"Rhinocéros" d’Eugène Ionesco Automatique traduire
Dans un petit village français, les gens se transforment en rhinocéros. C’est la crise absurde qui se déroule dans la pièce «Rhinocéros» d’Eugène Ionesco en 1959. Cela commence par une petite bosse sur le front. Ensuite, la peau prend des nuances de vert et se durcit. L’enrouement de la voix devient un barrissement inarticulé ; la bosse devient une corne ; la transformation est complète. Tandis que tout son entourage se métamorphose en bêtes et rejoint le troupeau, Bérenger reste à l’écart, insensible à l’épidémie. Sa propre transformation d’un homme qui trouve sa vie dénuée de sens à un homme qui refuse la conformité irréfléchie met en lumière les thèmes de la responsabilité personnelle, de l’individualité et de la moralité. L’acte I de cette pièce en trois actes se déroule sur la place de la ville. Il est midi, et alors que le son des cloches de l’église du dimanche cesse, deux hommes se retrouvent devant un café et s’assoient à une table en plein air. Jean, qui est minutieusement vêtu d’un costume-cravate, reproche à Bérenger son apparence négligée et son air de négligence générale. Faisant fi des remarques de Jean selon lesquelles il «baille tout le temps» et «pue l’alcool», Bérenger impute son apathie à l’ennui incessant de ses journées. Son métier l’ennuie et il se plaint : «Je ne suis pas fait pour le travail que je fais… tous les jours au bureau, huit heures par jour!» Jean rétorque qu’il fait le même travail que Bérenger mais que sa «volonté» supérieure le rend résistant. Le bruit des rhinocéros qui barrissent au loin atteint la place de la ville, arrêtant tout le monde dans son élan. Bérenger seul ne se laisse pas ébranler par le tumulte et, alors que les trompettes s’estompent, il commande un autre verre. Jean tente d’engager la conversation avec son compagnon sur l’importance de l’événement, mais Bérenger ne montre aucun intérêt. Lorsque Jean fait pression obstinément sur Bérenger pour qu’il donne son opinion, Bérenger finit par l’apaiser en souscrivant à la déclaration de Jean selon laquelle les rhinocéros ne devraient pas être autorisés à se déchaîner. Daisy, une dactylographe dans le bureau de Bérenger, arrive sur la place de la ville, et Bérenger devient soudainement inquiet pour son apparence. Jean note que Bérenger n’est pas indifférent à Daisy, au moins, mais Bérenger exprime à nouveau son pessimisme, affirmant qu’il est sous son attention.
Il avoue souvent remettre en question sa propre existence, ce à quoi Jean répond : «Tu n’existes pas […] parce que tu ne penses pas. Commencez à réfléchir, alors vous le ferez». Pour développer l’intellect de Bérenger, Jean lui prescrit une forte dose de culture. Il conseille à Bérenger de dépenser son argent dans le théâtre et les arts plutôt que dans l’alcool. Pendant ce temps, le Logicien et un Vieux Monsieur sont assis à une table voisine, et leurs commentaires sur les «méthodes» de la pensée logique ponctuent la conversation de Bérenger avec Jean. Un rhinocéros soudain court sur la place de la ville, piétinant le chat d’une femme sur son passage. Les habitants réagissent avec indignation. Jean et Bérenger se disputent sur l’importance de distinguer les espèces de rhinocéros, et Jean s’en va. Alors que les habitants s’accordent sur la nécessité de mettre un terme à ces rhinocéros déchaînés, Bérenger se détourne d’eux et retourne à son verre. L’acte II commence dans le bureau de Bérenger. Un débat est en cours lorsque Bérenger arrive en retard au travail. Contrairement à son collègue Dudard et à tous ceux qui ont vu les rhinocéros passer devant la ville, le sceptique Botard affirme qu’une telle bousculade ne pourrait pas avoir lieu en France. Il considère l’incident comme une illusion produite par une «psychose collective». Mme Boeuf se précipite dans le bureau, alléguant qu’un rhinocéros la poursuit et qu’il est maintenant en bas. Après qu’elle explique que son mari ne sera pas au bureau parce qu’il est malade, les employés du bureau entendent le rhinocéros briser l’escalier. En regardant par la fenêtre la bête agitée en contrebas, Mme Boeuf se rend compte qu’il s’agit de son mari, transformé. Les employés du bureau la pressent de réagir raisonnablement à cette évolution, mais elle saute impulsivement par la fenêtre. Alors qu’elle s’accroche à son dos, le rhinocéros galope. Pendant ce temps, Daisy appelle les pompiers pour secourir les ouvriers, qui ne peuvent repartir sans un escalier. Bérenger se rend chez Jean pour se faire pardonner après leur dispute de la veille. Jean, qui est au lit et qui tousse, répond d’une voix rauque qu’il a déjà oublié la dispute. Bérenger remarque une bosse sur le front de Jean ; Jean entre dans la salle de bain et se regarde dans le miroir.
