Trophées et fantômes :
l’histoire sombre des collections du Louvre
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Des millions de personnes arpentent chaque année les allées du Louvre, admirant la beauté irréprochable de ses œuvres. La Vénus de Milo, la Victoire de Samothrace, la Joconde : ces noms évoquent la grandeur. Mais derrière la façade étincelante du musée le plus visité au monde se cache une tout autre histoire. C’est le récit de conquêtes, d’ambitions politiques et de dilemmes éthiques. Nombre des plus grands trésors du Louvre sont des trophées de guerre, dont le musée préfère taire l’origine.
Le musée du Conquérant
L’histoire du Louvre comme lieu de collection de trophées commence avec Napoléon Bonaparte. Pour lui, l’art n’était pas seulement une valeur esthétique, mais aussi un puissant outil de propagande. Il ambitionnait de faire de Paris la nouvelle capitale du monde et du Louvre, rebaptisé « Musée Napoléon », le joyau de son empire. Cet objectif fut atteint grâce à la confiscation systématique et organisée d’œuvres d’art dans les pays conquis.
L’Italie fut le pays le plus touché. L’Apollon du Belvédère et le groupe sculpté du Laocoon et ses fils furent transportés du Vatican à Paris. De Venise, Napoléon emporta le célèbre quadrige – les chevaux de bronze de la basilique Saint-Marc, qui ornèrent plus tard l’Arc de Triomphe, juste devant le Louvre. Le gigantesque tableau de Paolo Veronese, Les Noces de Cana, fut également emporté. Il fut détaché du mur du réfectoire du monastère San Giorgio Maggiore, découpé et expédié en France.
Il ne s’agissait pas de pillages aléatoires. Des commissaires spéciaux accompagnant l’armée dressèrent des listes de chefs-d’œuvre à confisquer. Les traités de capitulation des villes italiennes, allemandes et autrichiennes contenaient des clauses relatives à la remise d’œuvres d’art. C’est ainsi que le Louvre s’enrichit d’œuvres de Raphaël, Titien et Rubens. Ce fut un triomphe du pouvoir, immortalisé dans l’art.
Les fantômes des chefs-d’œuvre ressuscités
L’empire napoléonien s’effondra et, en 1815, les Alliés victorieux exigèrent justice. Un processus aujourd’hui connu sous le nom de restitution – le retour des trésors culturels à leurs propriétaires légitimes – fut alors mis en place. Le duc de Wellington, commandant des forces britanniques, insista pour que les biens pillés soient restitués. Cette décision provoqua l’indignation à Paris.
Le démantèlement du « Musée Napoléon » a commencé. Les chevaux de bronze ont été retirés de l’arc et renvoyés à Venise. L’« Apollon du Belvédère » est retourné au Vatican. Des dizaines, voire des centaines, de peintures et de sculptures ont quitté les salles du Louvre pour rejoindre leur pays d’origine. Aujourd’hui, elles sont les « fantômes » de la collection, témoins de la grandeur éphémère du musée, bâtie sur la loi du plus fort.
Cependant, tout ne fut pas restitué. L’immense toile « Les Noces de Cana » resta à Paris. La partie française justifia ce choix en affirmant que le tableau était trop grand et trop fragile pour être transporté. À la place, une toile de Charles Le Brun – un substitut bien moins convaincant – fut envoyée à Venise. Cet incident demeure un sujet de discorde entre l’Italie et la France.
artefacts de l’époque coloniale
Après les guerres napoléoniennes, la France entama une nouvelle ère d’expansion : la colonisation. Parallèlement, l’enrichissement des collections muséales se transforma. L’art et les artefacts provenaient désormais d’Égypte, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Au Louvre, des salles entières furent consacrées à l’art assyrien et égyptien.
Nombre de ces objets, comme les taureaux ailés à tête humaine du palais de Sargon II, ont été mis au jour lors de fouilles archéologiques. Ces expéditions avaient certes obtenu les autorisations nécessaires des autorités locales, mais les conditions d’obtention étaient souvent inégales. Aujourd’hui, de nombreux pays nouvellement indépendants s’interrogent légitimement : l’exportation de leur patrimoine était-elle légale ? Ces objets doivent-ils rester à Paris ou être restitués à leurs pays d’origine ?
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Musée du Louvre Paris
introduction Abritant l’une des plus célèbres collections de beaux arts, y compris la statue grecque inestimable la Vénus de Milo et le portrait de la Mona Lisa de Léonard de Vinci, le musée du Louvre est le musée national et la galerie d’art de France. Un de meilleurs musées d’art en Europe, sa collection comprend huit départements – Antiquités du Moyen-Orient; Trésors égyptiens; Antiquités grecques, étrusques et romaines; Art islamique; Peintures, estampes et dessins; Sculpture et art décoratif – et comprend le meilleur assortiment de Peinture française du 15ème au 19ème siècle, avec des centaines de chefs-d’œuvre de Art de la Renaissance, ainsi que des huiles de Flandres et Réaliste hollandais maîtres de la période baroque. Le Louvre compte aujourd’hui 9 millions de visiteurs, ce qui en fait le musée d’art le plus populaire au monde. Il se range avec le Musée anglais comme l’une des plus grandes collections d’antiquités au monde.
Cette question demeure l’une des plus pressantes pour les musées modernes. Le Louvre, à l’instar d’autres grandes institutions européennes, subit une pression croissante. Les débats sur la restitution des objets coloniaux démontrent que la provenance des collections n’est pas qu’une simple question académique, mais un sujet à la fois actuel et sensible.
Échos de la dernière grande guerre
Le XXe siècle a ajouté un nouveau chapitre sombre à l’histoire des trésors muséaux. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis se sont livrés à des pillages d’œuvres d’art sans précédent à travers l’Europe, principalement dans les collections juives. Après la guerre, les Alliés ont mis en place un programme spécial pour localiser et restituer les œuvres volées.
Certaines œuvres récupérées, dont les propriétaires n’ont pu être identifiés, ont été temporairement transférées dans des musées français, notamment au Louvre. Ces œuvres ont reçu la désignation « MNR » (Musées Nationaux Récupération). Des centaines d’entre elles demeurent dans les salles et les réserves du Louvre. Elles n’appartiennent pas au musée, mais attendent l’identification de leurs ayants droit.
Chaque tableau portant la mention MNR témoigne silencieusement de la tragédie. Il nous rappelle les destins brisés et les vies perdues. Le musée s’emploie activement à retracer la provenance de ces œuvres, mais le processus est long.
L’histoire du Louvre est une histoire non seulement de beauté, mais aussi de pouvoir. Les collections du musée reflètent l’ascension et la chute des empires, les ambitions des souverains et les tragédies des nations. La reconnaissance de ce passé complexe n’enlève rien à la grandeur des chefs-d’œuvre. Au contraire, elle leur confère une profondeur nouvelle, obligeant le spectateur à percevoir non seulement le coup de pinceau de l’artiste, mais aussi la trace invisible de l’histoire qui a conduit ce tableau jusqu’à la galerie parisienne.
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