Backwoods 1872 209h161 Ivan Ivanovich Shishkin (1832-1898)

Description de la peinture d’Ivan Shishkin "La forêt sauvage".

Réalisée en 1872, cette toile confirme une fois de plus l’amour de l’artiste pour la nature et notamment la forêt. Il l’a représenté à midi, par temps clair, où la lumière joue dans les feuilles. Mais il existe une autre version de la forêt : pleine d’obscurité et d’inexploration.

Une telle vision a le pouvoir d’éveiller chez le spectateur la crainte, voire la peur, de l’inconnu. Ce sont ces sentiments que Shishkin évoque dans son tableau La forêt sauvage. C’est la sensualité du tableau qui a valu au maître le titre de professeur, immédiatement après l’avoir terminé.

Un seul regard sur le fourré de la forêt et on ne souhaiterait pas se retrouver dans un tel endroit, qui plus est, seul. Mais le spectateur ne voit pas immédiatement une forêt à part entière dans le paysage représenté. L’artiste a voulu que le tableau soit regardé par le spectateur pendant longtemps. Il doit ressentir ce qu’il voit, s’y habituer, y regarder de plus près.

Le tableau est plein de petits détails qui peuvent échapper à un regard fugitif. Il y a un renard et un canard qui s’échappent des griffes du rusé prédateur. Pour ce niveau de détail, l’artiste s’est fait gronder à plusieurs reprises par ses collègues peintres qui ont qualifié le tableau de tableau coloré et les détails ont été insérés au coup par coup dans l’image générale. Mais le niveau de détail n’a jamais compromis l’intégrité de l’image.

La forêt représentée ne suscite pas de bouffées d’inspiration ou de réflexions lyriques, mais elle apparaît néanmoins au spectateur d’une manière frappante, riche en couleurs et variée dans ses détails. Ces détails invitent à regarder longuement et attentivement les trésors que la forêt cache dans l’ombre de ses branches. Le spectateur, absorbé par les mystères, se dissout alors imperceptiblement, et seule la nature reste autour.

C’est ainsi que Shishkin a créé ce paysage comme une incarnation de ses impulsions intérieures, comme le reflet de sa propre vision de l’élément infiniment beau de la nature - la dense forêt nordique, encore intacte pour l’instant.