Antonio is not afraid of the Ogre Henry Justice Ford (1860-1941)

L’œuvre présente une scène singulière, dominée par la présence imposante d’une créature monstrueuse, un ogre dont lapparence évoque à la fois la férocité et une certaine vulnérabilité. Le dessinateur a choisi de le représenter en pied, occupant une grande partie de lespace, ce qui renforce son caractère intimidant. Son visage, marqué par des traits agressifs – des crocs proéminents, des sourcils broussailleux et un regard intense – contraste avec la texture rugueuse et presque animale de son corps, suggérant une force brute et incontrôlable.
Au premier plan, un jeune garçon, Antonio, se tient face à cette figure colossale. Il nexhibe aucune peur apparente, au contraire, il semble tenter dinteragir avec logre, posant sa main sur la jambe de la créature. Cette attitude audacieuse, voire insolente, est accentuée par sa petite taille et son corps nu, soulignant un contraste saisissant entre la fragilité humaine et la puissance bestiale. La posture du garçon, bien que modeste, dégage une assurance inattendue, presque une provocation.
Un chevreau, assis près de la jambe de logre, observe la scène avec une curiosité tranquille. Sa présence ajoute une dimension supplémentaire à lensemble, possiblement symbolisant linnocence ou la capacité à coexister avec le monstrueux.
La composition est encadrée par un motif géométrique, un rectangle sombre qui sert de toile de fond à laction. Ce cadre contribue à concentrer lattention du spectateur sur les personnages principaux et renforce limpression dune scène isolée, presque théâtrale.
On peut déceler plusieurs subtexts dans cette illustration. Labsence de peur dAntonio pourrait être interprétée comme un symbole de courage face à ladversité, une affirmation de la force intérieure malgré la fragilité physique. L’ogre, bien que menaçant, nest pas présenté comme une figure purement maléfique. Son expression ambivalente laisse entrevoir une possible solitude ou une incompréhension. Linteraction entre le garçon et la créature pourrait ainsi suggérer la possibilité de dépasser les préjugés et de trouver un terrain dentente même avec ce qui nous paraît le plus effrayant. Lœuvre, dans son ensemble, invite à une réflexion sur la nature du courage, de la peur et de la relation entre l’homme et le monstre.