Impressionnisme: Histoire ancienne Automatique traduire
L’histoire de l’impressionnisme ne peut se limiter à quelques manifestations publiques, ni même à l’histoire de carrières individuelles exceptionnelles. C’est à la fois un penchant et une envie qui s’affirment progressivement, un bouleversement soudain qui, au-delà des changements visibles, a une résonance profonde et durable dont on ne réalise la nature que des années plus tard. Dans la création d’une riche tapisserie, la trame n’apparaît clairement qu’après le lent processus de pose des nombreux fils de chaîne.
A l’exception de Camille Pissarro, né aux Antilles en 1830, tous les artistes qui composent le groupe impressionniste sont nés en moins d’une décennie - entre 1832 et 1841.
❶ Origines et influences
❷ Histoire ancienne
❸ Impressionniste Édouard Manet
❹ Impressionniste Claude Monet
❺ Impressionnistes Renoir, Sisley, Pissarro, Degas, Cézanne
❻ Monet et Pissarro à Londres
❼ Développement de la peinture impressionniste
❽ Expositions impressionnistes
❾ Regroupement
❿ Héritage
La plupart étaient des Parisiens et leurs familles, appartenant à la classe moyenne aisée : Édouard Manet (né en 1832) ; Edgar Degas (1834) ; Alfred Sisley, anglais (1839) ; Claude Monet (1840), bien que son enfance et sa jeunesse se soient déroulées au Havre ; Armand Guillaumin (1841). Paul Cézanne (1839), provençal, de lointaine origine italienne ; Pierre-Auguste Renoir (1841), plus modeste, originaire de Limoges, venu à Paris en 1845 ; Frédéric Bazille (1841), montpelliérain. Bertha Morisot (1841) est née à Bourges, où son père était préfet. A ces noms s’ajoutent ceux d’Henri Fantin-Latour (1836), originaire de Grenoble, et de James McNeil Whistler (1834), américain. Parmi les autres générations, citons Paul Gauguin (1848), Vincent van Gogh (1853), Henri-Edmond Cross (1856), Georges Seurat (1859), Paul Signac (1863) et Henri de Toulouse-Lautrec (1864).
Il est également utile de revenir quelques années en arrière et de voir où ont commencé ceux qui sont associés à la naissance de l’impressionnisme, qui ont anticipé ou prévu son émergence. Ils sont nés vers ou un peu avant 1820 : Théodore Rousseau en 1812 ; Jean-François Millet en 1814, près de la Manche ; Charles-François Dubigny en 1817 ; le Hollandais Johan Barthold Jongkind en 1819, tout comme Gustave Courbet d’Ornans. Charles Baudelaire est né en 1821, Eugène-Louis Boudin en 1824, à Honfleur. Enfin, rappelons que Corot (1796) et Delacroix (1798) appartiennent au siècle précédent.
Il y a une série de rencontres entre un artiste et un autre, d’abord accidentelles ou par relations, et bientôt ces rencontres se développent et s’organisent. Si l’origine de la plupart de ces artistes impressionnistes est la bourgeoisie parisienne, qui leur donne à voir la société nouvelle au moment où elle prend toutes les dimensions dont parlait Balzac, le rapport avec la campagne dans les rudes et nobles travaux des champs, avec les grandes forces naturelles de la forêt et de la mer, suffit à rendre leur art plus vivant.
L’exotisme ne leur est pas non plus étranger et, avant de trouver chez Gauguin un accomplissement hautement symbolique, leur offre des sources précieuses. Delacroix a trouvé en Afrique du Nord un climat non malsain qui l’a élevé au-dessus de lui-même. On ne peut manquer de reconnaître l’importance du séjour du jeune Pissarro aux Antilles, qui lui inspire ses premières œuvres, du voyage de Manet comme apprenti marin au Brésil en 1849 (qui rappelle le voyage du jeune Baudelaire dans les îles de l’océan Indien en 1842), des deux années de service militaire de Monet en Algérie en 1861 et 1862, dont il garde un merveilleux souvenir, ou du voyage de Degas à la Nouvelle-Orléans en 1872 pour rendre visite à la famille de sa mère.
Toutes ces vies si différentes commencent à converger après 1850, lorsque Manet, de retour d’une vaine tentative de devenir marin, reçoit de ses parents la permission de suivre sa vocation artistique et entre dans l’atelier de Thomas Couture, rue Laval. À l’époque, les professeurs de l’École des Beaux-Arts disposaient d’ateliers privés dans lesquels les élèves pouvaient entrer s’ils souhaitaient recevoir un enseignement exclusif dans une matière.
