Foudre en boule :
réalité ou mythe ?
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La foudre en boule demeure l’un des sujets les plus mystérieux et controversés de la physique atmosphérique moderne. Ce phénomène, un objet sphérique lumineux observé lors des orages, attire l’attention des scientifiques, chercheurs et observateurs du monde entier depuis des siècles. Malgré des milliers de témoignages et des dizaines de modèles théoriques, la nature de la foudre en boule reste inexpliquée, ce qui en fait l’un des phénomènes les plus fascinants de la science moderne.
2 Observations modernes et témoignages oculaires
3 Théories et modèles scientifiques
4 Hypothèses controversées et critiques
5 Preuves physiques et traces matérielles
6 Expériences en laboratoire et reproduction artificielle
7 État actuel de la recherche
8 Sécurité et aspects pratiques
9 Importance pour la science moderne
Contexte historique et premières descriptions
L’étude de la foudre en boule remonte à plusieurs siècles. La première observation documentée en Angleterre fut faite par le moine bénédictin Gervasius de la cathédrale de Canterbury en 1195, où il décrivit « un signe merveilleux descendant près de Londres » : un épais nuage sombre d’où émergeait une substance blanche de forme sphérique.

L’étude systématique du phénomène a débuté au XIXe siècle grâce au physicien et astronome français François Arago, qui fut le premier à recueillir et à systématiser les témoignages oculaires. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, il a décrit une trentaine de cas d’observation de foudre en boule. Nombre de ses contemporains ont rejeté la foudre en boule, la considérant comme une illusion d’optique, ce qui a considérablement limité l’intérêt scientifique pour ce phénomène.
Durant la période soviétique, les académiciens Piotr Kapitsa et Igor Stakhanov ont apporté des contributions significatives à l’étude de ce phénomène. Kapitsa a suggéré que les boules lumineuses pourraient être des décharges de gaz se déplaçant le long des lignes de force d’une onde électromagnétique générée lors d’un orage.
Observations modernes et témoignages oculaires
Selon les estimations modernes, environ une personne sur 150 déclare avoir vu des éclairs en boule. Les observations typiques décrivent des objets lumineux d’environ 20 centimètres de diamètre, bien que leur taille puisse varier de quelques centimètres à plusieurs mètres. La durée d’apparition de ces objets varie généralement de quelques secondes à plusieurs minutes.
Les témoins ont décrit des caractéristiques telles que la capacité des objets à se déplacer horizontalement, à flotter dans les airs, à traverser les murs et les fenêtres sans dommage visible, et à produire des sifflements et une odeur d’ozone caractéristique. De nombreux témoins font état de profonds effets psychologiques suite à cette observation, allant de la stupeur à une peur intense.
Le professeur Anatoly Nikitin de l’Académie des sciences de Russie décrit un incident survenu en 1948 à Touchino, où Ida Naboko, 17 ans (plus tard physicienne et mathématicienne), a observé un objet pulsant rouge-bleu-violet de 15 à 20 centimètres de diamètre qui s’est déplacé vers une ligne électrique et a explosé au contact d’un poteau métallique, laissant des traces de métal oxydé.
Théories et modèles scientifiques
De nombreuses théories tentent d’expliquer la nature de la foudre en boule. Les principaux domaines de recherche incluent les modèles de plasma, les théories électromagnétiques, les hypothèses chimiques et les modèles basés sur les nanoparticules.
Modèles plasma et électromagnétiques
L’une des théories les plus avancées suggère que la foudre en boule est une formation de plasma. Le modèle de Shironosov repose sur la nature résonante du phénomène, où le plasma est maintenu par ses propres champs magnétiques de plusieurs dizaines de mégaoersteds. Selon cette théorie, la foudre en boule est un plasma autostable doté d’un mouvement ordonné et synchrone de particules chargées.
La théorie des micro-ondes relativistes proposée par Wu explique la formation de la foudre en boule par l’action d’un faisceau d’électrons relativistes, qui génère un rayonnement micro-ondes intense. Ce rayonnement ionise l’air, et la pression de rayonnement crée une bulle de plasma sphérique qui retient le rayonnement de manière stable.
Modèle de nanoparticules de silicium
La théorie largement connue d’Abrahamson et Dinniss suggère que la foudre en boule se forme lorsqu’un éclair ordinaire frappe le sol, vaporisant les minéraux du sol. Le carbone présent dans le sol réduit les oxydes de silicium en silicium élémentaire, créant un gaz d’atomes de silicium énergétiques. Ceux-ci se recombinent ensuite en nanoparticules ou filaments qui, flottant dans l’air, réagissent avec l’oxygène, libérant chaleur et lumière.
Des expériences en laboratoire menées par Paiva et ses collègues ont démontré la possibilité de créer des boules lumineuses par décharge électrique à travers du silicium pur. Les objets ainsi obtenus possédaient de nombreuses propriétés attribuées à la foudre en boule naturelle, notamment une durée de vie de plusieurs secondes.
