pic07250 Tamami Shima

Lœuvre présentée se révèle comme une composition fragmentée, dominée par des blocs de couleur et des tracés énergiques. On observe un espace ambigu, à la fois urbain et naturel, où les formes semblent se dissoudre et se recomposer constamment. Un rectangle sombre, occupant une partie significative de la surface, suggère une construction – peut-être un bâtiment, une façade – mais il est si dilué dans la texture générale qu’il ne se délimite pas clairement.
Un ensemble de lignes brisées et de plans verts, plus vifs, se superpose à ce fond sombre, créant une impression de mouvement et dinstabilité. Ces zones verdâtres ne représentent rien de reconnaissable en soi ; elles agitent un sentiment de croissance, de végétation en décomposition, ou peut-être même de toxicité, compte tenu de leur couleur intense et artificielle. Elles interagissent avec des zones de lumière, des éclats presque jaunâtres, qui semblent irradier dun centre indéterminé.
Il est intéressant de noter la manière dont lartiste a géré la profondeur. L’absence de perspective traditionnelle, combinée à la juxtaposition de formes superposées, produit un effet de compression de lespace. On ne perçoit aucune direction claire, aucune ligne dhorizon stable. Lœil du spectateur est attiré vers le centre de la composition, puis immédiatement désorienté par la multiplicité des éléments.
On peut déceler, au-delà de laspect purement formel, une tension palpable entre lordre et le chaos. Les blocs sombres pourraient symboliser la rigidité de l’architecture, la structure sociale, tandis que les formes organiques et fragmentées incarneraient l’énergie brute, l’imprévisibilité de la nature ou même l’anxiété face à un monde en mutation. La couleur verte, souvent associée à lespoir et à la renaissance, ici, par son intensité et son contraste avec les tons sombres, prend une connotation plus complexe, presque menaçante. Le travail laisse ainsi planer une atmosphère de malaise et de questionnement, invitant à une réflexion sur la fragilité des structures et la force des forces qui les ébranlent. La texture rugueuse, obtenue probablement par une technique de gravure, contribue à cette impression de tension et dinstabilité.