Le symbolisme dans la poésie russe du début du XXe siècle
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Le symbolisme fut le premier et le plus important mouvement moderniste en Russie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, également connu sous le nom d’Âge d’argent de la littérature russe. Ce mouvement transforma fondamentalement l’essence de la poésie russe, créant de nouvelles méthodes d’expression artistique, de perception de la réalité et de compréhension philosophique de l’existence. Les symbolistes russes développèrent un système esthétique holistique visant à pénétrer au-delà du monde matériel et à saisir l’essence cachée des phénomènes à travers les symboles, les allusions et la musicalité du vers.
2 Fondements philosophiques du symbolisme russe
3 Les symbolistes anciens
4 Jeunes symbolistes
5 Caractéristiques de la poétique symboliste
6 Thèmes et motifs de la poésie symboliste
7 Œuvres clés des symbolistes russes
8 Symbolisme et autres formes d’art
9 Publications et associations de symbolistes
10 Connexions internationales du symbolisme russe
11 Symbolisme et événements historiques
12 Critique du symbolisme et de son achèvement
13 L’héritage du symbolisme dans la culture russe
Contexte historique et origine
Le symbolisme est apparu en France dans les années 1860 et 1870, dans les œuvres de poètes tels que Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé. Le symbolisme russe est apparu un peu plus tard, au début des années 1890, et a existé comme mouvement littéraire indépendant jusqu’en 1910 environ.
Au tournant des XIXe et XXe siècles, la civilisation européenne traversait une crise profonde, tant sur le plan social que spirituel. Durant cette période, le positivisme, fondé sur les sciences exactes, la factographie et les conclusions rationnelles, fut remis en question. L’intérêt pour les principes irrationnels, mystérieux et mystiques s’accrut.
Les concepts philosophiques de cette époque ont créé des conditions favorables au développement du symbolisme. Sigmund Freud a révélé le rôle du subconscient dans la psyché humaine, Friedrich Nietzsche a souligné le caractère secondaire de la raison par rapport à la volonté et aux instincts, et Henri Bergson a insisté sur le fait que la véritable connaissance ne s’acquiert pas par la raison, mais par l’intuition.
La littérature française est devenue le berceau d’un nouveau mouvement pour des raisons évidentes. Les valeurs traditionnelles de la culture française – clarté, précision, transparence – semblaient désormais insuffisantes pour exprimer la complexité de l’existence. Le symbolisme attirait la jeune génération car il transgressait les normes habituelles.
Les symbolistes français étaient indifférents à la carrière littéraire habituelle ; nombre de leurs textes restèrent longtemps inédits. Pour eux, le poète était un magicien, un médiateur entre le mystère et ceux qui sont capables de le percevoir.
Fondements philosophiques du symbolisme russe
Les principes théoriques du symbolisme se reflètent dans les œuvres de nombreux auteurs, dont K. Balmont, Viatch Ivanov et surtout D. Merejkovsky. Dans son ouvrage « Des causes du déclin et des nouveaux courants dans la littérature russe contemporaine » (1893), Merejkovsky identifie trois éléments clés de cette nouvelle tendance : le contenu mystique, les symboles et l’expansion de l’impressionnabilité artistique.
Les symbolistes russes opposaient à l’idée traditionnelle de la connaissance du monde dans l’art l’idée de sa construction dans le processus créatif. Pour eux, l’acte créatif apparaissait comme une contemplation subconsciente et intuitive de significations secrètes, accessible uniquement à l’artiste-créateur.
Les symbolistes croyaient qu’il était impossible de transmettre rationnellement les « secrets » contemplés. Selon Viatch Ivanov, la poésie est « l’écriture secrète de l’indicible ». Le poète devait non seulement faire preuve d’une sensibilité supra-rationnelle, mais aussi d’une maîtrise subtile de l’art de l’allusion. La valeur du discours poétique résidait dans la « littéralité », la « dissimulation du sens ».