Approches expérimentales modernes
Des chercheurs de l’Institut Max Planck ont créé des boules de plasma incandescent de 10 à 20 centimètres de diamètre, flottant au-dessus de l’eau et durant environ une demi-seconde. Des physiciens de l’Université d’État de Moscou ont développé un modèle selon lequel la foudre en boule ressemble fortement à une montgolfière remplie de gaz chaud.
Une équipe de l’Université de Tel Aviv a utilisé une « foreuse à micro-ondes » – un appareil alimenté par un magnétron de 600 watts – pour créer des analogues en laboratoire. L’énergie de la foreuse a créé un point chaud en fusion dans un objet solide. Lorsque la foreuse a été retirée, une partie de la matière surchauffée a été extraite, formant une colonne de feu qui s’est ensuite transformée en une boule brillante et incandescente.
Hypothèses controversées et critiques
Théorie des hallucinations magnétiques
Les scientifiques autrichiens Josef Peer et Alexander Kendl, de l’Université d’Innsbruck, ont proposé une explication alternative à certains phénomènes de foudre en boule observés. Ils ont étudié les effets des champs magnétiques générés par les décharges de foudre sur le cerveau humain.
Selon leur hypothèse, les phosphènes – images visuelles qui apparaissent lorsqu’ils sont exposés à de forts champs électromagnétiques – se forment dans les centres visuels du cortex cérébral. Les chercheurs comparent cet effet à la stimulation magnétique transcrânienne, où des impulsions magnétiques déclenchent des phosphènes.
Des calculs montrent que les fluctuations du champ magnétique peuvent provoquer des hallucinations d’objets ronds et lumineux chez les observateurs situés à 20-200 mètres d’un coup de foudre. Les scientifiques estiment que dans environ 1 % des cas de contact rapproché avec la foudre, un champ magnétique fluctuant peut déclencher des hallucinations.
Limites de la théorie des hallucinations
Les critiques soulignent que la théorie des hallucinations magnétiques ne peut expliquer tous les aspects du phénomène. Les brûlures graves et les décès attribués à la foudre en boule nécessitent une explication matérielle. De plus, les hallucinations ne peuvent expliquer les traces physiques laissées par la foudre en boule – dommages au verre, aux surfaces métalliques et autres matériaux.
Preuves physiques et traces matérielles
L’un des arguments clés en faveur de l’existence réelle de la foudre en boule est le fait que des cas documentés de dommages matériels et de traces physiques ont été observés.
Analyse spectrale de 2012
Une avancée majeure a été réalisée en 2012 par des scientifiques chinois de l’Université normale du Nord-Ouest de Lanzhou. En étudiant la foudre ordinaire sur le plateau du Qinghai, ils ont accidentellement enregistré le spectre et la vidéo haute vitesse d’une foudre en boule. Un objet d’environ 5 mètres de diamètre est apparu immédiatement après que la foudre a frappé le sol, à 900 mètres des instruments.
L’analyse spectrale a révélé des raies d’émission de silicium, de fer et de calcium, éléments attendus dans les minéraux du sol selon la théorie d’Abrahamson. Il s’agissait de la première confirmation instrumentale de la composition de la foudre en boule et corroborait indirectement l’hypothèse des nanoparticules de silicium.
Cas de destruction et de dommages
Les cas documentés d’impact physique dû à la foudre en boule incluent la destruction de bâtiments, des dommages aux équipements électroniques et des blessures corporelles. En 2013, dans le village de Mogsokhon, dans le district de Kizhinginsky en Bouriatie, la foudre en boule a pénétré le toit d’une maison et a explosé à l’intérieur, détruisant la moitié de la structure. Le propriétaire a été grièvement blessé et les appareils électroménagers des voisins ont été endommagés.
Un incident similaire s’est produit en 2021 dans le village de Medvedka, dans la région de Perm, où la foudre en boule est entrée dans une maison par une fenêtre, a traversé toutes les pièces et est sortie par une autre fenêtre, laissant des plafonds et des cadres de fenêtres carbonisés.
Analyse des dommages au verre
Des scientifiques polonais ont mené une étude détaillée des dommages causés aux fenêtres par la foudre en boule. En 2001, dans le village de Rozkopaczów, la trajectoire de l’objet a été analysée en fonction de la nature des dommages causés à deux fenêtres. L’analyse des lignes de Wallner à la surface des fissures radiales a permis de déterminer la direction de la force ayant causé la rupture du verre.
L’étude a révélé que l’objet avait percuté les fenêtres depuis l’extérieur, ce qui contredisait les témoignages de témoins oculaires faisant état d’une foudre en boule se déplaçant dans la pièce. Les scientifiques ont émis l’hypothèse de l’existence d’un noyau solide au sein de la foudre en boule, capable d’impact mécanique et d’explosion.
Expériences en laboratoire et reproduction artificielle
De nombreux groupes de recherche du monde entier ont tenté de créer des analogues de la foudre en boule en laboratoire. Les expériences les plus réussies font appel à des rayonnements micro-ondes, à des décharges électriques dans l’eau et à l’exposition à divers matériaux.
