#15126 Pavel Filonov (1883-1941)

Lœuvre présentée se révèle être une composition complexe, foisonnante et troublante. On y distingue, au premier abord, une superposition de visages, dont le rendu est loin dêtre conventionnel. Les traits sont anguleux, stylisés, et parfois fragmentés, suggérant une déconstruction de la représentation humaine. Le visage dominant, positionné en perspective frontale et légèrement de profil, se caractérise par un regard intense, presque accusateur, souligné par des lignes énergiques et des couleurs vives, notamment le rouge et le bleu.
Autour de ce visage central, dautres figures semblent sentremêler, plus discrètes mais tout aussi présentes. On perçoit des contours flous, des fragments de visages, comme des échos déformés de lélément principal. Lartiste a employé une palette restreinte, dominée par des tons ocres, rouges, bleus et noirs, contribuant à une atmosphère à la fois vibrante et oppressante.
Plusieurs motifs récurrents viennent sajouter à la complexité de lensemble. On remarque la présence de spirales, de lignes brisées et de formes géométriques, notamment un disque orné de motifs complexes, qui semblent flotter au-dessus des visages. Ces éléments pourraient évoquer une tentative de traduire, par le biais de formes abstraites, des concepts tels que le mouvement, la mémoire, ou linconscient.
Labsence de profondeur spatiale et la superposition des éléments créent une sensation de claustrophobie, détouffement. La composition semble sécrouler sur elle-même, renvoyant à une tension palpable. On devine une interrogation sur la nature de lidentité, sur la fragilité de la représentation et peut-être, sur la violence inhérente aux relations humaines. Le caractère fragmentaire des visages suggère une perte, une dissociation, une tentative de recomposition à partir de bribes.
Lensemble laisse transparaître une émotion brute, un malaise latent, sans pour autant offrir de réponses claires. Lœuvre se veut plutôt une exploration, une interrogation ouverte sur les limites de la représentation et la complexité de lexpérience humaine. Il ne sagit pas tant de représenter un sujet précis que de traduire un état dâme, une vision du monde fragmentée et troublée.