Histoire de la langue japonaise
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La langue japonaise est un système linguistique unique, dont l’histoire riche s’étend sur plusieurs millénaires. Au cours de cette période, elle a connu une évolution significative, se transformant sous l’influence de processus internes et de contacts externes. La classification génétique exacte de la langue japonaise reste un sujet de débat scientifique parmi les linguistes.
Le japonais moderne est le fruit d’une longue évolution historique, marquée par de nombreux changements phonétiques, grammaticaux et lexicaux. L’objectif principal de cette étude est de retracer le cheminement de la langue depuis ses premières formes jusqu’à son état moderne, d’analyser les étapes clés de sa formation et ses principales caractéristiques linguistiques.
2 Langue japonaise ancienne
3 Ancien japonais (période Nara)
4 Japonais classique (période Heian)
5 Japonais médiéval
6 Japonais moderne
7 langue japonaise moderne
8 écriture japonaise
9 Dialectes du japonais
10 La langue japonaise dans le monde
Origine de la langue japonaise
L’origine de la langue japonaise fait encore l’objet de débats scientifiques actifs. Plusieurs hypothèses principales sont avancées parmi les chercheurs concernant son appartenance linguistique. Les théories les plus courantes sont celles d’une origine altaïque et austronésienne.
Les partisans de la théorie altaïque soulignent les similitudes structurelles entre le japonais et les langues turques, mongoles et toungouses-mandchoues. Ces similitudes se manifestent par la structure agglutinante, l’absence de genre grammatical, l’utilisation de postpositions au lieu de prépositions et l’ordre relativement fixe des mots dans la phrase.
L’hypothèse austronésienne repose sur la présence dans la langue japonaise d’une couche lexicale comparable à celle des langues austronésiennes d’Asie du Sud-Est et de l’océan Pacifique. Certains chercheurs suggèrent que le japonais moderne résulte de la superposition du substrat linguistique altaïque sur la base austronésienne.
Il existe également une théorie coréenne selon laquelle le japonais serait apparenté au coréen. En effet, il existe une similitude typologique significative dans la structure grammaticale de ces langues, bien que le vocabulaire de base diffère sensiblement.
langue proto-japonaise
Le proto-japonais est la langue ancestrale reconstituée dont sont issus le japonais moderne et les langues ryukyu. Selon les données historiques et archéologiques, le proto-japonais aurait existé vers le premier millénaire avant J.-C., lorsque les tribus Puyo sont arrivées sur les îles japonaises.
La reconstruction du proto-japonais repose sur une étude comparative des dialectes japonais modernes et des langues ryukyu, ainsi que sur l’analyse des plus anciens écrits. Le japonologue américain Samuel Martin a notamment contribué à ce travail dans son ouvrage « La langue japonaise à travers le temps ».
Le proto-japonais possédait vraisemblablement un système à huit voyelles, contrairement aux cinq voyelles du japonais moderne. Le système consonantique était également plus riche qu’aujourd’hui. La structure syllabique autorisait les syllabes fermées, qui ont ensuite disparu.
Formation précoce de la langue japonaise
Le processus de formation de la langue japonaise primitive est étroitement lié à l’ethnogenèse du peuple japonais. Les données archéologiques indiquent que les îles japonaises étaient habitées par différents groupes de peuples, qui ont apporté avec eux des traditions linguistiques distinctes.
Les premières traces de la langue japonaise se trouvent dans les chroniques historiques chinoises du IIIe siècle de notre ère, où des mots japonais, principalement des noms et des toponymes, étaient écrits phonétiquement en caractères chinois. Par exemple, la chronique « Wei Zhi » contient les premières traces de mots japonais en caractères chinois utilisés exclusivement pour transmettre des sons.
En raison de l’absence d’une langue écrite propre chez les anciens Japonais, il est impossible de reconstituer avec précision la structure phonétique et grammaticale de la langue japonaise primitive. Cependant, des études historiques et linguistiques comparatives permettent de tirer certaines conclusions sur ses caractéristiques.