Expériences sur les micro-ondes
Une équipe de l’Université de Tel Aviv a créé une « foreuse à micro-ondes » utilisant un magnétron de 600 watts. En dirigeant un faisceau à travers une tige pointue vers un objet solide en verre, en silicium ou autre matériau, on a créé un point chaud en fusion. Lorsque la foreuse a été retirée, une partie du matériau surchauffé a été extraite, formant une colonne de feu, qui s’est ensuite effondrée en une boule brillante et incandescente d’un peu plus de 2,5 cm, pendant environ 10 millisecondes.
Des physiciens russes de l’Institut Kapitsa ont mis au point un dispositif permettant de créer des plasmoïdes lumineux à la surface de l’eau grâce à une décharge électrique. L’expérience repose sur un concept russe, développé scientifiquement dans l’ancien laboratoire berlinois de l’institut, où des méthodes de diagnostic plasmatique étaient utilisées.
Recherche sur les nanoparticules
Une équipe de l’Installation européenne de rayonnement synchrotron a utilisé la diffusion des rayons X aux petits angles pour étudier la structure interne de boules de feu générées artificiellement. Les résultats ont révélé la présence de nanoparticules chaudes d’une taille moyenne de 50 nanomètres et d’une fraction volumique d’environ 10^-7, persistant deux secondes après l’extinction de la source micro-ondes.
État actuel de la recherche
Malgré des siècles d’études, la nature de la foudre en boule demeure un mystère. L’absence de théorie généralement acceptée s’explique par la complexité, la rareté et la courte durée du phénomène. Les chercheurs modernes continuent de recueillir des témoignages, de mener des expériences en laboratoire et d’élaborer des modèles théoriques.
Richard Sonnenfeld, de l’Institut de technologie du Nouveau-Mexique, et Carl Stephan, de l’Université d’État du Texas, ont créé un site web pour recueillir des témoignages afin de mieux comprendre les caractéristiques fondamentales du phénomène. Ils comparent ces données avec celles des radars météorologiques afin de caractériser les facteurs contribuant à la formation de la foudre en boule.
Approches théoriques les plus récentes
Les théories modernes incluent des modèles basés sur la matière noire, qui considèrent la foudre en boule comme une manifestation d’amas de quarks axioniques. D’autres études suggèrent un lien avec les monopôles magnétiques pour expliquer les caractéristiques énergétiques du phénomène.
Le modèle du condensateur électrique dynamique décrit la foudre en boule comme un ensemble d’éléments chargés positivement au sein d’une enveloppe sphérique de molécules d’eau polarisées. Selon ce modèle, le condensateur dynamique représente un système d’électrons et d’ions en mouvement cyclique.
Sécurité et aspects pratiques
La foudre en boule peut représenter un grave danger pour les personnes et les biens. Des brûlures, des décharges électriques, voire des décès, ont été constatés suite à un contact avec ce phénomène. Les ondes radio haute fréquence de la foudre en boule, de l’ordre de 1 à 10 centimètres, peuvent être absorbées par l’eau liquide, ce qui, au contact du corps, peut provoquer un échauffement du sang et une rupture des tissus musculaires.
Les recommandations de sécurité incluent la fermeture des fenêtres et des portes pendant les orages afin d’éviter les courants d’air susceptibles d’attirer la foudre en boule. Lors de l’observation d’un objet lumineux, il est recommandé de rester calme, d’éviter les mouvements brusques et de s’en tenir éloigné.
Importance pour la science moderne
L’étude de la foudre en boule est essentielle au développement de la physique des plasmas, de l’électricité atmosphérique et de la compréhension des états extrêmes de la matière. La reproduction réussie du phénomène en laboratoire pourrait ouvrir la voie à de nouvelles technologies dans les domaines de l’énergie, du traitement des matériaux et de la technologie des plasmas.
La recherche contribue également au développement de méthodes de protection contre la foudre dans les secteurs de l’aviation et de l’énergie. Comprendre les mécanismes de formation et le comportement de la foudre en boule peut contribuer à la création de systèmes de protection contre la foudre plus efficaces pour les bâtiments et les équipements électroniques.
Le phénomène de la foudre en boule demeure l’un des plus grands mystères de la physique moderne. Des milliers de témoignages, des preuves physiques de dommages et les premières mesures instrumentales démontrent de manière convaincante la réalité du phénomène. Cependant, l’absence d’une théorie unifiée expliquant toutes les caractéristiques observées laisse de nombreuses questions ouvertes.
Des expériences modernes en laboratoire démontrent la possibilité de créer des objets ressemblant visuellement à la foudre en boule, mais leur lien avec ce phénomène naturel demeure incertain. Des recherches complémentaires, combinant modélisation théorique, expériences en laboratoire et collecte systématique de données d’observation, sont nécessaires pour résoudre définitivement ce mystère scientifique.