Couture, triomphant au Salon de 1847 avec ses «Romains de la décadence», volumineux, non dépourvu d’humour, autodidacte à la pratique fructueuse, donne des leçons essentiellement techniques mais non dénuées de mérite. Il préconise notamment la simplicité des tons et l’utilisation de couleurs pures sans mélange. Son tempérament, gâté par le développement rapide des idées modernes, le conduit ensuite à des accès de mauvaise humeur, dans lesquels il manifeste sa jalousie à l’égard de Delacroix, par exemple, et son hostilité à toute innovation ; mais il ne peut sérieusement prétendre être un dogmatique. Manet le tolère pendant six ans, en précisant d’emblée qu’ils ont des conceptions différentes, et s’impose avec autorité et charme à ses condisciples comme un chef de file et un novateur.
Les premières réunions des impressionnistes à Paris
La date des premières rencontres est considérée comme étant 1855. Une section importante des beaux-arts apparaît pour la première fois à l’Exposition universelle de Paris, à laquelle participent 28 pays. «Les trois tableaux de John Everett Millais sont sans doute les plus remarquables de l’Exposition universelle, et il est impossible au visiteur le plus insouciant de ne pas s’y arrêter», écrit Théophile Gautier devant les tableaux des préraphaélites anglais .
De nombreux artistes allemands et espagnols sont également représentés ici. La contribution française est importante. Delacroix domine la salle centrale avec trente-cinq tableaux choisis parmi les œuvres les plus importantes de son œuvre. Engr occupe une salle séparée (indiquant sa préférence pour l’intimité) avec quarante peintures et de remarquables dessins. Corot et Rousseau sont assez bien représentés, Daubigny, Jongkind et Millais occupent une place d’honneur. Malgré la place occupée par les artistes de l’Institut et le grand nombre de médailles qu’ils ont reçues (Couture, Jérôme, Cabanel, Bouguereau, Meissonier), les artistes indépendants et les différents courants sont assez bien placés. Seul Courbet, qui s’est retiré du concours parce que le jury a refusé deux de ses tableaux, est absent ; mais il dispose d’un pavillon privé, le «Pavillon du réalisme», construit à ses frais, qui présente une liste impressionnante de ses œuvres jusqu’à la toute récente synthèse «Atelier» - «Véritable allégorie marquant une étape dans sa vie artistique de sept ans». Si le grand public ignorait ou se désintéressait de cette exposition, les artistes avaient tendance à s’y rendre, et Delacroix s’y voyait plongé dans la réflexion.
La vieille rivalité entre Engra et Delacroix semble enfin terminée. Chacun s’était plongé dans ses propres idées et s’était consacré entièrement à son art, sans succomber à des influences momentanées. Engr, bien que membre de l’Académie depuis trente ans, avait cessé d’établir sa dictature rigide ; il n’exposait plus au Salon depuis longtemps et, en raison du mauvais accueil réservé à son «Saint Symphorien» en 1834, il avait cessé d’être membre du jury. Son œuvre prend une résonance nouvelle, elle a quelque chose qui plaît à tout le monde.
Le jeune Edgar Degas, qui vient de quitter le barreau pour se consacrer à l’art, grand admirateur de Delacroix, vénère également Engrand, qui lui a été présenté par Monsieur Valpignon, ami de son père banquier. Avant de partir pour l’Italie, Degas se rend dans l’atelier d’un élève d’Engrand, Louis Lamothe, pour étudier l’art classique et primitif d’après des originaux.
La même année, en 1855, Camille Pissarro arrive des Antilles. Il va voir Corot, qui le reçoit amicalement, puis s’inscrit à l’École des Beaux-Arts, dans l’atelier de Lehmann, autre élève d’Engr, mais ne reste pas longtemps. James Whistler arrive également par Le Havre, et s’inscrit en 1856 dans l’atelier de Glair. En fait, l’enseignement officiel est devenu sclérosé et chaotique et le démontre. Tous les jeunes artistes qui n’ont eu d’autre choix que de s’inscrire à l’école la quittent rapidement, ou du moins rejettent son manteau doctrinal sans se plaindre.