Langue japonaise ancienne
Le japonais ancien (Jōko Nihongo) est la forme la plus anciennement documentée de la langue japonaise. Chronologiquement, cette période s’étend approximativement du IIIe au VIIIe siècle de notre ère. Les informations les plus fiables sur le japonais ancien proviennent de l’époque de Nara (710-794).
Le système phonétique du japonais ancien était différent de celui du japonais moderne. Il comportait huit voyelles, dont la distinction entre les voyelles [i] et [ɨ], [e] et [ə], [o] et [ɔ], qui ont ensuite fusionné. Le système consonantique était également plus riche et comprenait des phonèmes qui ont ensuite disparu.
La structure grammaticale du japonais ancien était agglutinante, c’est-à-dire que les significations grammaticales étaient exprimées par l’ajout d’affixes à des racines immuables, chacune ayant sa propre signification. Par exemple, la forme verbale « tabesaserareru » (faire manger) était composée de morphèmes distincts exprimant des significations grammaticales spécifiques.
Dans le japonais ancien, il existait un système de conjugaison des verbes et des adjectifs bien développé. Les verbes étaient divisés en quatre conjugaisons selon la nature du radical. Les adjectifs étaient divisés en deux groupes principaux : prédicatifs et adjectivaux. La syntaxe était caractérisée par un ordre strict des mots : sujet-objet-verbe.
Les premiers monuments écrits
Les plus anciens écrits japonais conservés remontent au VIIIe siècle. Les plus importants sont le Kojiki (712), le Nihon Shoki (720) et l’anthologie Manyoshu (vers 759). Ces textes ont été rédigés en caractères chinois adaptés à l’écriture japonaise.
À l’origine, les Japonais utilisaient les caractères chinois de plusieurs manières : pour écrire des mots et expressions chinois, pour écrire des mots japonais de sens similaire, et pour écrire phonétiquement des mots japonais sans tenir compte de la signification sémantique du caractère. Cette dernière méthode, appelée « man’yogana », est devenue la base du développement de l’écriture syllabique japonaise.
L’étude de ces textes anciens présente des difficultés considérables, car le système d’écriture n’était pas standardisé et un même hiéroglyphe pouvait être utilisé de différentes manières. Cependant, c’est grâce à ces monuments écrits que nous avons une idée de la langue japonaise ancienne.
Ancien japonais (période Nara)
Le japonais ancien remonte à l’époque où la capitale du Japon était Nara (710-794). Cette période est extrêmement importante pour l’histoire de la langue japonaise, car c’est à cette époque qu’apparaissent les premiers écrits exhaustifs.
Les caractéristiques linguistiques du japonais ancien comprenaient un système phonétique à huit voyelles, une morphologie riche et une syntaxe spécifique. Le japonais ancien possédait des formes grammaticales qui ont été perdues par la suite, telles que des formes impératives spécifiques et un système plus complexe de conjugaison des verbes et des adjectifs.
Les textes ont été rédigés en Man’yōgana, un système d’écriture où les caractères chinois étaient utilisés phonétiquement pour représenter les syllabes japonaises. Le nom de ce système provient de l’anthologie Manyōshū (万葉集, « Collection de myriades de feuilles »), où cette méthode d’écriture était largement utilisée.
La période du Japon ancien vit apparaître les premières œuvres littéraires importantes en japonais. Outre le Kojiki, le Nihon Shoki et le Manyoshu déjà mentionnés, la compilation des chroniques provinciales Fudoki (720) date de cette époque. Ces textes ont non seulement une valeur littéraire, mais constituent également les sources les plus importantes pour l’étude du japonais ancien.
Le japonais ancien se caractérisait par une influence minimale du chinois sur le vocabulaire. Les emprunts au chinois étaient rares et concernaient principalement les sphères administratives, religieuses et culturelles associées à l’influence chinoise.
Japonais classique (période Heian)
Avec le transfert de la capitale de Nara à Heian (aujourd’hui Kyoto) en 794, une nouvelle étape dans le développement de la langue japonaise s’ouvrit, qui dura jusqu’au XIIe siècle. Durant cette période, d’importants changements se produisirent dans la phonétique, la grammaire et le vocabulaire de la langue.