La perception mystique du monde est devenue le fondement de la créativité symboliste. Merejkovsky a interprété le phénomène du symbole à travers le prisme du mysticisme. Pour lui, le symbole était un moyen d’accéder à une vision différente du monde et d’élargir les possibilités de l’imagination artistique.
Les symbolistes concevaient le monde comme ayant une nature duale. Derrière la réalité visible, selon eux, se cachait une autre réalité, idéale. Ils voyaient la tâche du poète comme une tentative de pénétrer au-delà du monde visible pour en saisir l’essence cachée.
Les symbolistes anciens
Dans l’histoire du symbolisme russe, on distingue généralement deux générations de poètes. La première, celle des « symbolistes chevronnés », est représentée par des figures marquantes telles que Dmitri Merejkovski, Valéry Brioussov, Constantin Balmont, Fiodor Sologub, Zinaïda Hippius et d’autres.
Dmitri Merejkovski
Dmitri Sergueïevitch Merejkovski (1866-1941) – poète, prosateur, traducteur, critique littéraire, philosophe religieux, l’un des fondateurs du symbolisme russe. Son ouvrage « Sur les causes du déclin et les nouveaux courants de la littérature russe contemporaine » est devenu le fondement théorique du symbolisme en Russie.
Merejkovsky cherchait à montrer au monde le «vrai visage» du Fils de l’Homme. Le symbolisme a joué un rôle important dans sa philosophie tout au long de sa carrière, même s’il a connu des évolutions. Le penseur a débattu avec les réalistes, interprétant la catégorie du symbole comme un moyen d’élargir les possibilités de l’imagination artistique.
Valéry Brioussov
Valéry Iakovlevitch Brioussov (1873-1924) est le fondateur du symbolisme russe, poète, prosateur, dramaturge, traducteur et spécialiste de la littérature. Grâce à ses efforts et à son immense travail, et après avoir surmonté les moqueries et l’incompréhension de ses contemporains, le symbolisme s’est imposé comme le mouvement littéraire le plus important de l’Âge d’Argent.
Alors qu’il était encore étudiant, en 1894-1895, Brioussov publia trois petits recueils de poèmes de symbolistes russes, presque entièrement écrits lui-même sous divers pseudonymes. Les critiques percevaient ces recueils comme des curiosités littéraires.
Brioussov diffusa activement les idées du symbolisme auprès du public cultivé. Il dirigea la maison d’édition « Scorpion », organisa l’almanach « Fleurs du Nord » et fut l’initiateur et le rédacteur en chef de la revue « Libra », principal porte-parole du symbolisme russe.
Constantin Balmont
Constantin Dmitrievitch Balmont (1867-1942) – poète symboliste, traducteur et essayiste. Pour Balmont, le symbolisme représentait une « manière plus raffinée d’exprimer les sentiments et les pensées ». Dans ses œuvres, il transmettait une riche palette de sentiments changeants, d’humeurs et le « jeu arc-en-ciel » des couleurs du monde.
Balmont percevait l’art comme une « force puissante, s’efforçant de deviner les combinaisons de pensées, de couleurs et de sons » pour exprimer les origines cachées de l’être, la diversité du monde. Balmont est reconnu comme un maître de l’assonance expressive et de l’allitération efficace.
Fiodor Sologoub
Fiodor Kouzmitch Sologub (de son vrai nom Teternikov, 1863-1927) – poète symboliste, prosateur, dramaturge, publiciste et traducteur. Sa poésie est souvent marquée par des humeurs décadentes et décadentes. On lui reprochait souvent son esthétisme, son isolement, son détachement de la réalité et son culte de la douce légende de l’art.
Zinaïda Hippius
Zinaïda Nikolaïevna Hippius (1869-1945) – poétesse, écrivaine, critique littéraire, l’une des plus éminentes représentantes du symbolisme russe. Avec son mari D. Merejkovski, elle devint l’idéologue du symbolisme naissant. Hippius se distinguait par un esprit analytique aiguisé, et sa poésie regorge de réflexions religieuses et philosophiques.
