L’alchimiste de la cour, John Dee, a été représenté sur une image dans un cercle de crânes Automatique traduire

LONDRES : Dans le tableau d’Henry Gillard Glindoni «John Dee réalisant une expérience devant la reine Elizabeth I», des experts ont découvert de mystérieux dessins autour de la figure de l’alchimiste et mathématicien médiéval John Dee, cachés par une couche picturale.

Henry Gillard - John Dee mène une expérience devant la Reine Elizabeth I

La tomographie aux rayons X de ce majestueux exemple d’art victorien a révélé que Dee était à l’origine entouré de crânes humains et d’entités d’un autre monde, mais que l’artiste les a dissimulés par la suite.

John Dee, connu en son temps comme «le magicien de la Reine», était l’un des élisabéthains les plus extraordinaires, un brillant érudit de la Renaissance dont les travaux ont inspiré des penseurs pendant des siècles. Isaac Newton lui-même comptait parmi ses disciples. C’est peut-être Dee qui est devenu le prototype de Prospero dans La Tempête» de Shakespeare. En 1978, Derek Jarman a réalisé un film sur l’alchimiste, et en 2011, Dee est devenu le héros d’un opéra de Damon Albarn.

La conservatrice Katie Birkwood s’exprime ainsi sur John Dee : «Il est l’une des figures les plus intéressantes et les plus énigmatiques de l’Angleterre des Tudor, à la fois érudit, courtisan et magicien.»

Photo : National Gallery, Londres / Wellcome Library

Selon Birkwood, les crânes présents dans le tableau peuvent servir de métaphore à l’ensemble de la scène représentée par l’artiste. La reine Élisabeth rend visite à Dee, dans sa maison de Mortlake. À sa gauche se trouvent son principal conseiller William Cecil et son courtisan préféré Sir Walter Raleigh. Juste derrière la figure de Dee est représenté assis à une table Edward Kelly, médium et alchimiste, portant la coiffe qu’il portait pour dissimuler ses oreilles coupées, probablement en guise de punition pour des délits de jeunesse.

Les radiographies du tableau montrent que l’intention originale de l’artiste était que Dee se tienne dans un cercle de crânes humains. La raison pour laquelle Gildoni a peint ce détail de la toile n’est pas connue, mais cela a probablement été fait à la demande de l’acheteur. L’artiste lui-même a probablement voulu souligner précisément le côté occulte des activités de John Dee.

La vie de John Dee a été remplie d’événements divers. Il fut accusé d’espionnage et de parler aux anges, il étudia les cristaux magiques et tenta de construire une machine à mouvement perpétuel. D’ailleurs, bien plus tard, la pierre magique de John Dee, qui lui permettait de communiquer avec l’autre monde, est tombée entre les mains de l’impératrice russe Catherine II. En 1555, le magicien et astrologue est assigné à résidence pour avoir compilé des horoscopes royaux sans autorisation. Au dos d’un de ses livres, Dee note qu’il se trouve à Fulham, dans la maison «de son ami particulier» l’évêque de Londres, Edmund Bonner. Était-il vraiment l’ami ou le disciple de l’homme connu sous le nom de «Bloody Bonner», qui traitait les hérétiques sans pitié?

Birkwood estime qu’il n’est plus possible de connaître la vérité : «Bonner était un homme terrible, mais ils étaient tous deux des hommes érudits et pouvaient avoir des intérêts communs.»

John Dee a laissé derrière lui une bibliothèque de plus de 4 000 volumes, l’une des plus importantes d’Europe. Malheureusement, près de la moitié de son inestimable collection a été pillée, et ce qui en subsiste est aujourd’hui exposé au Royal College of Physicians de Londres.

Anna Sidorova © ; Gallerix.co.uk