Le système phonétique fut simplifié : de huit voyelles furent réduites à cinq par fusion de sons similaires. Le système consonantique fut également modifié. En grammaire, les formes verbales furent développées, de nouvelles constructions grammaticales apparurent et le système d’expression de la politesse fut amélioré.
La réalisation la plus importante de cette période fut la création et le développement de l’écriture syllabique japonaise. La simplification des caractères chinois utilisés dans le man’yogana donna naissance à deux alphabets syllabiques : le hiragana et le katakana. Le hiragana, issu de l’écriture cursive, était utilisé par les femmes et pour la fiction. Le katakana, fragments simplifiés de caractères, était utilisé par les hommes, principalement pour les textes scientifiques et religieux.
L’époque Heian fut marquée par l’essor de la littérature japonaise écrite en langue maternelle. Des œuvres célèbres de cette époque furent écrites en hiragana. La langue de ces œuvres devint un modèle du japonais classique.
Durant l’époque Heian, les emprunts chinois à la langue japonaise se multiplièrent. Ils pénétrèrent principalement dans les domaines de la gestion administrative, du bouddhisme, de la philosophie et des sciences. Nombre de ces emprunts ont survécu jusqu’à nos jours dans la langue japonaise.
À la même époque, un système d’écriture mixte (kanbun) a vu le jour, combinant hiéroglyphes et écriture syllabique, qui est devenu la base de l’écriture japonaise moderne. Les hiéroglyphes étaient utilisés pour écrire les mots importants (noms, radicaux verbaux et adjectifs), et les hiragana pour les indicateurs grammaticaux.
Japonais médiéval
La période médiévale de l’histoire de la langue japonaise s’étend sur environ cinq siècles, du XIIe au XVIe siècle. On distingue souvent cette période entre le début (XIIe-XIVe siècles) et la fin (XIVe-XVIe siècles).
La phonologie du japonais médiéval a connu des changements importants. Le système des voyelles longues a subi des transformations : les combinaisons /au/ se sont contractées en [ɔː], et /ou/ et /eu/ en [oː] et [joː], respectivement. Dans le système consonantique, certains sons précédant les voyelles antérieures ont été palatalisés.
Le système grammatical du japonais médiéval se caractérise par un développement et une complication accrus des formules de politesse, reflétant la stricte hiérarchie sociale de la société féodale. Certaines formes grammaticales archaïques ont été simplifiées et de nouvelles constructions sont apparues.
On a observé une augmentation significative du nombre d’emprunts chinois dans le vocabulaire, liée à l’accueil actif de la culture chinoise, notamment parmi les samouraïs et le clergé bouddhiste. De plus, le processus de formation de phrases et d’unités phraséologiques stables a commencé dans la langue japonaise médiévale.
La période médiévale fut une période de transition au Japon, passant d’un État aristocratique à une société féodale de samouraïs. Le centre politique fut transféré au shogunat, ce qui affecta également la situation linguistique. L’alphabétisation se généralisa dans diverses classes sociales, notamment parmi les samouraïs.
Japonais moderne
La période moderne de l’histoire du japonais est généralement associée à l’époque d’Edo (1603-1868), lorsque le Japon était sous la domination du shogunat Tokugawa. À cette époque, le pays était relativement isolé du monde extérieur, ce qui a contribué au développement particulier de la langue.
Un événement important se produisit au XVIe siècle : les premiers Européens, principalement des missionnaires portugais, arrivèrent au Japon. Ils apportèrent avec eux non seulement une nouvelle religion, mais aussi des technologies, des biens et, par conséquent, un nouveau vocabulaire européens. Des emprunts portugais de cette période ont survécu jusqu’à nos jours dans la langue japonaise : « pan » (pain), « tabako » (tabac), « karuta » (cartes), entre autres.