Jeunes symbolistes
La deuxième génération – les « jeunes symbolistes » – débuta ses activités entre 1901 et 1904. Parmi eux figuraient Alexandre Blok, Andreï Biély, Viatcheslav Ivanov et d’autres. Ils se considéraient comme des adeptes des idées religieuses et philosophiques de Vladimir Soloviev.
Selon Soloviev, le monde est au bord de la destruction, l’humanité est en crise. Le philosophe parlait de l’existence de deux mondes : le Monde du Temps et le Monde de l’Éternité. Le premier est celui du Mal, le second celui du Bien. Dans le monde réel – « le cauchemar de l’humanité » – l’harmonie et l’amour, sentiments les plus harmonieux, sont réprimés, et l’Antéchrist triomphe.
Soloviev croyait que le salut de l’humanité était possible grâce à la beauté divine, à la féminité éternelle, à l’âme du monde. Il concevait la beauté divine comme une harmonie, une « unité parfaite » entre le spirituel et le matériel, l’externe et l’intériorisé.
Dans la poésie de Soloviev, le mot «amour» a toujours une signification particulière, mystique : «L’amour est le principe divin dans l’homme ; son incarnation sur terre, nous l’appelons Féminité ; son idéal surnaturel est la Féminité Éternelle.»
Alexandre Blok
Alexandre Alexandrovitch Blok (1880-1921) est l’un des plus grands poètes de l’Âge d’argent. Le symbolisme atteint son apogée dans ses œuvres. Blok développe les idées de Soloviev sur la féminité éternelle, l’âme du monde, créant l’image de la Belle Dame dans ses premières poésies.
Le thème de la disproportion entre l’Univers éternel et l’instantanéité de l’existence humaine est présent dans de nombreux poèmes de Blok. Le poète a écrit : «Les mondes s’envolent. Les années s’envolent. L’Univers vide nous regarde de ses yeux noirs… Et, à l’écoute de ce bourdonnement incessant, ne devenons-nous pas fous face au changement hétéroclite des raisons, des espaces, des temps inventés…»
Andreï Bely
Andreï Bely (de son vrai nom Boris Nikolaïevitch Bougaev, 1880-1934) – poète, prosateur et théoricien du symbolisme. Son livre « Symbolisme » est devenu un ouvrage théorique majeur dans ce domaine. Bely considérait le symbole comme une unité, « une connexion entre quelque chose ».
Au cœur des travaux théoriques de Bely se trouvent des définitions miroir du concept de « symbole » comme unité : « L’unité est un symbole », « le symbole est unité ». Dans son article « Emblematics of meaning », il qualifie la théorie du symbolisme de « métaphysique de l’unité ».
Bely a compris que la définition d’un symbole comme «unité» est si large qu’elle permet de qualifier n’importe qui de «symbolisateur» ou de qualifier toute œuvre créative de «symbolisme» : « Le symbolisme est une méthode d’expression d’expériences en images. En ce sens, tout art est explicitement ou implicitement symbolique. »
Viatcheslav Ivanov
Viatcheslav Ivanovitch Ivanov (1866-1949) – poète symboliste, philosophe, traducteur, l’un des inspirateurs idéologiques des jeunes symbolistes. Ivanov considérait que la poésie devait être « l’écriture secrète de l’ineffable », transmettre le sens caché et mystique de l’existence à l’aide de symboles.
« La Tour » était le nom de l’appartement d’Ivanov, rue Tauride, à Saint-Pétersbourg, où poètes, artistes, musiciens et philosophes se réunissaient le mercredi pour discuter d’art et de culture. Ces rassemblements sont devenus un phénomène culturel majeur du début du XXe siècle.
Caractéristiques de la poétique symboliste
Le symbole était le principal moyen d’expression de la poétique des symbolistes. Contrairement à l’allégorie, dont l’interprétation est univoque, le symbole est polysémique et ouvre d’infinies possibilités d’interprétation.
Les symbolistes ont doté le mot poétique d’une mobilité et d’une polysémie sans précédent, et ont appris à la poésie russe à découvrir de nouvelles nuances et facettes de sens dans le mot. Ils ont enrichi la culture poétique russe de nombreuses découvertes.