Tout le monde s’émerveille des nouvelles voies ouvertes par des hommes comme Courbet et Corot. Les vraies valeurs s’affirment et il devient évident que le problème du moment est celui posé par Courbet et ses amis écrivains. En 1856 Duranty ouvre une revue «Réalisme». Des discussions animent le café. A «Taranne» on rencontre Fantin-Latour et ses amis, à «Fleurus» les élèves de Glair. Mais le véritable centre est «la Brasserie de Martyr», où Courbet préside, entouré de Baudelaire, Champfleury, Banville et Castagnari.
Les artistes travaillent avec ardeur au Louvre, étudiant des exemples de peinture. Manet, Fantin-Latour et Whistler se retrouvent dans ces salles ou dans l’atelier libre ouvert sur le quai des Orfèvres à l’Académie suisse, où ils peuvent trouver des modèles sans être corrigés. Fantin-Latour vient de l’atelier de Lecoq de Boisbaudrand, qui encourageait ses élèves à exercer leur mémoire visuelle et à chercher dans la vie réelle des modèles de mouvements.
En 1857, Manet vient demander à Delacroix l’autorisation de copier le tableau «Dante et Virgile en enfer», conservé au Musée national. Mais ce sont surtout les Vénitiens qui l’inspirent. «Peu à peu, note Antonin Proust, il supprime les demi-teintes. Le passage immédiat de l’ombre à la lumière est son souci constant. Chez Titien, les ombres lumineuses le ravissent». Ses copies sont déjà des transpositions, où il s’attache à déterminer la structure sans s’attarder sur des nuances inutiles.
Pourtant les signes de nouveauté, les antidotes, se multiplient. En 1856, le graveur Braquemond acquiert des estampes japonaises Ukiyo-e de Hokusai (1760-1849) et ouvre bientôt, rue de Rivoli, une boutique d’objets d’Extrême-Orient où l’on apprend la différence entre l’art chinois et l’art japonais.
En 1857, Whistler se rend à Manchester, où sont exposés quatorze tableaux de Vélasquez, authentiques ou supposés tels. Il y a peu d’œuvres de cet artiste au Louvre ; Manet en a déjà copié une qui lui est attribuée. Peu après, un ballet espagnol, composé de chanteurs et de danseurs, arrive à Paris, et il y trouve une vive inspiration. Lors d’un voyage en Hollande, il copie Rembrandt .
En 1859, tous les jeunes artistes soumettent leurs œuvres pour participer au Salon de Paris (qui a lieu tous les deux ans). Le tableau de Manet «L’amant de l’absinthe», malgré le soutien de Delacroix, est rejeté. Fantin-Latour, Whistler et même un artiste reconnu comme Millais n’ont pas eu de chance. Seul Pissarro est accepté à la suite de Corot. Le jury est si injuste que le peintre François Bonvin, qui favorise les jeunes, décide d’exposer dans son atelier quelques-uns des tableaux refusés. Courbet visite l’atelier et est impressionné par les œuvres de Whistler et de Fantin-Latour, qu’il invite à le rejoindre.
Claude Monet
Le jeune peintre Claude Monet vient d’arriver à Paris pour le Salon de 1859. Après une enfance turbulente et vagabonde, il est devenu apprenti au Havre. Peignant habilement, il se fait un nom en caricaturant les habitants, jusqu’à ce qu’il rencontre Eugène Boudin . Ce dernier lui conseille poliment d’élargir ses horizons et de se familiariser avec les merveilles de la nature, du ciel et de la mer.
Boudin était lui-même simplicité et sensibilité, il se soumettait humblement à ses impressions qui lui procuraient un tel plaisir qu’il les réalisait avec un souci du détail qui conduisait parfois à une réduction du sujet, mais gardait toujours une fraîcheur et une pureté surprenante.
Dans un premier temps, il fabrique des cadres et vend des matériaux à des artistes de passage, notamment Trouillon et Millais. Il suit leurs conseils et reste en contact avec eux. Une bourse de la ville lui permet de séjourner à Paris, mais cela ne change en rien sa manière de travailler directement en plein air, selon des principes élémentaires qu’il expose avec clarté et bon sens et qui peuvent se résumer ainsi : obéir à la nature, suivre la première impression, qui est toujours la bonne.
Monet fut rapidement séduit par la simplicité et la gentillesse du vieillard et se sentit exceptionnellement heureux de suivre ses conseils. «C’était comme si un voile s’était retiré. J’ai compris ce que pouvait être la peinture». Courbet, qui s’est rendu au Havre avec son ami Channes, découvre à son tour les marines de Boudin. Il rencontre l’artiste qui l’emmène à la ferme de Saint-Siméon à Honfleur pour admirer le magnifique panorama de l’estuaire de la Seine. Ils y rencontrent Baudelaire, qui s’extasie lui aussi sur l’œuvre de Boudin et ajoute à son «Salon» de 1859 un commentaire vantant les «beautés météorologiques» des pastels de Boudin.