Les missionnaires portugais, désireux de propager le christianisme, créèrent les premiers dictionnaires et grammaires de la langue japonaise. Le dictionnaire « Nippo jisho » (1603), compilé par le missionnaire João Rodrigues, contenait environ 32 000 mots et devint un monument linguistique majeur.
Durant l’époque d’Edo, la culture urbaine se développa activement, Edo (l’actuelle Tokyo) en devenant le centre. Une langue urbaine spécifique se forma, qui influença significativement le développement ultérieur de la langue japonaise. Parallèlement, les différences entre les dialectes régionaux s’accentuèrent en raison de la mobilité limitée de la population dans un contexte de désunion féodale.
Durant cette période, l’étude scientifique de la langue japonaise par les Japonais eux-mêmes commença. Des érudits de l’école de la «science nationale» (kokugaku), comme Motoori Norinaga (1730-1801), étudièrent les textes anciens et reconstituèrent la phonétique historique. Ils s’efforcèrent de restaurer une langue japonaise «pure», exempte d’influences chinoises.
Un aspect important du développement linguistique de cette période fut la formation d’une norme littéraire fondée sur le dialecte d’Edo, qui remplaça progressivement la norme antérieure, basée sur le dialecte de la région du Kansai. Cela s’expliquait par le renforcement de l’importance politique et économique d’Edo en tant que capitale du shogunat.
langue japonaise moderne
L’évolution moderne de la langue japonaise débuta avec la restauration Meiji (1868), qui marqua la transition du système de gouvernement des samouraïs au règne de l’empereur. Cette période fut caractérisée par une modernisation rapide du Japon, notamment par des changements radicaux dans la langue.
La restauration Meiji a conduit à l’abolition du système féodal et à de profondes réformes sociales. La structure des classes a été réorganisée : au lieu de la division précédente en quatre classes (samouraïs, paysans, artisans, marchands), deux classes privilégiées (noblesse titrée et sans titre) et une troisième classe de gens du peuple ont été créées. Ces changements se sont reflétés dans la langue, notamment dans le système d’adresse et les formes de politesse.
L’ère Meiji a vu l’adoption généralisée du vocabulaire occidental lié à la technologie, aux sciences, à la médecine, au droit et à d’autres domaines. Les emprunts ont été adaptés au système phonétique de la langue japonaise et étaient souvent écrits en katakana, un syllabaire traditionnellement utilisé pour les mots étrangers.
La langue écrite fut standardisée et simplifiée. Le japonais littéraire, jusque-là très différent de la langue parlée, commença à se rapprocher de la langue parlée. Ce processus est connu sous le nom de « genbunichi » – l’unité de la langue écrite et de la langue parlée.
Réformes de la littérature du XXe siècle
Au XXe siècle, d’importantes réformes ont été apportées à l’écriture japonaise, visant à la simplifier et à la normaliser. En 1946, le gouvernement a publié une liste de « toyo-kanji », comprenant 1 850 hiéroglyphes recommandés pour un usage général. Il a été proposé de remplacer les hiéroglyphes non inclus dans cette liste par d’autres mots ou de les écrire en alphabet syllabique.
En 1981, une nouvelle liste de « joyo-kanji » a été adoptée, contenant 1 945 hiéroglyphes. En 2010, cette liste a été étendue à 2 136 hiéroglyphes. Contrairement aux réglementations strictes précédentes, cette nouvelle liste avait un caractère consultatif.
Les formes des hiéroglyphes furent également standardisées et certains signes particulièrement complexes furent simplifiés. L’orthographe fut modifiée : certains mots commencèrent à s’écrire différemment, conformément à la prononciation moderne.
Ces réformes ont considérablement augmenté le taux d’alphabétisation de la population et rendu l’écriture japonaise plus accessible à l’étude. Il est important de noter que malgré les propositions répétées d’abandonner complètement le système hiéroglyphique, celui-ci est resté un élément clé de l’écriture japonaise, bien que sous une forme simplifiée.
Norme du langage moderne
Le japonais standard moderne, appelé « Kyotsugo » ou « Hyojungo », est basé sur le dialecte de Tokyo. Il est la langue nationale dans l’éducation, l’administration, les médias et la littérature.