La musique occupait une place importante dans l’esthétique et la pratique poétique des symbolistes. Ils utilisaient ce concept sous deux aspects : idéologique général et technique. Au sens philosophique, la musique était présentée comme une énergie métaphysique universelle, fondement de toute créativité.
D’un point de vue technique, la musique pour les symbolistes est la texture verbale d’un vers, saturée de combinaisons sonores et rythmiques. Les poèmes symbolistes étaient souvent construits comme un flux envoûtant de consonances et d’échos verbaux et musicaux.
Une attention particulière était accordée à la phonétique : K. Balmont, V. Bryusov, I. Annensky, A. Blok et A. Bely étaient des maîtres de l’assonance expressive et de l’allitération efficace. Les symbolistes expérimentèrent activement la forme du vers, développèrent de nouvelles méthodes de rimes, introduisirent le vers libre en poésie et enrichirent le répertoire métrique de la poésie russe de mètres non traditionnels.
Impressionnistes et décadents
Les « anciens symbolistes » sont souvent qualifiés d’impressionnistes et de décadents. Les impressionnistes n’avaient pas encore créé de système symbolique ; ils cherchaient à transmettre les nuances les plus subtiles d’humeurs et d’impressions, à appréhender intuitivement et émotionnellement le beau et le mystérieux.
La poésie d’Innokenty Annensky, de Konstantin Fofanov, de Konstantin Romanov et de Konstantin Balmont est impressionniste. Des humeurs décadentes ont donné une saveur particulière à de nombreux poèmes de F. Sologub et d’autres poètes de la première vague du symbolisme.
Thèmes et motifs de la poésie symboliste
Les sujets de la poésie symboliste sont extrêmement variés. Les symbolistes abordaient les thèmes éternels de la vie et de la mort, de l’amour et de la beauté, ainsi que la quête du sens de l’existence. Mais ils les interprétaient à travers le prisme de leur philosophie, à travers des symboles et des images.
Les symbolistes plus anciens abordaient souvent les thèmes de la solitude, de la déception, du déclin et de la décadence. Les symbolistes plus jeunes cherchaient des moyens de transformer le monde par la beauté, l’amour et l’art. Ils croyaient en la possibilité d’une transformation miraculeuse du monde.
Les symbolistes russes ont repensé le rôle de la personnalité non seulement dans la création, mais aussi dans la réalité et la vie en général. Leur intérêt pour la personnalité d’un poète, d’un écrivain, d’un homme les a conduits à une sorte d’« expansion » de la personnalité.
Œuvres clés des symbolistes russes
La créativité des symbolistes est vaste et diversifiée. Examinons quelques œuvres emblématiques qui reflètent l’esthétique et la philosophie de ce mouvement.
Poésie de Valery Bryusov
Les recueils de Valéry Brioussov, «Tertia Vigilia» (1900), «Urbi et Orbi» (1903) et «Stephanos» (1906), sont devenus des classiques du symbolisme russe. Le poète y aborde les thèmes de l’histoire, de la culture et de la civilisation urbaine. Brioussov considère l’histoire comme un processus cyclique d’essor et de déclin des civilisations. Il aborde l’Antiquité, le Moyen Âge et la Renaissance, établissant des parallèles avec l’époque moderne.
Les œuvres d’Alexander Blok
La poésie de Blok est généralement divisée en trois périodes, chacune marquée par son propre système d’images et de motifs. La première période (1898-1904) est associée au cycle « Poèmes sur la Belle Dame », qui incarne l’image de la féminité éternelle.
La deuxième période (1904-1908) est caractérisée par la déception des idéaux antérieurs, un appel au thème de la ville, l’émergence de motifs de masques, de doubles et de l’élément neigeux.
La troisième période (1908-1921) est marquée par un intérêt pour la Russie, son destin et son histoire, qui se reflète dans les poèmes «Rétribution» et «Les Douze».
