#04526 Xaime Quessada (1937-2007)

L’œuvre nous présente une scène nocturne, dominée par une palette chromatique sombre, presque monochromatique, où les tons ocres et bruns se fondent dans l’obscurité. On discerne une foule indistincte, un agrégat d’êtres humains dont les contours se dissolvent dans la pénombre. Le groupe central attire immédiatement l’attention. Une femme, dont le visage est d’une pâleur presque spectrale, tient fermement un enfant contre elle. Son expression est à la fois résignée et protectrice, empreinte d’une tristesse profonde, qui contraste avec le regard légèrement plus détaché de l’enfant.
L’artiste a volontairement estompé les détails, rendant les figures difficiles à identifier précisément. Cette absence de clarté contribue à une impression danonymat et de perte didentité au sein de la masse. Les corps semblent peser, se courber sous un fardeau invisible. La texture de la toile, visible et granuleuse, renforce cette sensation d’oppression et de dénuement.
Au-dessus de la foule, un mince croissant de lune, presque imperceptible, apporte une faible lueur, mais ne parvient pas à dissiper l’atmosphère lourde et menaçante. Ce croissant lunaire pourrait symboliser un espoir ténu, une promesse de renouveau dans l’obscurité ambiante.
Il est possible dinterpréter cette composition comme une allégorie de la souffrance collective, de lexil ou de la perte. L’artiste semble vouloir explorer la condition humaine dans ses aspects les plus sombres, en mettant en évidence la vulnérabilité et la fragilité de l’être humain face à ladversité. L’absence de repères spatiaux clairs et le flou général contribuent à créer un sentiment d’étrangeté et d’inquiétude chez le spectateur, l’invitant à une introspection sur la nature de la condition humaine. Le regroupement des figures, malgré la distance palpable entre elles, suggère une forme de solidarité silencieuse, un besoin de se raccrocher à autrui dans un monde sombre et incertain.