Le système phonétique du japonais moderne comprend cinq voyelles et une quinzaine de phonèmes consonantiques. La langue japonaise se caractérise par la présence de l’accent musical, qui joue un rôle sémantique distinctif.
La grammaire du japonais moderne conserve un caractère agglutinant. Parmi ses caractéristiques importantes figurent l’ordre strict des mots (SOV), la présence d’un système développé de postpositions, l’absence de genre et de nombre grammaticaux dans les noms, et un système complexe d’expression de la politesse.
Le vocabulaire japonais moderne se compose de plusieurs couches : des mots japonais natifs (wago), des emprunts chinois (kango) et des emprunts aux langues occidentales (gairaigo). Selon les calculs de l’Institut national de recherche sur la langue japonaise, les kango représentent environ 60 % du vocabulaire japonais.
Emprunts lexicaux aux langues occidentales
En japonais moderne, une part importante du vocabulaire est constituée d’emprunts aux langues occidentales, principalement à l’anglais. Dans certains domaines, comme les sciences, la technologie et la culture populaire, la proportion de ces emprunts peut atteindre 30 à 70 %.
Les mots empruntés sont généralement adaptés au système phonétique japonais et écrits en katakana. Les raisons de cet emprunt sont variées : absence de concept correspondant en japonais, volonté d’internationaliser la terminologie, ou perception d’un mot étranger comme plus prestigieux et moderne.
Il est intéressant de noter que le sens des mots empruntés varie parfois en japonais. Par exemple, le mot « arubaito » (de l’allemand Arbeit, « travail ») signifie « travail à temps partiel ».
écriture japonaise
L’écriture japonaise est un système unique qui combine l’écriture idéographique et l’écriture syllabique. L’écriture japonaise moderne utilise trois principaux types de caractères : les kanji (caractères chinois), les hiragana et les katakana (deux alphabets syllabiques).
Histoire du développement de l’écriture
Avant de se familiariser avec l’écriture chinoise, les Japonais ne possédaient pas leur propre système d’écriture. Les premières tentatives d’utilisation des caractères chinois pour écrire le japonais remontent au Ve siècle après J.-C.
À l’origine, les Japonais utilisaient les caractères chinois de plusieurs manières. La première consistait à écrire des textes en chinois en utilisant la grammaire chinoise. La deuxième consistait à utiliser les caractères pour écrire les mots japonais en fonction de leur signification, tout en conservant la syntaxe japonaise. La troisième consistait à utiliser les caractères uniquement pour transmettre la sonorité phonétique des mots japonais, sans tenir compte de leur signification (man’yogana).
Au IXe siècle, deux alphabets syllabiques furent formés à partir du man’yogana : le hiragana et le katakana. Le hiragana, issu de l’écriture cursive des hiéroglyphes, était initialement utilisé principalement par les femmes. Le katakana, qui est une simplification des fragments de hiéroglyphes, était à l’origine utilisé par les moines bouddhistes pour commenter les textes chinois.
Au XIIe siècle, un système d’écriture mixte s’est développé, combinant hiéroglyphes et écriture syllabique. Ce principe est préservé dans l’écriture japonaise moderne. Les kanji servent à écrire les racines des noms, des verbes et des adjectifs, et les hiragana servent aux indicateurs grammaticaux.
Kanji
Les kanjis sont des caractères chinois adoptés par les Japonais. En japonais, chaque caractère peut avoir plusieurs lectures, divisées en deux grandes catégories : on’yomi (lectures sino-japonaises) et kun’yomi (lectures japonaises natives).
Les on’yomi sont des lectures dérivées de la prononciation chinoise des caractères. Elles sont couramment utilisées dans les mots d’origine chinoise et dans les mots composés de plusieurs caractères.
Les kun’yomi sont des interprétations japonaises natives qui correspondent à des mots japonais qui existaient avant l’adoption des caractères. Ils sont plus souvent utilisés lorsqu’un caractère est utilisé seul ou combiné avec des hiragana.