Poésie d’Andreï Bely
Andreï Biély crée un système complexe d’images et de symboles dans ses recueils « Or sur Azur » (1904), « Cendres » (1909) et « Urna » (1909). Il expérimente activement la forme du vers, le rythme et la peinture sonore. Dans sa poésie, les idées philosophiques trouvent une incarnation artistique.
Symbolisme et autres formes d’art
Le symbolisme ne se limitait pas à la littérature, il se manifestait dans d’autres formes d’art : peinture, musique, théâtre. Des liens étroits et une influence mutuelle existaient entre les représentants de ces différentes formes d’art.
Le symbolisme dans la peinture
Des artistes symbolistes tels que Mikhaïl Vroubel, Viktor Borisov-Musatov et Nikolaï Roerich ont créé des images visuelles en harmonie avec les symboles poétiques. Leurs œuvres se distinguent par leur mysticisme, leur énigme et leur désir de transmettre l’indicible.
Symbolisme dans la musique
La musique était considérée comme la forme d’art suprême, capable d’exprimer directement l’inexprimable par les mots. Les compositeurs Alexandre Scriabine, Nikolaï Medtner et Sergueï Rachmaninov ont incarné dans leurs œuvres des idées proches du symbolisme.
Le symbolisme au théâtre
Les symbolistes rêvaient d’un nouveau théâtre qui deviendrait une synthèse de tous les arts et une plateforme pour la transformation spirituelle du public. Viatch Ivanov développa le concept d’un théâtre cathédrale qui devait réunir acteurs et spectateurs dans une représentation mystique.
Publications et associations de symbolistes
Pour diffuser leurs idées, les symbolistes ont créé leurs propres publications et associations.
Maison d’édition "Scorpion"
La maison d’édition « Scorpion », fondée en 1900 par S.A. Polyakov avec la participation active de V. Brioussov, devint le centre du symbolisme russe. Elle publia des œuvres de symbolistes russes et étrangers.
Magazine «Balance»
La revue « Vésy » (1904-1909), éditée par Brioussov, était le principal organe de presse des symbolistes. Elle publiait non seulement des œuvres d’art, mais aussi des articles critiques, des manifestes et des analyses de la vie culturelle russe et européenne.
Almanach «Fleurs du Nord»
L’almanach «Fleurs du Nord» (1901-1911) a également été publié par «Scorpion» et a servi de plate-forme à la publication d’œuvres des symbolistes.
«La Tour» de Viatcheslav Ivanov
La « Tour », célèbre appartement de Viatch Ivanov à Saint-Pétersbourg, est devenue le lieu des célèbres « Mercredis » : des rassemblements de poètes, d’artistes, de musiciens et de philosophes pour discuter de questions d’art et de culture. Ces rencontres ont favorisé l’échange d’idées et la formation de nouveaux concepts esthétiques.
Connexions internationales du symbolisme russe
Le symbolisme russe était étroitement lié au symbolisme européen et, plus largement, à la culture européenne dans son ensemble. De nombreux symbolistes russes connaissaient bien la littérature, la philosophie et l’art étrangers.
Activités de traduction
Les symbolistes étaient très impliqués dans les traductions. Bryussov traduisit des poètes français (Verlaine, Rimbaud, Mallarmé), belges (Verhaeren), ainsi que l’américain Edgar Poe. Balmont traduisit Shelley, Whitman et des poètes espagnols.
Ce travail de traduction a élargi les horizons culturels du lecteur russe et enrichi la poésie russe de nouvelles images, de nouveaux thèmes et de nouvelles techniques.
Voyages et contacts culturels
De nombreux symbolistes ont voyagé à travers l’Europe et se sont familiarisés avec la culture européenne. Merejkovsky et Hippius ont vécu en France, en Italie et en Espagne. Brioussov a visité l’Europe à plusieurs reprises et a rencontré des symbolistes français.
Ces contacts contribuèrent à l’enrichissement mutuel des cultures russe et européenne. Le symbolisme russe, né sous l’influence française, acquit rapidement son propre visage et ses traits originaux. Il se distinguait par une plus grande philosophicité, une plus grande religiosité et une tendance au mysticisme.
