Listen listen said the mermaid to the prince Henry Justice Ford (1860-1941)

Lœuvre présentée déploie un univers aquatique foisonnant, où une figure féminine mi-femme, mi-poisson occupe une place centrale. On observe une jeune femme à la chevelure flamboyante, aux longs cheveux roux ondulant dans leau, dont le buste humain contraste fortement avec la queue écailleuse et argentée qui la caractérise comme une sirène. Elle se tient au-dessus dun jeune homme, vêtu dune armure, flottant inconsciemment dans leau. Larmure, bien que présente, semble ternie et abîmée par le contact avec locéan, suggérant un naufrage ou une chute.
La composition est dense, saturée de détails. Les fonds marins sont richement décorés dalgues, de plantes aquatiques aux couleurs vives et variées, et de poissons, certains visibles et dautres suggérés par des ombres mouvantes. Cette profusion végétal confère à la scène une impression de luxuriant et dopulence sous-marine, mais aussi dun espace clos et potentiellement dangereux.
La légende en bas de limage, Écoute, écoute, dit la sirène au prince, révèle lélément narratif dominant. Elle suggère une tentative de communication, un appel urgent ou une supplique venant de la créature marine. Lexpression du visage de la sirène est difficile à cerner ; elle semble à la fois tendre et déterminée, peut-être même empreinte dune certaine tristesse. Le prince, de son côté, est figé dans linconscience, incapable de répondre à lappel.
Plusieurs subtexts se dégagent de cette œuvre. On peut interpréter le naufragé comme une allégorie de la vulnérabilité humaine face à la nature, à la fois source de beauté et de menace. La sirène, figure mythique ambivalente, incarne à la fois le danger et le potentiel de salut. Son rôle est ambigu : est-elle une sauveuse ou une séductrice, une gardienne des profondeurs ou une messagère dun monde inconnu ? L’absence de réponse du prince soulève une question sur la capacité de lhomme à comprendre et à écouter les signes du monde qui lentoure, quils soient naturels ou surnaturels. La juxtaposition des éléments terrestres (larmure) et marins (la queue de sirène, lenvironnement aquatique) crée une tension palpable, symbolisant peut-être le conflit entre deux mondes, entre la raison et linstinct, entre lhomme et le mystère. Enfin, lensemble évoque une certaine mélancolie, une tristesse latente liée à la perte, à lincompréhension et à la fragilité de lexistence.