En japonais moderne, une liste de 2 136 caractères (joyo kanji) est recommandée pour un usage courant. Cependant, de nombreux autres caractères peuvent être utilisés dans les textes spécialisés et les noms propres.
Hiragana et katakana
L’hiragana est un alphabet syllabaire composé de 46 caractères de base. Chaque caractère représente une syllabe, généralement composée d’une consonne et d’une voyelle, ou d’une seule voyelle. L’hiragana est utilisé pour écrire les indicateurs grammaticaux, les mots fonctionnels et les mots pour lesquels il n’existe pas d’écriture hiéroglyphique généralement acceptée ou qui seraient trop complexes pour être écrits en hiéroglyphes.
Le katakana est également un syllabaire de 46 caractères de base ayant la même valeur phonétique que les hiragana correspondants. Il est principalement utilisé pour écrire des mots empruntés, des noms et des titres étrangers, et pour mettre en valeur des caractères (à l’instar de l’italique ou du gras dans les langues européennes).
Les deux syllabaires résultent de la simplification des caractères chinois. Les hiragana proviennent de la forme cursive des caractères, et les katakana de leurs fragments. Dans le japonais moderne, ces alphabets sont utilisés parallèlement aux kanji, formant ainsi un système d’écriture mixte, faisant de l’écriture japonaise l’une des plus complexes au monde.
Réformes de l’écriture
Tout au long du XXe siècle, l’écriture japonaise a connu plusieurs réformes visant à la simplifier et à la normaliser. Ces réformes sont devenues particulièrement actives après la Seconde Guerre mondiale.
Les réformes comprenaient la création de listes de kanji à usage général (toyo kanji et plus tard joyo kanji), la standardisation des formes de kanji, la simplification des règles d’orthographe et un passage à l’écriture horizontale (de gauche à droite) en plus de l’écriture verticale traditionnelle (de haut en bas).
Malgré les propositions d’abandonner complètement les hiéroglyphes et de passer exclusivement à l’écriture phonétique, les hiéroglyphes demeurent un élément important de l’écriture japonaise. Leur utilisation permet de distinguer les nombreux homophones (mots de même prononciation mais de sens différents) dont la langue japonaise est riche.
En 1866, juste avant la fin de l’époque d’Edo, l’homme d’État Maejima Hisoka proposa au shogun Tokugawa Yoshinobu d’abandonner l’usage des kanji au Japon. Maejima déplora le temps que les étudiants passaient à mémoriser les caractères chinois, estimant que ce temps pourrait être utilisé pour acquérir d’autres connaissances. Cependant, cette idée ne fut pas mise en pratique.
Système d’écriture moderne
L’écriture japonaise moderne est un système mixte où les kanji, les hiragana et les katakana sont utilisés simultanément. Les kanji servent à écrire les racines des noms, des verbes, des adjectifs et de certains adverbes. Les hiragana servent à écrire les marqueurs grammaticaux, les mots de fonction et certains mots japonais natifs. Les katakana sont utilisés pour les mots et les noms étrangers.
Traditionnellement, les textes japonais s’écrivent verticalement, de haut en bas, les colonnes étant disposées de droite à gauche. Cependant, au Japon moderne, l’écriture horizontale, de gauche à droite, est également largement utilisée, ce qui est particulièrement courant pour les textes scientifiques contenant des formules mathématiques ou des caractères latins.
L’écriture japonaise n’utilise pas d’espaces entre les mots. La division du texte en unités sémantiques est obtenue par l’alternance de différents types d’écriture (kanji, hiragana, katakana) et l’utilisation de signes de ponctuation. Ce principe est préservé dans l’écriture japonaise moderne, ce qui en fait l’une des plus difficiles à apprendre pour les étrangers.
Dialectes du japonais
La langue japonaise se caractérise par une importante diversité dialectale, due à l’isolement géographique de chaque région et à des facteurs historiques. Les dialectes japonais diffèrent phonétiquement, grammaticalement et lexicalement, et les différences entre certains dialectes sont si importantes qu’elles rendent difficile la compréhension mutuelle entre leurs locuteurs.