Contrairement aux symbolistes français, les poètes russes ne cherchaient pas seulement un nouveau langage artistique, mais aussi une vision holistique du monde, une nouvelle philosophie de la culture. Pour eux, le symbolisme n’était pas seulement un mouvement littéraire, mais un mode de vie et une vision du monde.
Symbolisme et événements historiques
Les symbolistes ne pouvaient pas rester à l’écart des événements historiques qui se déroulaient en Russie et dans le monde.
Révolution de 1905
La révolution de 1905 suscita diverses réactions parmi les symbolistes. Certains, comme Brioussov, conservèrent une certaine distance vis-à-vis des événements révolutionnaires, tandis que d’autres, comme Blok, percevaient la révolution comme un renouveau spontané du monde.
Première Guerre mondiale
De nombreux symbolistes accueillirent le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 avec un enthousiasme patriotique. Cependant, à mesure que la guerre s’éternisait et que le nombre de victimes augmentait, leur attitude changea et devint tragique.
Révolution d’octobre 1917
La Révolution d’Octobre marqua un tournant dans l’histoire de la Russie, mais aussi dans celle du symbolisme russe. Certains symbolistes émigrèrent, d’autres restèrent en Russie soviétique, cherchant leur place dans la nouvelle réalité sociale.
Critique du symbolisme et de son achèvement
Malgré son importante contribution au développement de la poésie russe, le symbolisme fut critiqué par d’autres mouvements et courants littéraires. On lui reprochait d’être trop vague, déconnecté de la réalité et de se livrer à des expérimentations formelles au détriment du contenu.
En 1910, une crise du symbolisme s’installa. Au sein même du mouvement, désaccords et contradictions surgirent. Certains poètes, initialement symbolistes, s’éloignèrent de ce mouvement et commencèrent à explorer de nouvelles voies artistiques.
Ainsi, des courants ont remplacé le symbolisme ou ont existé en parallèle : l’acméisme et le futurisme. Cependant, même après son effondrement en tant que mouvement littéraire holistique, le symbolisme a continué d’influencer la poésie russe.
L’héritage du symbolisme dans la culture russe
Bien que le symbolisme ait cessé d’exister en tant que mouvement littéraire cohérent dans les années 1920, son héritage a perduré dans la culture russe au XXe siècle. La poétique symboliste a influencé de nombreux poètes qui n’appartenaient pas à ce mouvement.
Les idées philosophiques et esthétiques des symbolistes sont devenues un élément important de la tradition culturelle russe. Le symbolisme a enrichi la poésie russe de nouveaux thèmes, images et techniques. Il a élargi les possibilités expressives du langage poétique et ouvert de nouveaux horizons à l’exploration artistique de la réalité et de l’âme humaine.
Le symbolisme a tenté de créer une nouvelle philosophie de la culture et de développer une nouvelle vision universelle du monde après une période de réévaluation des valeurs. À sa manière, il a soulevé la question du rôle social de l’artiste et a commencé à développer des formes d’art dont l’expérience pouvait unir les peuples.
Malgré les manifestations extérieures d’élitisme et de formalisme, le symbolisme a rempli l’œuvre d’une forme artistique avec un contenu nouveau et, non moins important, a rendu l’art plus personnel et individualiste.
Le symbolisme n’était pas un mouvement homogène. On peut y distinguer divers sous-courants et phases évolutives. Les « anciens » symbolistes gravitaient souvent vers l’impressionnisme et la décadence, tandis que les « plus jeunes » se tournaient vers le néomysticisme et la théurgie (action magique transformant le monde).
De nombreuses découvertes stylistiques et figuratives des symbolistes ont enrichi la poésie russe et continuent d’inspirer poètes et écrivains aujourd’hui encore. L’idée de dualité, la polysémie du mot poétique, la musicalité du vers, la complexité des métaphores : tout cet héritage du symbolisme est devenu la propriété de la littérature russe du XXe siècle et continue d’influencer son développement.
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