Vanitas Vanitatum Et Omnia Vanitas Evert Collier (1640-1707)

Lœuvre présente un agencement réfléchi dobjets disposés sur une table drapée dun tissu rouge foncé, presque noir. Au premier plan, un livre ouvert, dont les pages semblent usées par le temps, est posé à plat. On distingue quelques caractères, suggérant un texte en langue étrangère, peut-être germanique, avec la mention ENGELANDT. À côté, un monocle repose sur un chapeau de voyage, dun rouge vif, lui aussi témoignant dun usage passé. Un autre objet cylindrique, probablement une lanterne ou un tube dobservation, vient compléter cette accumulation déléments.
Larrière-plan est dominé par une structure en bois sombre, servant de support à divers objets symboliques. On y voit une gloire dorée, rappelant les attributs de la victoire ou de la gloire terrestre, mais dont la forme semble vacillante, presque fragile. Un petit miroir, surmonté dune inscription en latin, PACITUS, reflète une image floue et incertaine, soulignant la nature illusoire de la perception. À droite, une bannière porte linscription VANITAS VANITATUM ET OMNIA VANITAS, une citation biblique (Ecclésiaste 1:2) proclamant la vanité de toute chose. Un flûte à bec, posée contre la bannière, semble inerte, interrompant une mélodie qui ne sera plus jouée. Enfin, des feuilles de papier éparpillées au sol ajoutent un sentiment de désordre et de délabrement.
Lensemble de la composition évoque un sentiment de mélancolie et de fugacité. L’accumulation dobjets, autrefois porteurs de sens et de valeur, témoigne désormais de leur obsolescence et de leur perte de signification. Le livre, le monocle, le chapeau, la gloire, le miroir... autant de symboles de savoir, de statut social, de voyage, de gloire personnelle, qui sont ici dénués de leur éclat initial. Linscription Vanitas confère à la scène une dimension philosophique, invitant à la contemplation sur la nature éphémère de lexistence et la futilité des ambitions terrestres. Latmosphère générale est celle dun temps arrêté, dune vie passée, laissant entrevoir la prédominance de la mort et de la décomposition. L’absence de figures humaines renforce cet impression, comme si l’homme avait disparu, laissant derrière lui uniquement les vestiges de son passage.