Traditionnellement, les dialectes japonais se divisent en deux grands groupes : oriental et occidental, dont la frontière longe la chaîne de montagnes qui traverse l’île de Honshu. Les dialectes orientaux comprennent les dialectes des régions du Kanto (dont Tokyo), du Tohoku et du Hokuriku. Les dialectes occidentaux comprennent les dialectes du Kansai (Kyoto, Osaka), du Chugoku et du Shikoku.
Un groupe distinct est constitué des dialectes de l’île de Kyushu, qui diffèrent sensiblement des dialectes orientaux et occidentaux. Les langues (ou dialectes) ryukyu des îles Ryukyu occupent une place particulière, que certains linguistes considèrent non pas comme des dialectes du japonais, mais comme des langues apparentées distinctes.
Statut du dialecte de Tokyo
Le japonais standard moderne (Hyojungo) est basé sur le dialecte tokyoïte de la région du Kanto. Historiquement, la langue standard était basée sur le dialecte de la région du Kansai (Kyoto et Osaka), mais à partir du XVIIe siècle, lorsque le centre politique et économique du pays s’est déplacé à Edo (l’actuelle Tokyo), le dialecte tokyoïte a commencé à prendre de plus en plus d’importance.
Après la restauration Meiji en 1868, et surtout avec le développement de l’éducation publique et des médias de masse au XXe siècle, le dialecte de Tokyo s’est finalement imposé comme la base de la norme nationale.
Le dialecte moderne de Tokyo diffère de la langue standard, car cette dernière est une forme normalisée utilisée dans les contextes éducatifs et officiels. Le langage courant des Tokyoïtes comporte de nombreuses caractéristiques qui ne sont pas incluses dans la norme standard. Les différences entre la langue standard et les dialectes régionaux persistent aujourd’hui, malgré l’influence des médias et du système éducatif.
Langues Ryukyu
Parmi les dialectes de la langue japonaise, les dialectes ryukyu, courants sur les îles Ryukyu, dont Okinawa, occupent une place particulière. De nombreux linguistes les considèrent non pas comme des dialectes du japonais, mais comme des langues indépendantes, regroupées avec le japonais dans la famille des langues nippo-ryukyu.
Les langues Ryukyu se sont historiquement développées dans un relatif isolement du Japon continental. Elles ont conservé de nombreuses caractéristiques archaïques perdues dans la langue japonaise proprement dite, ce qui en fait un matériau précieux pour la linguistique historique et la reconstruction du proto-japonais.
Les langues Ryūkyū se divisent en un groupe septentrional (Amami-Okinawa) et un groupe méridional (Miyako-Yaeyama). Les différences entre ces groupes, ainsi qu’entre les langues individuelles au sein de ces groupes, sont si importantes que la compréhension mutuelle entre leurs locuteurs est difficile, voire impossible.
Actuellement, les langues ryukyu sont menacées par la diffusion du japonais standard via le système éducatif et les médias. Cependant, des efforts sont déployés pour les préserver et les faire revivre en tant qu’élément important du patrimoine culturel.
Préservation des dialectes dans le Japon moderne
Malgré la diffusion de la langue standard, les dialectes régionaux continuent de jouer un rôle important dans la situation linguistique du Japon moderne. De nombreux Japonais parlent à la fois la langue standard (pour les communications officielles, l’éducation et les contacts avec les habitants d’autres régions) et un dialecte local (pour la communication quotidienne au sein de leur région).
Ces dernières décennies, l’intérêt pour les dialectes en tant que patrimoine culturel s’est accru. Des recherches sont menées sur les dialectes, des dictionnaires et du matériel pédagogique sont créés. Dans certaines régions, les autorités locales et les organismes publics s’efforcent de préserver et de populariser les dialectes, notamment auprès des jeunes.
