supper 1902 Leon Bakst

Description du tableau de Leon Bakst Dîner

Un jour, deux artistes unis par l’amitié et l’affinité avec le groupe World of Art, Leon Bakst et Valentin Serov, profitant de la vue des rues de Paris la nuit, ont décidé d’entrer dans un café. Dans le coin le plus éloigné était assise une femme dont Bakst n’a pas manqué de dessiner le portrait sur une serviette. Il s’agit d’Anne Kyd, épouse du fondateur du Monde de l’Art, Alexandre Benois. Eh bien, le monde est petit... Surtout dans le Paris de ces années-là qui attirait l’élite créative d’autres pays, dont la Russie.

Le tableau, transféré d’une serviette à une toile, n’est pas passé inaperçu auprès de critiques, hélas, pas toujours bien disposés. "Une chose insupportable !", s’est écrié le célèbre connaisseur d’art Vladimir Stasov à la vue de la toile. Bien qu’il semble qu’il n’y ait rien de choquant dans le tableau : plus que le thème traditionnel d’un étranger qui s’ennuie, la manière impressionniste de peindre. S’il y avait eu plusieurs hommes joyeux assis à côté de la femme, le tableau aurait pu ressembler aux œuvres de Toulouse-Lautrec ou d’autres impressionnistes. Cependant, Bakst ne se contente pas de capturer ce qu’il voit, il cherche aussi à le transformer.

Le motif principal du tableau est la dynamique des contours de l’environnement et de la figure féminine elle-même, obtenue par la juxtaposition réussie du rythme des plans blancs et bleus, des bords de la nappe et de la robe ondulante de la dame dans la partie inférieure du tableau. Puis ce mouvement s’arrête, comme s’il était confronté à une barrière invisible. Les mains de l’inconnue, son visage et son chapeau, dont la disproportion fait penser à un bouton de fleur, sont positionnés sur une ligne.

L’artiste utilise également un jeu de couleurs basé sur l’interaction des cheveux de la dame et des oranges, ce qui a été fait comme en dépit de l’approche réaliste de Serov dans sa "Fille aux pêches". Bakst laisse le visage de la femme comme inachevé, ce qui lui permet de souligner le mystère et l’intangibilité de la dame, juxtaposés à une beauté sensuelle qui peut atteindre le niveau de la méchanceté.