À son retour, sa peau est visiblement verte. Bérenger raconte ensuite à Jean la remarquable transformation de Boeuf. Saluant le retour de Boeuf à la «Nature», Jean déclare préférer «la loi de la jungle» à la morale et ajoute : «Il faut revenir à l’intégrité originelle». Alors que Bérenger s’oppose aux déclarations de Jean, celui-ci devient hostile. Tel un animal confiné, Jean entre et sort de la salle de bain et, à chaque réapparition, ressemble davantage à un rhinocéros. Sa voix rauque se transforme en bruits de trompette et, tel un rhinocéros pleinement formé, il menace Bérenger d’une attaque. Bérenger s’enfuit de l’appartement en criant : «Rhinocéros! Rhinocéros!" et découvre que les rues regorgent de telles bêtes. Dans l’acte final, Bérenger se réveille dans sa chambre après un cauchemar de transformation en rhinocéros. Dudard arrive et ils discutent de la transformation généralisée des humains en rhinocéros. Bérenger admet qu’il se sent coupable que Jean ait été victime de l’épidémie, mais Dudard théorise qu’un défaut de caractère rendait Jean vulnérable et que sa transformation était inévitable. Terrifié à l’idée de succomber lui-même à l’épidémie, Bérenger est encouragé par la suggestion de Dudard selon laquelle les victimes assument elles-mêmes la transformation. Il avance également que l’alcool peut conférer une immunité et se contente de se fortifier. La révélation de Dudard selon laquelle M. Papillon, le chef de bureau, est devenu un rhinocéros choque Bérenger. Parce qu’il considère le manager comme très respectable, Bérenger ne peut pas croire que la transformation de Papillon ait été naturelle ou volontaire. Dudard n’est pas d’accord et ils se disputent sur la normalité de «rejoindre l’entendu». Pour résoudre le débat, Bérenger décide de consulter le Logicien mais voit alors passer un rhinocéros coiffé du chapeau du Logicien. Lorsque Daisy arrive et annonce que Botard s’est transformé, elle et Dudard admettent qu’ils devraient s’habituer à la situation. Bérenger s’y oppose, déclarant qu’il résistera. Alors qu’ils s’assoient pour déjeuner, le mur de la caserne des pompiers s’effondre et un régiment de pompiers devenus rhinocéros avance. Dudard ne peut pas résister à l’attraction du mouvement populaire et part devenir un rhinocéros. Bérenger et Daisy jurent de résister à la transformation, déclarant leur amour mutuel alors même que les bruits de débandade à l’extérieur prennent une qualité musicale.
Séduite par l’appel au conformisme, Daisy abandonne Bérenger pour rejoindre les bêtes. Seul, Bérenger réitère son refus de capituler. Ionesco est considéré comme une figure importante du «Théâtre de l’absurde», même s’il préfère l’expression «Théâtre de la dérision». Mouvement d’après-Seconde Guerre mondiale, le Théâtre de l’Absurde se préoccupe du sens de l’existence humaine. «Rhinocéros» a reçu un Tony Award en 1961.
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