Les dialectes régionaux sont souvent utilisés dans la culture populaire japonaise – littérature, cinéma, télévision – pour caractériser les personnages et créer une couleur locale. Les caractéristiques dialectales du discours peuvent indiquer l’origine, le statut social ou la personnalité d’un personnage. La diversité dialectale demeure donc une composante importante de l’identité linguistique et culturelle japonaise.
La langue japonaise dans le monde
Le japonais est l’une des langues les plus parlées au monde. En termes de nombre de locuteurs (environ 125 millions de personnes dont c’est la langue maternelle), il se classe au neuvième rang mondial. Le nombre total de locuteurs japonais est estimé à 140 millions.
La grande majorité des locuteurs japonais vivent au Japon, où le japonais est de facto la langue officielle, bien que son statut ne soit pas reconnu légalement. On trouve également d’importants groupes de locuteurs japonais aux États-Unis (notamment à Hawaï et en Californie), au Brésil, au Pérou et dans d’autres pays comptant des diasporas japonaises.
Hors du Japon, le japonais est enseigné dans de nombreuses universités et écoles de langues. L’intérêt pour cette discipline est lié à la fois à la situation économique du pays et à la popularité de sa culture – anime, manga, cuisine japonaise, arts martiaux, etc.
Apprendre le japonais comme langue étrangère
Au cours des dernières décennies, l’intérêt pour l’apprentissage du japonais en dehors du Japon a augmenté, porté par le succès économique du Japon, la mondialisation de la culture japonaise (manga, anime, jeux vidéo) et le développement du tourisme.
Selon la Japan Foundation, le nombre d’apprenants du japonais hors du Japon dépasse les 3,5 millions. Les plus importants groupes d’apprenants du japonais se trouvent en Chine, en Indonésie, en Corée du Sud, en Australie et aux États-Unis.
Pour soutenir l’étude de la langue japonaise à l’étranger, la Fondation du Japon administre le test de compétence en japonais (JLPT), organise des cours de formation des enseignants, développe du matériel pédagogique et finance la recherche en linguistique et en méthodes d’enseignement japonaises.
L’apprentissage du japonais présente certaines difficultés pour les locuteurs de langues européennes en raison de ses caractéristiques typologiques, de son système d’écriture complexe et de certains aspects de la communication conditionnés par la culture, tels que la politesse et le style d’expression indirect. Cependant, l’intérêt pour le japonais continue de croître dans le monde entier.
Influence sur d’autres langues et cultures
Le japonais a eu une influence significative sur plusieurs autres langues, notamment sur le plan lexical. Des mots japonais ont été empruntés par d’autres langues principalement dans trois domaines : la culture japonaise traditionnelle, la cuisine et la culture populaire moderne.
La première catégorie comprend des mots tels que « geisha », « samouraï », « kimono », « ikebana », « origami », qui évoquent des réalités culturelles japonaises spécifiques et n’ont pas d’équivalent exact dans d’autres langues. La deuxième catégorie comprend les noms de plats et de produits japonais : « sushi », « sashimi », « tempura », « saké », « tofu ». La troisième catégorie comprend des termes issus des animes, des mangas, des jeux vidéo et d’autres formes de la culture japonaise moderne.
L’influence du japonais est particulièrement perceptible en coréen et en chinois, deux langues qui entretiennent des liens historiques étroits avec le Japon et utilisent un système d’écriture similaire basé sur les caractères chinois. Au XXe siècle, de nombreux termes scientifiques et techniques créés au Japon à partir de caractères chinois ont été réempruntés au chinois et au coréen.
Dans les langues européennes, y compris le russe, les emprunts japonais sont moins nombreux, mais également présents, notamment dans des domaines spécialisés liés à la culture, à la technologie ou aux pratiques commerciales japonaises.
L’influence culturelle japonaise est en plein essor depuis la fin du XXe siècle, un phénomène connu sous le nom de « soft power » du Japon. Les animes, les mangas, les jeux vidéo, la mode japonaise, la cuisine et d’autres aspects de la culture japonaise sont devenus populaires dans de nombreux pays du monde, contribuant à l’intérêt croissant pour la langue japonaise et à l’augmentation des emprunts japonais dans d’autres langues.
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