Au Salon, Monet découvre avec grand intérêt les œuvres de Dubigny, Corot, Rousseau et autres géants de la peinture française . Il répugne aux cours de l’École des Beaux-Arts et préfère l’Académie Suisse, où il rencontre Pissarro. Il fréquente «la Brasserie de Martyr» et entre peu à peu dans le monde des jeunes peintres. Au début de l’année 1860, une exposition privée d’œuvres de Delacroix, Corot, Courbet et des Barbizoniens, fournies par des collectionneurs privés, s’ouvre sur le boulevard des Italiens. C’est un exemple précieux pour tous. Dès que le temps le permet, Monet se rend à Champigny-sur-Marne pour travailler en plein air.
Pissarro commence également à travailler dans les environs de Paris. A l’Académie suisse, il rencontre deux nouveaux venus, Cézanne et Guillaumin. Le premier, qui a étudié le droit à Aix, a réussi à rejoindre à Paris son ami d’enfance Emile Zola et entreprend consciencieusement de préparer son entrée à l’École des Beaux-Arts. On peut le voir à l’Académie tous les matins de six à onze heures, timide et solitaire, mais caractérisé par sa détermination et sa vigueur d’exécution. Cependant, il n’est pas admis à l’école et, découragé, il retourne à Aix et entre dans la banque familiale. Monet, quant à lui, est enrôlé dans le service militaire. Refusant l’offre de sa famille de le racheter s’il revient au Havre, il part de son propre chef pour l’Algérie. ««Vous ne pouvez pas vous imaginer, dira-t-il un jour, combien j’ai appris là-bas et combien ma vue s’est améliorée. L’impression de lumière et de couleurs que j’y ai reçue, je n’ai pu la réaliser que plus tard, mais les germes de mes études futures étaient là». Pour en savoir plus sur l’attitude des impressionnistes à l’égard de la lumière et de la couleur, voir : Caractéristiques de la peinture impressionniste 1870-1910
En 1861, Delacroix achève les fresques de Saint-Sulpice, où il utilise de grands coups de pinceau séparés qui, de loin, créent l’effet de se fondre en un tout et donnent plus de puissance et de fraîcheur aux couleurs des fresques, qui avaient toujours été quelque peu ternes. Fantin-Latour, qui maîtrise déjà très bien les couleurs grises, en vient à admirer les nuances nuancées de Delacroix.
Manet, quant à lui, s’oriente vers une peinture de contrastes. Au Salon, il expose un double portrait de ses parents et le premier de ses thèmes espagnols, «Guitariste». Cette fois, il reçoit une mention honorable. Son amitié avec Baudelaire, qu’il a rencontré dans la maison du commandant de Lejosne, devient très étroite. Elle se manifeste sous plusieurs formes spécifiques : inspiration d’un poème en prose «La Corde» tiré d’un incident dans l’atelier de Manet (le suicide de l’adolescent qui a servi de modèle pour «L’Enfant aux cerises») ; quatrain écrit par Baudelaire sous le portrait de Lola de Valence. La quasi-totalité de l’œuvre de Manet de ces années est projetée dans les lettres de Baudelaire. Proclamant la modernité de la vision et le remplacement des éléments du présent par les conventions de la fiction, le poète trouve rapidement une réponse, et quelle réponse, dans la peinture de Manet. Une affinité directe, presque une parenté physique, s’établit entre l’écrivain et l’artiste, alors que l’admiration de Baudelaire pour Delacroix reste à un niveau purement intellectuel, et que la présence de Baudelaire dans les œuvres de Courbet est accessoire.
Note : Sur le critique d’art qui a donné leur nom aux impressionnistes, voir : Louis Le Roy (1812-1885).
Nous remercions Jacques Lassagne pour l’utilisation d’un extrait de «L’impressionnisme» (1966).
- The pavilion of Islamic art opened in the Louvre
- Colegio Nacional Irlandés de Arte y Diseño (NCAD)
- «The Homecoming» by Harold Pinter
- «I Am the People, the Mob» by Carl Sandburg
- Russia-India: garden of friendship
- «The Brief Wondrous Life of Oscar Wao» by Junot Díaz
- «Sister Carrie» by Theodore Dreiser
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