux au langage musical, qui ont inévitablement affecté la musique à cordes. Le modernisme s’est caractérisé par le rejet de la tonalité traditionnelle et la recherche de nouveaux effets sonores et de nouveaux moyens d’expression.
Les compositeurs de la Seconde École viennoise – Arnold Schoenberg, Alban Berg et Anton Webern – ont radicalement renouvelé l’écriture du quatuor. Leurs œuvres comportaient des touches nouvelles, des techniques de production sonore non conventionnelles, l’atonalité et la technique sérielle.
Dans la musique soviétique, Dmitri Chostakovitch a atteint des sommets dans le domaine du quatuor à cordes. Ses 15 quatuors représentent un phénomène unique dans la musique mondiale du XXe siècle. Chostakovitch projetait de créer un cycle de 24 quatuors dans toutes les tonalités (il a pleinement concrétisé cette idée dans le cycle pour piano de préludes et fugues).
Les quatuors de Chostakovitch se distinguaient par leur profonde perspicacité psychologique, l’utilisation de monogrammes et de leitmotivs, et la synthèse de techniques de composition traditionnelles et modernes. Ils devinrent un symbole de résistance spirituelle aux pressions idéologiques et un exemple de la plus haute maîtrise artistique.
Tendances modernes et innovations technologiques
Le XXIe siècle se caractérise par l’éclectisme et le polystylisme de la musique académique. Les compositeurs modernes combinent librement des éléments de styles et d’époques différents, créant ainsi de nouvelles formes d’expression synthétiques.
Une tendance importante fut la microchromatique – l’utilisation de micro-intervalles inférieurs à un demi-ton. Cela permet d’obtenir une expressivité particulière et d’élargir la palette des moyens d’expression. Des compositeurs comme K. Stockhausen ont systématiquement utilisé 42 gammes différentes, avec une division de l’octave en 13, 15, 17 et 24 degrés.
Les technologies modernes ont ouvert de nouvelles perspectives aux instruments à cordes. Les instruments à cordes électroniques permettent d’élargir considérablement la palette sonore et de créer des timbres fondamentalement nouveaux. Au XXIe siècle, des instruments hybrides, combinant instruments à cordes traditionnels et capacités électroniques, sont apparus.
Préservation des traditions et de la modernité
Malgré les innovations technologiques, les instruments à cordes traditionnels conservent une place centrale dans la musique classique. À Crémone, on compte encore environ 150 ateliers de lutherie, où les instruments sont entièrement fabriqués à la main selon des techniques ancestrales. En 2012, le savoir-faire des luthiers de Crémone a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
L’École internationale de lutherie de Crémone forme environ 140 étudiants, dont 80 % sont étrangers. Pendant quatre ans, les étudiants apprennent les techniques traditionnelles de lutherie, dans la continuité des grands maîtres du passé.
Les interprètes modernes continuent de découvrir de nouvelles possibilités offertes par les instruments traditionnels. De nouvelles techniques de jeu sont développées, les frappes et les méthodes d’extraction du son sont enrichies, et des œuvres de différentes époques et styles sont maîtrisées.
Les instruments à cordes de la musique classique ont parcouru un long chemin, des archets les plus simples aux modèles modernes les plus complexes. Chaque époque a apporté son lot d’innovations et de découvertes, mais la quête du son idéal et de l’expression artistique parfaite est restée inchangée. Aujourd’hui, la section des cordes reste le cœur de l’orchestre symphonique, et la musique de chambre pour cordes est l’un des sommets de l’art compositeur, alliant traditions séculaires et recherches artistiques modernes.
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