Dans la cuisine d’une française âgée a découvert un chef-d’œuvre de la Renaissance de Cimabue Automatique traduire
PARIS - Des historiens de l’art affirment avoir découvert dans la cuisine d’une vieille dame, à son domicile près de Paris, un chef-d’œuvre de Cimabue, le peintre florentin surnommé «le père de la Renaissance».
Eric Turquin, spécialiste des maîtres anciens, estime que «Le supplice du Christ», une peinture à la détrempe du XIIIe siècle sur panneau de bois de l’artiste, vaut entre 4 et 6 millions d’euros.
L’œuvre représentant la Passion du Christ appartenait à une vieille dame de Compiègne, dans le nord de la France. Elle était accrochée entre la cuisine et le salon, juste au-dessus de la cuisinière. On ignore comment cette femme anonyme, qui ne quitte pas son domicile et est placée sous tutelle, a pris possession de l’œuvre, qu’elle pensait n’être qu’une vieille icône religieuse.
Dominique Le Coënt-de Beaulieu, directeur de la maison de vente Actéon, a déclaré qu’un juge avait convoqué son collègue en juin, après que la femme eut été placée dans un établissement de soins. On ignore si l’œuvre a été présentée à d’autres experts de la Renaissance pour en vérifier l’authenticité. Cependant, la maison de vente aux enchères a déjà qualifié la découverte de la détrempe sur feuille d’or sur un panneau de peuplier «de découverte majeure pour l’histoire de l’art occidental», étant donné la rareté des œuvres de Cimabue, qui a formé Duccio et Giotto.
La peinture ferait partie d’un grand diptyque datant de 1280, où Cimabue a peint huit scènes représentant la torture et la crucifixion du Christ.
Les historiens ne reconnaissent qu’une douzaine d’œuvres sur le panneau comme étant sans équivoque de sa main, bien qu’aucune ne soit signée. Plusieurs peintures de Cimabue ont été perdues lors de guerres, d’inondations et de tremblements de terre.
M. Le Cointe-de-Beaulieu a déclaré que son collègue avait compris que l’œuvre avait quelque chose de spécial grâce à l’émotion qui se lisait sur le visage du Christ, dépeint avec plus d’art que d’autres peintures byzantines célèbres qui l’ont précédée.
«Cimabue a été le premier à présenter de tels personnages dans le monde des mortels avec une telle émotion. Ici, l’émotion est palpable», a-t-il déclaré. Il a fallu quelques mois à M. Torkin pour confirmer la provenance de l’œuvre.
Deux autres scènes issues d’œuvres de cette série sont «La Vierge à l’enfant et deux anges» (conservée à la National Gallery de Londres) et «La Perle du Christ» («The Frick Collection» à New York).
La scène de la National Gallery a également été perdue pendant plusieurs siècles et n’a été découverte que lorsqu’un aristocrate britannique effectuait des recherches sur son héritage du Suffolk. Il a fait don du chef-d’œuvre à la nation en 2000 après qu’un expert de Sotheby’s l’ait découvert lors d’une expertise de routine. On pense que l’œuvre a survécu à un grand incendie dans les années 1920, lorsqu’elle se trouvait parmi des piles de meubles et de livres sauvés par des domestiques d’une maison en flammes et qu’elle s’est retrouvée dans une montagne de ferraille sur la pelouse.
En ce qui concerne cette dernière découverte choc, une étude infrarouge a montré qu’«il n’y a aucun doute que la peinture a été réalisée par la même main» que d’autres œuvres célèbres de Cimabue, a déclaré l’historien de l’art Eric Turkin.
Pour contrer les sceptiques qui évoqueraient l’étrange coïncidence qui a permis à M. Turkin de tomber sur deux chefs-d’œuvre en France au cours des cinq dernières années, M. Le Cointe-de-Beaulieu a mentionné l’existence d’une autre preuve de provenance : l’œuvre avait été jointe à une autre exposée à la National Gallery avant qu’un collectionneur français ne les sépare l’une de l’autre.
«Les traces d’encadrement d’origine, les petits points ronds réalisés avec le même type de tampon, le style d’ornementation dorée correspondant au dos de chaque panneau et leur état similaire confirment que ces panneaux formaient un diptyque», précise la maison de vente. «Malgré quelques retouches minimes sur les yeux et une mèche de cheveux du Christ, ainsi que le repeint du long bâton au-dessus de la tête du Christ, la surface peinte est généralement en excellent état, malgré la saleté importante qui s’est accumulée avec le temps.»
L’analyse a également révélé «le motif sous-jacent». L’œuvre sera mise en vente le 27 octobre à l’Acteon de Sanlis, au nord de Paris. Le produit de la vente sera remis à la femme. On ignore si elle a des héritiers.
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